The Red Sleeve : la vraie histoire d'amour du roi Jeongjo


1. Deok-im  entre à la Cour à l’âge de neuf ans 

L’année 1762 marqua un tournant crucial pour le roi Jeongjo.  D’abord, son père, le prince héritier Sado, décéda enfermé dans un coffre de riz sur l’ordre de son grand-père, le roi Yeongjo. Or, Jeonjo, appelé Yi San à l’époque, était un enfant de dix ans. 

Sur le plan matrimonial, Yi San se maria au début de cette année avec une fille de la famille Kim, âgée de neuf ans. Elle deviendra la reine Hyoeui. 

Enfin, Seong Deok-im, également âgée de neuf ans, entra à la Cour comme servante apprentie de sa mère, la dame Hong, l’auteur de « Mémoires d’une reine de Corée (한중록) ».

Seong Deok-im était l’une des filles du portier de la famille Hong. Intelligente, rayonnante et décente, elle se fit bientôt apprécier par toutes les dames de la Cour, notamment la dame Hong, sa patronne. Elle la traita avec amour comme ses deux filles, les princesses Choengyeon et Cheongseon, alors âgées de huit ans et de six ans comme mes oursons. 

L’exécution  violente de Sado dut traumatiser tous ces enfants. Et cette tragédie aurait dû renforcer l’amitié et la complicité entre ces cinq petits.

2. Deok-im refuse les faveurs de Jeongjo à l’âge de 13 ans


Or, à mesure que Yi San, désormais nommé comme prince héritier, grandissait, il fut plutôt attiré par Deok-im que par son épouse. A 14 ans, il fit des avances à Deok-im qui avait 13 ans à l’époque. 

« Je ne peux pas recevoir vos faveurs, Votre Altesse, alors que Madame la dauphine n’est pas encore enceinte. Je me tuerai, plutôt », lui répondit-elle en sanglotant. Comme il était sincèrement amoureux de la jeune fille, le prince n’insista pas. 

Il n’empêche que l’adolescent semblait avoir été profondément blessé par ce refus. D’après les mémoires de sa mère, à l’âge de 17 ans,  il se fut livrer un moment à la débauche. Avec l’un de ses beau-frère, il fréquenta des gisaengs en cachette. Mais une fois passée cette période turbulente de puberté, il ne s’intéressa plus à aucune autre femme que Deok-im. 

De son côté, Seong Deok-im continua à mener une vie tranquille en tant que servante favorite de la dame Hong et amie intime des princesses et de la dauphine. Elle poursuivit des échanges étroits avec les princesses même après qu’elles quittèrent le palais suite à leur mariage. La preuve, c’est que Deok-im copia en hangeul le roman,  « L’histoire des familles Gwak et Jang », avec ces dernières à l’âge de 21 ans. C’était un véritable roman fleuve constitué de 10 volumes ! A ce méga-projet participèrent également les copines proches de Deok-im, Yeong-hee, Gyeong-hee, Bok-yeon. Oui, le trio qu’on voit dans la série ! 

En parallèle, elle apprit différents arts ainsi que des tâches ménagères. Jeongjo écrivit dans l’épitaphe qu’il dédia à son bien-aimée qu’elle disposait de multiples talents que ce soir pour la cuisine, le tissage et différents arts, notamment la calligraphie. Toujours selon lui, elle était même douée pour les mathématiques ! 

3. Le roi prend deux concubines contre son gré pour assurer la descendance 

En 1776, Yi San succéda au roi Yeongjo et devint le roi Jeongjo à l’âge de 23 ans. 

Même devenu le maître absolu du royaume, Jeongjo ne retenta pas tout de suite sa chance auprès de sa belle. Il attendra encore quatre ans pour renouveler sa demande. 



Entre-temps, comme la reine n’avait toujours pas donné d’enfant, la reine douairière Jeongsun, l’épouse du roi Yeongjo, ordonna d’organiser un concours pour choisir une concubine pour le roi en 1778. Le bras droit de l’époque de Jeongjo, Hong Guk-yeong, usa de son influence pour que sa petite sœur soit élue. 

Elle reçut le titre « Wonbin ». Mais elle était trop jeune, 12 ans, et n’arriva pas à s’adapter à la vie de la Cour d’autant plus que la reine la détesta à cause de son grand-frèreambitieux qui se montrait de plus en plus arrogant. Elle mourut un an après son entrée à la Cour suite à une maladie incurable. Peu de temps après, Hong fut destitué. 

En 1780, fut élue la deuxième concubine, également suite à un concours. Une fille de 15 ans de la famille Yoon fut sélectionnée et devint « Hwabin ». Or, c’était une fille très jalouse. L’adolescente téméraire osa manifester ce sentiment même à l’égard de la reine. Alors, pour Deok-im, qui n’était qu’une simple officielle de la Cour, c’était encore pire. Une telle attitude finit par dégoûter Jeongjo à son égard, car il gardait un grand estime pour son épouse faute de l’aimer et et ce malgré qu’il était éperdument amoureux de Deok-im.

4. Le roi réussit à avoir un fils et une fille avec Deok-im


Dans ce chaos de concubines infligées contre son gré, Jeongjo aurait pensé qu’il valait  mieux d’essayer d’avoir des enfants avec l’unique amour de sa vie. Ainsi, 15 ans après sa première tentative,  il réitéra sa demande à Deok-im, 

Pas de chance. Encore recalé ! Là, il n’en put plus, car assurer la descendance était devenu un problème urgent à résoudre. Il punit l’un des esclaves de Deok-im, on ne sait trop pour quel prétexte, mais sans doute pour lui mettre la pression. Et enfin, cette dernière céda. 

Et dans le mois qui suivit leur première nuit, elle tomba enceinte. Neuf mois après elle accoucha d’un garçon tant attendu en septembre 1782. La dame Hong, qui la considérait comme sa propre fille, mobilisa les servantes de sa famille pour l’assister. 

D’après les annales de Joseon, le roi ne cacha pas sa joie : « Je suis heureux de pouvoir être enfin qualifié de père ! ». 

Grâce à cet exploit, Deok-im reçut le titre de « Euibin ». Le « bin » était le grade le plus élevé des huit grades des concubines du roi, l’équivalent du Premier ministre pour les officiels civils. 


Le prince fut vite désigné comme dauphin après avoir été adopté comme fils de la reine selon les règles de la Cour. Loin d’être jalouse, cette dernière se réjouit sincèrement de cette belle fortune de son amie d’enfance. 

Au lieu de s’enorgueillir de cette gloire, Deok-im, désormais devenue Euibin, surveilla encore plus strictement ses gestes et ses paroles. Elle redoubla de dévouement pour la reine et demeura extrêmement humble et sobre. Elle avait cinq frères qui vivaient dans une grande pauvreté mais elle ne demanda jamais de faveur pour leur distribuer des postes importants dans la Cour ou leur offrir des aides financières. Cette intégrité ne fit qu’accroître l’amour du roi pour elle. 

Tout en restant sévère avec elle-même, elle offrait volontiers des cadeaux qu’elle recevait de son royal amant à des servantes de la Cour qui se trouvaient dans une situation difficile. 

Deux ans après la naissance du prince héritier, elle mit au monde une fille. Jeongjo s’en réjouit grandement : « Que je suis heureux d’avoir une fille après avoir un garçon ! »

5. Le plaisir d’amour ne dure qu’un moment…

Mais leur bonheur fut trop court. Deux mois après sa naissance, la princesse mourut suite à une violente fièvre. Et deux ans plus tard, son grand frère, le prince héritier Munhyo, lui emboîta le pas à l’âge de trois ans, en 1784. 

Euibin (Deok-im) était alors enceinte. Dans un premier temps, elle ne trahit pas son chagrin. Mais elle finit par développer une maladie incurable et le dernier mois de sa grossesse, elle s’affaiblit considérablement. 

Mortellement inquiet, le souverain alla voir tous les matins sa bien-aimée. Là, malgré sa maladie, elle faisait correctement sa toilette et essayait de se montrer joyeuse. 

Or, un soir, elle se fondit en larmes et fit promettre au roi de fréquenter la reine pour que cette dernière puisse lui donner des descendants. Tout ému, Jeongjo acquiesça.  

Le lendemain matin, elle rendit son dernier souffle avec le bébé dans son ventre. Elle n’avait que 33 ans… 


Le roi, inconsolable, écrivit lui-même une très longue épitaphe pour son amour et fit enterrer le corps de Deok-im tout près du tombeau de leur fils… Il ne prendra plus jamais de maîtresse par son choix. 

Il fut néanmoins obligé de prendre une fille de la famille Park comme nouvelle concubine, sélectionnée par le concours. Elle devint Subin et lui donna une fille et un fils. Ce dernier succédera à son père et deviendra le roi Sunjo. 

Pourtant, il n’oublia jamais l’unique amour de sa vie. Il lui dédia de nombreux textes commémoratifs... « Tu dois être toi aussi triste de savoir que je ne pourrai jamais me remettre du chagrin qu’a causé ta perte...», écrivit-il dans un de ces documents… 




Commentaires

  1. Le livre partager c’est son histoire ?

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  2. Quelle triste vie que d'être roi à cette époque.L'amour, l'amitié passent bien souvent au second plan.

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  3. Merci pour ce bel article

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  4. J’ai été très émue par le Drama comme je le suis par ton article un grand merci ☺️

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