Mercredi matin, mon grand ourson était furieux ! Parce que son petit frère allait décorer des œufs durs de Pâques à son école maternelle, gérée par une église protestante.
Depuis mars (la rentrée scolaire en Corée est le 2 mars), il va dans une école primaire publique, donc, laïque. Ce qui le prive de cette activité qu’il affectionnait tans à l’école maternelle. Il était jaloux ! Heureusement, le petit eut la gentillesse de lui donner un œuf sur les deux qu’il avait décorés de différents autocollants à l’école. La paix fut ainsi signée entre eux.
Pâques n’est pas jour férié en Corée du Sud contrairement à Noël. Mais cette fête chrétienne ne passe pas tout à fait inaperçue car environ un tiers de la population est protestante et un dixième, catholique.
Et ils sont pratiquants ! De nombreux Coréens se souviennent ainsi d’avoir décoré des œufs de Pâques à leur école maternelle ou à l’ « école dominicale (주일학교)». En effet, de nombreuses églises gèrent des garderies d’enfants ou des écoles maternelles et dispensent des cultes à part aux petits, ce qui permet aux grands de se concentrer mieux pendant le culte ou la messe dans une grande salle, parfois ornée d’une orgue solennelle.
J’ai fait l’école maternelle protestante et étais assidue à cette « école dominicale » comme mes parents sont protestants. Par conséquent, les anniversaires de la naissance et de la résurrection du Seigneur étaient des événements très attendus comme ces églises protestantes et catholiques ne tarissaient pas de programmes ludiques pour les petits agneaux.
A l’occasion de Pâques, on organise, entre autres, des concours d’œufs durs décorés ! Et on distribue aussi deux ou trois œufs durs très joliment emballés dans des papiers à cadeaux. Comme à l’occasion d’autres fêtes chrétiennes, on offre également des tteoks, notamment baekseolgi (regardez l’image jointe) à la sortie des églises.
Parce qu’ici, on a pour tradition de partager des tteoks avec ses voisins lors des occasions heureuses, comme la naissance d’un enfant, le mariage, etc.
Pendant le culte ou la messe, les chœurs des églises chantent pour la plupart des cas « Alléluia » de ce fameux oratorio du Messie de Haendel. Les fidèles subjugués par la majesté du chant murmurent « amen » à la fin de leur performance au lieu d’applaudir.
Enfin, les églises organisent aussi des concerts ou des visites pour des voisins défavorisés. Il faut noter qu’elles sont très présentes, depuis leur implantation dans le pays, sur les plans éducatifs et caritatifs, ce qui les a aidé à conquérir le cœur des Coréens.
Enfin, des chaînes de télévisions relaient, en première, des informations liés à Pâques, en début de leurs infos du soir, s’il n’y a pas d’autres actualités plus urgentes. Ils nous montrent des scènes de culte protestant ou de messe catholique en relayant aussi, avec analyse, le message du Souverain pontife.
* L’histoire du catholicisme en Corée
La grande particularité du catholicisme coréen, c’est qu’il ne fut pas transmis par le bais d’un missionnaire, mais par des Coréens eux-mêmes.
En effet, le catholicisme fut transmis en Corée dès le début du 17e siècle, via la Chine (dynastie Qing), non pas comme une religion mais comme une discipline venue de l’Occident.
Au 18e siècle, un interprète du roi, qui fréquentait la Chine pour son métier, organisa chez lui des séances d’études sur la Bible et d’autres livres théologiques. C’est sur l’emplacement de sa maison que fut construite l’actuelle cathédrale de Myeongdong.
Certains d’entre eux finirent par adopter le catholicisme comme nouvelle foi. En 1784, un aristocrate qui s’appelait Lee Seung-hun (Pierre), se rendit à Pékin pour se faire baptiser par un jésuite français, Père Jean Joseph de Grammont.
Les premiers catholiques firent vite objet de persécutions, car ils remettaient en question les rites des ancêtres prônés par le confucianisme. Le christianisme fut également pointé du doigt comme un facteur déstabilisant de la société.
Mais à la fin du 19e siècle, le catholicisme fut enfin approuvé. Sous les régimes autoritaires dans les années 1970 et 1980, l’Eglise coréenne, sous l’égide du cardinal Stephen Kim Sou-hwan (1922-2009), soutint activement les militants démocratiques.
Aujourd’hui, l’église coréenne compte quelques 5 millions de fidèles, soit environ 10 % de la population sud-coréenne.
C’est passionnant de vous lire ! Encore merci
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