Le film "L'amiral" qui décrit cette bataille |
Victoire arrachée avec 13 bateaux contre 133 navires de combat de l’ennemie !
* 333, si on y ajoute des navires de transport
Yi Sun-sin (1545-1598), l’amiral légendaire qui n’avait jamais perdu une seule bataille navale depuis l’éclatement de la guerre d’invasion du Japon contre la Corée (1592), réussira, cette fois-ci, un miracle, alors que personne, même parmi ses plus proches lieutenants, n’y avait pas cru.
Mais pourquoi ne lui restait-il que treize bateaux ?
C’est qu’à la fin de la période d’accalmie (1593-1597), en février 1597, il fut calomnié, arrêté, torturé et limogé. Lorsque le Japon reprit les assauts, la marine coréenne essuya une cuisante défaite, le 27 août 1597, sur la côte sud-est de la péninsule.
Yi Sun-sin fut restitué d’urgence en sa qualité du commandant de la flotte coréenne désormais décomposée que le roi Seonjo (1552-1608) voulut ensuite dissiper pour intégrer les marins survivants à l’armée de terre.
A cet ordre royal, l’amiral s’opposa énergiquement : « Il me reste encore, votre Majesté, douze bateaux… Tant que votre humble serviteur sera en vie, les Japonais ne pourront jamais dédaigner notre marine ».
Il récupérera, ensuite, un bateau de plus, réunira des marins dispersés, collectera des fonds nécessaires et fera espionner le mouvement de la force japonaise.
De son côté, cette dernière, désirant rejoindre avant l’arrivée de l’hiver sa force terrestre qui se dirigeait en ce moment vers Séoul, décida de gagner du temps en passant par le détroit Myeongryang ou Courant rugissant : là, le courant de marée, changeant quatre fois par jour la direction, était si fort.
Ce détroit est situé au sud-ouest de la péninsule. La marine nipponne projetait de prendre en tenaille la capitale en débarquant sur la cote ouest près de Séoul. Elle crut fermement pouvoir écraser la misérable flotte de l’amiral jadis tant redouté.
En face, Yi jugea ce détroit idéal pour compenser la vulnérabilité numérique absolue de sa flotte, un peu comme le firent ces Grecs face à l’invasion des Perses lors de la bataille des Thermopyles.
Le 26 octobre 1597, tôt le matin, la flotte nippone s’approcha de Courant rugissant. Le commandant Yi, seul en première ligne de sa flotte, debout sur son bateau de commandement, bombardait des navires nippon qui sortait de la passe, alors que les bâtiments de ses lieutenants apeurés restaient à l’arrière.
En terme de puissance de feu, la marine coréenne était nettement supérieure, tous ses navires étant équipés des canons, alors que la tactique des japonais ressemblait plutôt à celle de la marine espagnole de l’époque : monter à bord des navires de l’adversaire pour y livrer des batailles corps-à-corps.
Entre temps, Yi fit pêcher le commandant nippon Kurushima Michifusa tombé à l’eau suite à l’écoulement de son bateau, le trancha « en morceaux » avant de hisser sa tête en haut du mât. Les officiers et les soldats coréens reprirent le courage.
Et vers midi, le courant de marée changea direction, en repoussant la flotte adversaire dans un sens inverse. Les navires nippons, trop nombreux, s’entrechoquèrent entre eux alors que les navires coréens ne cessèrent de harceler cette flotte en déroute.
Bilan : côté ennemi, 31 navires coulés et environ 18 000 morts / côté coréen, 0 bateau chaviré et une dizaine de morts. Victoire absolue de la marine coréenne !
Dans son journal, le commandant demiurge lui-même écrira : « C’était un miracle ».
Finalement, les Japonais se retireront de la péninsule l’année suivante…
Courageux ce Monsieur 🙂
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