Goryeo face aux invasions des Mongols (1231-1259 ou 1273)

 


Goryeo résista farouchement pendant plus de 30 ans face à l’armée la plus puissante au monde de l’époque.

Les Mongols durent entreprendre neuf campagnes féroces pour obtenir la capitulation définitive de la Cour de Goryeo, qui s’était réfugiée sur une île près de la côte ouest du pays, près du Séoul actuel.

Même après la capitulation de la Cour en 1259, une bonne partie des militaires poursuivit leur lutte dans le sud du pays, en se déplaçant d’île en île pendant environ 14 ans. Mais cette dernière force résistante fut finalement neutralisée sur l’île méridionale de Jeju en 1273.

Mais, ce qu’il faut retenir ici, c’est que grâce à ces longues années de lutte, on a quand même réussi à sauver les meubles..le trône et avec lui, une certaine autonomie et l’identité culturelle et linguistique.

97 ans plus tard, en 1356, la couronne ainsi préservée jouera un rôle décisif pour en finir avec l’intervention politique des Mongols.

Le roi Gongmin, qui devint l’ennemi mortel de l’impératrice Ki, liquida le frère de cette dernière et ses proches. Dans la foulée, il recouvra la partie nord-est du territoire contrôlée jusque-là par les Mongols.

Cet évènement mit fin à l’ère de l’intervention mongole.

Je reviendrai sur les relations conflictuelles entre le roi Gongmin et l’impératrice Ki dans ma prochaine publication.

Donc, revenons au moment où Goryeo envoya son prince héritier à la Cour des Mongols comme chef de délégation chargé de négocier les termes de traité de paix.

Force est de reconnaître qu’en tant que perdant, il ne nous restait pas une grande marge de manœuvre.

On dut renoncer à l’utilisation du titre de l’empereur en se contentant de celui du roi, envoyer un lourd tribut, y compris des femmes, des ennuques, laisser une partie du territoire du Nord sous le contrôle des Mongols, envoyer des princes comme otages à la Cour des Mongols, et j’en passe. C’était affreux et humiliant.

Mais le prince, qui devint peu de temps après le roi Wonjong, fit preuve d’une certaine habileté politique lors de ses pourparlers avec les Mongols.

Il eut relativement de la chance aussi.

Car peu de temps avant son arrivé à la Cour des Mongols, Mongke Khan, le 4e empereur Mongol, décéda. Et les deux frères de ce dernier, Ariq Boqa et Kubilai étaient en plein guerre de succession autour de Karakorum, la capitale des steppes mongoles, tout en affrontant Song du Sud au front du sud-est.

Wonjong opta pour Kubilai, probablement par pur hasard en raison de son itinéraire qui le fit rencontrer le premier.

Donc, il ne put que se réjouir grandement de l’arrivée de la délégation coréenne, ce qui eut pour effet de renforcer sa légitimité en tant que successeur de la couronne.

Il s’écria même : « Depuis longtemps, Goryeo était un pays tellement puissant que même le célèbre Empereur Taijong de la Chine des Tang (618-904) n’a pu le battre. Et maintenant, le prince héritier de ce vaillant pays m’est venu. N’est-il pas un oracle du Ciel ! »

Ici, Kubilai fit référence à la première invasion de la Chine des Tang au 7e siècle entrepris par l’empereur contre Goguryeo (37 a.v.J-C – 668) que Goryeo considérait comme son ancêtre. Lors de cette guerre, les Tangs subirent une défaite sanglante.

Encouragé par cet « excellent signe du Ciel », Kubilai réserva au prince de Goryeo un bien chaleureux accueil, lui promis de « ne pas toucher les coutumes du pays 불개토풍(不改土風) ».

Il consentit également à la demande de Wonjong de marier le fils de ce dernier avec l’une de ses filles. Ce prince deviendra le roi Chungryeol à la mort de Wonjong.

Ainsi, tout au long de la période où les Mongols exercèrent une grande influence à la Cour de Goryeo, tous les rois de Goryeo se marièrent avec une princesse mongole.

Ces clauses permettront à Goryeo, entre autres, de préserver la dynastie par la suite, notamment à chaque fois des collabos pro-mongols tentèrent de faire annexer le royaume à l’empire comme une simple unité administrative directement contrôlée par la Cour de Yuan.

Ceci dit, l’ère de l’intervention mongole fut très dure d’autant plus que c’était le peuple qui dut supporter tout le poids du tribut et de l’abus du pouvoir des collabos pro-mongols. Plusieurs d’entre eux jouissaient, en effet, d’un grand pouvoir, grâce à leurs filles distribuées aux puissantes familles mongoles.

A l’instar de la famille de certain Ki Ja-o, qui envoya sa fille vers 1333 à la capitale de la dynastie Yuan, Dadu (actuel Pékin)…

A suivre pour l’aventure de cette petite coréenne à la Cour de Yuan !

Pour la situation géopolitique du 10e au 12e siècle en Asie du Nord-est :

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