L’amiral Yi Sun-in (1545-1598) : héros invincible de la guerre d’invasion japonaise


L'amiral Yi Sun-sin(이순신)est incontestablement le héros numéro un de la plupart des Coréens, dont moi-même, avec Séjong le Grand.

Voici le portrait de « ce dieu de la mer » qui joua un rôle décisif pour repousser les Japonais qui envahirent la Corée en 1592.

Yi Sun-sin naquit le 28 avril 1545 à Séoul comme 3e fils d'une famille aristocrate.

Pendant son séjour à Séoul, quand il était encore enfant, il fut lié d’amitié avec Ryu Seong-ryong (류성룡), l’un des hommes d’État les plus brillants de Joseon (1392-1910).

A certain égard, on pourrait même dire que cette rencontre eut pour conséquence de sauver le pays face à l’invasion des Japonais, car c’est Ryu Seong-ryong qui recommanda Yi Sun-sin auprès du roi juste avant l’éclatement du conflit.

Yi vécut pendant une dizaine d’années dans la capitale avant de déménager à Asan, ville située dans la province de Chungcheong du Sud où résidait la famille de sa mère.

A Asan, il se maria à l’âge de 20 ans avec la fille d’un officier militaire riche avec qui il eut trois fils et une fille.

Après son mariage, il emménagea chez son épouse et vécut avec sa belle famille. Avant, il se préparait au concours des officiers civils mais son beau-père l’incita à changer d’avis. Ce dernier entraîna son gendre pour différentes armes dans cette perspective.

A l’âge de 28 ans, il passa son premier concours mais fut recalé comme il était tombé du cheval. Quatre ans après, en 1576, il réussit enfin au concours à l’âge de 31 ans.

En 1587, il fit retenir son nom à la Cour lorsqu’il faisait son service dans une région frontalière située dans le nord-est du pays. Il réussit à repousser avec peu de pertes l’attaque surprise de cavaliers de Jurchens.

Cependant, à cause d’un rapport calomnieux de son supérieur, il fut sanctionné et fut rétrogradé comme un simple soldat de rang.

Mais l’année suivante, en 1588, il captura vivant le chef d’une troupe de Jurchens et grâce à cet exploit, redevint officier.

En fait, il en était toujours ainsi au début de sa carrière. Yi Sun-sin eut du mal à gravir les échelons car c’était un homme à la fois trop intègre, perfectionniste et intransigeant. Du coup, il ne s’entendit pas toujours bien avec ses supérieurs.

Pourtant, en 1591, Yi reçut une promotion exceptionnelle. En l’espace de quelques mois, il brûla les étapes entre le grade équivalent de capitaine et celui de vice-amiral d’escadre. C’était grâce à la recommandation de son ami d’enfance Ryu Seong-ryong, qui occupait alors le post de vice-Premier-ministre.

Yi fut nommé commandant de la flotte de l’ouest de Jeolla notamment dans le cadre de la préparation contre une éventuelle invasion japonaise.

Dès lors, l’amiral lança des préparatifs rigoureux de la guerre, en effectuant de nombreux exercices, faisant construire des navires dont ces fameux cuirassés baptisés « bateau tortue »


En mai 1592, l’armée japonaise finit par envahir la Corée avec près de 170 000 soldats. Ils débarquèrent sans difficulté à Busan, ville située dans le sud-est du pays. Malheureusement, ce n’était pas Yi Sun-sin mais son rival mortel Won Gyun, considéré l’un des pires généraux de l’histoire de Corée, qui dirigeait la flotte de Gyeongsang, chargé de la défense de cette région.

A partir de là, rien ne sembla pouvoir arrêter l’armée nipponne. En profitant de la stupéfaction du gouvernement et de l’armée coréenne, elle réussit à prendre Séoul 20 jours plus tard avant de monter jusqu’à Pyongyang.

Mais grâce aux victoires successives de la marine coréenne dirigée par Yi Sun-sin, les troupes nipponnes furent coupées de renforts de la part de l’archipel et elles furent obligées de se replier dans le sud-est de la péninsule et à lancer les négociations de paix l’année suivante.

De son côté, Yi Sun-sin fut promu au post du commandant en chef de la marine.

Parc d'Yi Sun-sin à Tongyeong. C'est dans cette ville situé à l'estrême sud du pays que ce trouvrait le siège de l'état-major de la marine 

Or, avant que le Japon rouvrît les hostilités en août 1597, l’amiral fut arrêté à cause d’une fausse information glissée par les Japonais et une calomnie montée par le détestable Won Gyun.

Il fut torturé, condamné à mort avant d’être relâché grâce à deux hauts officiels qui s’y opposèrent énergiquement. Il fut de nouveau condamné à faire son service en tant que simple soldat.

Le film, "L'amiral" décrit la bataille de Myeongrang

Mais suite à une défaite sanglante de la marine coréenne commandée par Won Gyun, il fut restitué d’urgence comme commandant en chef de la marine. Or, il ne lui restait plus que 13 navires et plus aucun bateau tortue.

Alors, l’amiral réalisa un grand miracle. Yi Sun-sin pulvérisa 133 navires de guerre nippons à la bataille de Myeongryang en septembre 1597. Il reprit ainsi le contrôle de la mer.... 

Un an plus tard, le Japon finit par décider de se retirer de la péninsule suite à la mort de Toytomi Hideyoshi qui avait pour ambition de conquérir la Chine en soumettant d’abord la Corée.

Cependant, l’amiral jura de ne pas laisser s’enfuir le moindre soldat nippon. En décembre 1598, il lança une opération d’attaque de grande envergure au large de Noryang. Pendant cette bataille, la marine coréenne fit couler environ 200 navires et captura près 100 navires de l’ennemi sur 500.

Mais au cours de cette bataille, il fut frappé par une balle de l’ennemi. « Ne faites pas savoir ma mort... » fut son dernier mot avant qu’il ne rendît son dernier souffle aussitôt après…

Après sa mort, il reçut des honneurs posthumes dignes de ses exploits surhumains. Le roi Sukjong (숙종, 1661-1720) fit construire un sanctuaire dédié pour l’amiral, baptisé Hyeonchungsa (현충사). Aujourd’hui, on peut le visiter. En 2011, le musée de Yi Sun-sin fut inauguré dans l’enceinte de ce site situé à Asan, dans la province de Chugncheong du Sud.


Et le roi Jeongjo (정조, 1752-1800), le héros de la série The Red Sleeve, était lui aussi grand fan de Yi Sun-sin. Il fit rédiger une biographie complète sur sa vie, lui octroya le titre de Premier Ministre et fit ériger une nouvelle pierre tombale près de son tombeau dont il écrivit lui-même l’épitaphe.

Enfin, c’était également lui qui fit éditer le recueil du journal de bord que l’amiral écrit pendant la guerre et le baptisa « Le journal de la guerre (난중일기) ». Ce document est classé comme mémoire du monde de l’Unesco.

Enfin, de nombreux descendants de Yi Sun-sin essayèrent d’être à la hauteur de leur illustre ancêtre. 267 d’entre eux ont réussi au concours d’officiers militaires à l’époque de Joseon. Après la libération en 1945, une dizaine de descendants ont été décorés pour leurs activités indépendantistes pendant l’occupation nipponne (1910-1945).

* J’ai rédigé six autres posts sur ses exploits pendant la guerre et son journal de bord écrit durant le conflit. Pour leurs liens et le résumé de ces posts : https://www.facebook.com/groups/138429644857862/permalink/550445926989563/



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