Lee Jin, danseuse de Joseon aimée par un diplomate français

Danse traditionnelle coréenne de la Cour

C’est une histoire de l’aventure que le premier diplomate français en Corée eut avec une danseuse du roi Gojong. Elle se passe à la fin du 19e siècle. 

Victor Collin de Plancy était le premier représentant de France à Séoul entre 1887 et 1890. Il revint en Corée en 1895 pour y demeurer jusqu’en 1906.

D’après le wikipédia, “Victor Collin de Plancy contribua de façon importante à faire connaître l'art de la Corée en France, en apportant son soutien à des compatriotes intéressés par le pays, via des dons à différents musées, et en encourageant la Corée à participer à l'exposition universelle de 1900 à Paris. “ 

Victor Collin de Plancy

Il est notamment connu pour avoir apporté à son pays, entre autres, le second volume de « Jikji » ou « Anthologie des enseignements zen des grands prêtres bouddhistes », imprimé en 1377. Il s’agit du plus ancien ouvrage imprimé en typographie métallique mobile conservé. Il fait partie aujourd’hui de la collection de la BNF. 

Il n’emmena pas seulement des livres ou des objets d’art coréens en France mais aussi une Coréenne. C’est en tout cas ce que prétend son successeur Hyppolyte Frandin, dans son livre intitulé « En Corée » publié en 1905. 

Il s’agissait d’une danseuse appartenant à la Cour, une gisaeng qui s’appelait Lee Jin, « belle comme une déesse ».  Le diplomate français serait tombée amoureux d’elle lors d’un banquet organisé par le roi Gojong en l’honneur du corps diplomatique. Le consul demanda au roi de lui permettre de la rencontrer en privé et ce dernier la lui aurait « offerte comme cadeau ». 

Avant de retourner en France, il confia à son successeur qu’il envisageait de l’épouser. Mais l’absence d’acte mariage montre qu’il ne le fit pas. 

En tout cas, il amena la belle à Paris après son premier service à Séoul. Pour l’aider à s’intégrer à sa nouvelle vie parisienne, il embaucha une gouvernante qui lui enseigna la langue et différents arts de vivre dans la capitale. 

Roman inspiré par l'histoire de Lee Jin

Lee Jin était, malgré tout, une femme intelligente. Elle apprit vite le français et fit preuve de son talent d’artiste en pratiquant merveilleusement différents arts qu’une femme du monde était censé maîtriser. 

Elle se serait également initiée aux valeurs républicaines, l'égalité, la liberté, la fraternité, etc, en apprenant la Bible et les droits français. Autant de nouveauté pour une Orientale qui appartenait à la caste des esclaves. 

Grâce à ses gigantesques efforts et ses propres talents, elle fit objet de l’admiration de la haute société parisienne qu’elle fréquentait. Pourtant, elle ne put entièrement échapper aux préjugés sur les Asiatiques. 

Elle souffrait aussi du mal du pays. Elle perdit l’appétit et devint si maigre qu’on aurait dit « un singe affublée de robes ». Dans un premier temps, son amant aurait déployé des efforts pour la guérir de sa déprime. Cependant à la fin, il aurait jeté l’éponge, comme c’est souvent le cas d’un orientalisme déplacé. 

Ainsi, quand Collin de Plancy fut de retour dans le pays du Matin clair, en 1895, il l’aurait ramenée avant de l’abandonner. Redevenue gisaeng, elle serait devenue contre son gré maîtresse d’un dignitaire coréen. 

Retour à la case de départ. Mais elle n’était plus la même. Ni Coréenne ni Française en quelque sorte. 

Un soir, elle avala de petits morceaux d’or pour mettre fin à sa drôle de vie. 


Selon certains historiens, cette histoire est une bonne blague, entièrement fictive, inventée par le diplomate français juste pour attirer l’attention sur son livre. 

Mais d’autres pensent que Frandin n’aurait pas osé raconter un fable montée de toutes pièces sur son collègue de Quai d’Orsay, d’autant plus que l’intéressé était toujours en fonction à Séoul au moment de la parution du livre.  

Ainsi, dans les années 2007, la chaîne nationale de Corée, KBS, a même diffusé un documentaire sur cette tragédie. 

Quoi qu’il en soit, cette aventure du diplomate français avait de quoi attirer l’attention des écrivains. Deux romans ont été publiés sur ce sujet. Et la Compagnie nationale de danse a même créé une œuvre baptisé « Lee Jin » qui décrit la vie de la danseuse. 

A mon avis, cette histoire n’est pas entièrement dépourvue de vraisemblance. J’imagine, qu’à l’époque, il ne devait pas être rare qu’un étranger riche et puissant prenne une maîtresse sur place dans un pays où il devait séjourner plus ou moins longtemps, surtout lorsqu’il s’agit d’un pays qui exerce un certain charme sur lui. On prend une locale puis on la jette une fois satisfaite sa curiosité, comme dans un opéra de Puccini. Rien n’est plus banal. 

Mais comme le sort de la femme est trop triste, je préfère ne pas croire à la véracité de cette histoire. Qu’en pensez-vous ?

Commentaires

  1. Je pense malheureusement que cette histoire est vraie elle ressemble bien à tout ce que pouvaient se permettre les visiteurs qu'ils soient de simples voyageurs ou ambassadeurs dans les pays étrangers surtout lorsque les femmes étaient si belles. Et d'autant plus lorsqu'elles dansaient ! Et je trouve cette histoire donc très triste et révoltante.

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