L'histoire du jjangmyeon (짜장면)

 


« Est-ce qu’on commande du jjajangmyeon pour déjeuner (on utilise, rappelons-le, "dîner" en Belgique, au Québec et en Suisse pour le repas de midi) ? » (점심에 짜장면 시켜 먹을까 ?).

C’était une phrase magique qui remplissaient de joie le cœur de mon frère et de moi. Maman appelait ensuite par téléphone le resto chinois du coin, puis nous attendions avec impatience, en guettant par la fenêtre, l’arrivée de la moto, chargée d’une grande boîte en métal qui contenaient notre plat préféré.

Une nouvelle fois, je vous raconte une bribe de mon histoire qui est aussi celle de la plupart des Coréens. L’odeur douceâtre de jjajangmyeon est, en effet, profondément imprégnée dans notre mémoire collective.

Ce plat copieux, savoureux, riche en calorie et offert à un prix abordable constitue l’un des « soul foods » incontournable de mes compatriotes. A l’époque, où le service de livraison à domicile était rare, les restos chinois coréanisés disposaient de trois ou quatre motos et des livreurs.

Et ils ne rechignaient pas à faire des déplacements pour un seul bol de jjajangmyeon. Ce qui nous le rendait encore plus familier. Au bureau, à la fac, dans les salles de billard, de PC, de manhwa et même dans les parcs, on peut le commander. Et le jour de déménagement ou le jour de la cérémonie de remise de diplôme, on le mange aussi.

Mais quand on y pense… c’est curieux. Il s’agit d’un plat bien coréen qui se vend dans des restos coréens à l’étranger, mais ici, ce sont les restos chinois qui le proposent, quel que soit leur gamme, allant d’un tout petit resto du coin à un restaurant de luxe. Alors, quelle est l’identité exacte du jjajangmyeon et son histoire ?

C’était aux alentours de l’année 1883. De nombreux ouvriers chinois sont venus travailler dans le port d’Incheon. Pour économiser du temps, ils mangeait des nouilles sautées à la sauce au chunjang ou pâte de soja noir comme ils le faisaient chez eux.

Et en 1905, dans le quartier chinois de cette ville portuaire située sur la côte ouest du pays, un restaurant chinois le proposa pour la première fois. Depuis, on a modifié la sauce en mélangeant du caramel au chunjang pour mieux l’adapter au goût des Coréens. On y a ajouté aussi plus de légumes pour réduire le coût de revient.

Le jjajangmyeon a connu un grand essor sous le régime autoritaire de Park Jeong-hee (1960-1979), qui déployait la campagne dite «mangeons des plats à base de blé » . C’est que l’offre de riz était largement inférieure à la demande, alors qu’on pouvait se procurer à bon marché du blé importé des Etats-Unis. C’est ainsi que, le jjajangmyeon fait toujours parti des scènes de vie d'un foyer ordinaire de Séoul. Pour ceux qui souhaiteraient l’essayer, je vous recommande de lien, la recette maangchi : :https://www.maangchi.com/recipe/jjajangmyeon

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