A 17 ans |
Le 28 août 1979, dans un hôpital de Séoul. Ma mère venait d’accoucher. Elle a dû subir l’opération césarienne comme je pesais 4,1 kg ! Lorsqu’elle revint de l’anesthésie, elle retrouva SON médecin (« Ma chérie, à l’époque, presque tous les gynécologues étaient des hommes et c’était gênant pour les consultations »), au chevet de son lit. Il lui annonça, d’un air affligé : « C’est une fille, madame. »
A deux ans |
37 ans plus tard, LA doctoresse de ce bébé (maintenant il est très difficile de trouver des gynécologues hommes), à son tour enceinte de cinq mois, lui apprit après un examen échographique : « Courage madame, encore un garçon… Mais ce n’est pas trop tard, vous pouvez tenter encore.»
Car, aujourd’hui, nombreux sont des parents qui veulent plutôt des filles que des garçons, alors qu’il y a 30 à 40 ans encore, on considérait que l’un des devoirs conjugaux les plus cruciaux des épouses était de donner un héritier mâle à leur belle-famille.
Comme en témoigne cette petite anecdote, le statut des femmes et l’idée qu’on se fait de leur rôle a évolué à une telle vitesse ces dernières décennies, que cela me donne le vertige.
Disons que j’ai vécu une période de transition.
1. Mon enfance et avant mon mariage (1979-2014)
Idem |
Quand j’étais petite, je trouvais normal que j’aide maman pour ses différentes tâches ménagères, notamment la préparation de repas à la cuisine tandis que mon frère se concentrait sur ses études. Plus grande, je lui préparais des petites choses à manger quand maman n’était pas là, comme des ramyeons ou autres.
Par ailleurs, à l’école, les filles apprenaient la matière baptisée carrément « Les taches ménagères » alors que les garçons apprenaient le bricolage et l’ingénierie de base.
Mes parents n’attendaient pas la même chose de mon grand-frère et de moi. Il suivaient avec attention la scolarité de mon frère et investissaient beaucoup pour ses cours privés. C’était normal pour eux, car, selon ma mère, il devait avoir un bon travail pour nourrir sa future famille.
Quant à moi, ils étaient fiers que je ne réussisse pas mal à l’école. Ils me fournissaient tout le soutien financier nécessaire à chaque fois que je le leur demandais.
En même temps, pour eux, surtout pour maman, le bonheur des femmes consiste à trouver un bon mari, plutôt qu’à la réussite sociale. Et elle n’était pas mécontente que je n’étais pas plus brillante que mon frère, lui, qui a réussi à entrer dans la meilleure université de Corée.
A l’école, par contre, je n’ai jamais eu de propos discriminatoires sur ce sujet. Les profs disaient que même les filles doivent bien faire leurs études pour s’épanouir dans la société. Mais à l’époque, c’était encore des garçons qui réussissaient mieux et entraient plus nombreux dans des universités prestigieuses.
A 19 ans |
A mon université aussi, en 1998, à peu près deux tiers des étudiants étaient masculins, ce qui était déjà un changement révolutionnaire ! Les anciens étudiants se réjouissaient de l’arrivée « massive » des filles. Maintenant, la parité est presque atteinte dans la plupart de ces universités.
Idem pour des postes convoités. Quand je suis entrée, en 2006, dans une assez grande entreprise, la majorité absolue des cadres étaient des hommes. Et on murmurait que certains d’entre eux tenaient des propos ou gestes qui peuvent aujourd’hui être dénoncés comme harcèlement sexuels. Celles qui avaient le courage de porter plainte étaient souvent mal vues.
A 30 ans |
Maintenant, d’après mes ex-collègues, beaucoup de femmes occupent des posts clés et j’ai vu dans la presse que certains cadres ont été sanctionnés pour des faits plus ou moins graves liés au harcèlement sexuel.
Pour le mariage aussi, les coutumes ont énormément changé. Même jusque dans les années 2000, il était largement admis que la famille du futur mari trouve un logement pour le nouveau couple alors que celle de la mariée apporte des meubles et de l’électroménager.
Du coup, souvent, la famille du mari devait investir beaucoup plus d’argent, ce qui était valable lors du mariage de mon frère en 2009. Mais dans les années 2010, le mariage dit « moitié-moitié » où les deux familles apportent un fond à peu près égal pour le logement et le mobilier est apparu. Lors de mon mariage en 2014, on a suivi cette nouvelle mode. Ce qui a du pour effet de rendre plus égalitaire les relations des deux familles.
2. Révision des lois discriminatives
Sur le plan juridique aussi, d’importants progrès ont été réalisés ces dernières décennies. Voici quelques exemples.
En ce qui concerne la succession,les filles n’avaient droit qu’à la moitié du patrimoine dont héritaient les garçons jusqu’à l’année 1978, Entre 1978 et 1990, elles ont pu enfin réclamer la même part de l’héritage, sauf vis-à-vis de l’aîné mâle de la famille, qui héritait du poste de chef de famille. Enfin, depuis 1990, tous les enfants peuvent réclamer la même part de l’héritage.
En 2005, le système familial extrêmement patriarcal et discriminatif, qui s’appelait « Hojuje », qui peut être traduit « système basé sur le chef de famille » a été jugé anticonstitutionnel par la Cour constitutionnelle avant d’être définitivement aboli en 2008.
Ainsi, l’aîné mâle de la famille a perdu son statut privilégié de candidat numéro un de futur chef de famille, qui pouvait exercer une certaine influence sur les autres membres de de la famille, pour devenir un simple enfant du couple comme les autres.
En 2019, la Cour constitutionnelle jugea également anticonstitutionnelle la loi interdisant l’interruption volontaire de la grossesse, en estimant que la clause concernée porte atteinte au droit des femmes de disposer elle-même de leur propre corps.
3. Conclusion
Il est vrai qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour arriver à l’égalité homme-femme plus complète.
Mais il est indéniable qu’aujourd’hui, les femmes réussissent bien mieux à l’école, accèdent de plus en plus à des posts clés du gouvernement ou de grandes entreprises, beaucoup de belle-mères font attention à ne pas froisser leurs belles-filles, le harcèlement sexuel dans les lieux de travail a nettement reculé après le mouvement MeeToo qui a conduit un ex-maire de Séoul au suicide et un ex-gouverneur de la province de Gyeongsang du Sud en prison.
Et ça continue.
En effet , le statue des femmes ont bien changé en peu de temps......
RépondreSupprimerMerci....mais les femmes une fois mariées s arrêtent encore souvent de travailler ....Est ce que cela évolue ?
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