L’amiral Yi Sun-sin (이순신, 1545-1598) est indiscutablement le héros le plus aimé des Coréens.
Ce « dieu de la mer » joua un rôle décisif pour repousser les Japonais lors de la guerre d’invasion nipponne d’Imjin (1592-1598). Il gagna toutes les batailles navales en coupant de ce fait le ravitaillement des troupes de l’ennemi en provenance de l’archipel.
Cet exploit est d’autant plus surprenant que Yi Sun-sin devait s’occuper lui-même de la logistique, comme la cour de la dynastie de Joseon (1390-1910) se trouvait dans l’incapacité de lui venir en aide, car elle avait dû abandonner la capitale en début du conflit.
Ce stratège hors pair, doublé d’un talent d’administrateur avisé, était aussi un homme sensible étouffant parfois sous l’énorme poids de sa mission qui était de sauver le pays. Il se défoulera sur son journal intime, ce qui lui aurait permis de mieux respirer.
La nuit, il lui arrivait de passer des heures et des heures, assis au pied d’un navire, préoccupé par le sort de la patrie. Sa vieille mère lui manquait beaucoup et il était constamment inquiet de sa famille qu’il avait dû laisser loin de sa caserne.
Souvent, il s’indignait contre le Japon, le gouvernement incompétent et ne mâchait pas ses mots contre son rival, l’amiral Won Gyun, considéré comme l’un des pires généraux de l’Histoire de Corée. Won laissa, en effet, la flotte japonaise débarquer sur la côte sud-est de la péninsule, ce qui marqua le début du conflit.
Heureusement, il est bien entouré et adoré de ses proches. Il aimait beaucoup boire avec eux, souvent avec peu de modération, et se plaignait, le lendemain, de la gueule de bois. Soucieux du bien-être de ses soldats, il se réjouissait dès qu’il trouvait de quoi les bien nourrir, comme des bœufs, des porcs ou de l’alcool. En revanche, il punissait sans pitié les déserteurs ou les indisciplinés.
Yi Sun-sin était également un poète talentueux et un grand amateur de musique. Il se laissait attendrir à la vue des fleurs de champ, composa plusieurs poèmes célèbres et faisait jouer pour lui une flûte ou un sitar les nuits de l’insomnie.
Enfin, on découvre dans ce document le quotidien du commandant en chef de la marine coréenne. Il s’entraîne, chaque jour, au tir-à-l’arc, s’occupe de la rédaction des rapports, effectue des inspections dans les casernes subalternes, analyse les renseignements rapportés par ses espions, surveille la culture du riz et la pêche effectués par ses soldats pour subvenir à leurs besoins et inscrit minutieusement le volume de riz récolté, le nombre de poissons pêchés, le stock des armes, l’état des bateaux, et même les noms de deux ou trois filles auprès desquels il aurait cherché quelque douceur.
* Mais point de description détaillée, juste en une phrase : « J’ai couché avec une telle. »
En un mot, on y retrouve un homme identique au commun des mortels s’acquittant stoïquement de ses tâches routinières, s’efforçant ainsi de faire de son mieux face à de nombreux obstacles qui lui semblèrent parfois insurmontables.
Aujourd’hui, on fête l’anniversaire de l’amiral, né le 28 avril 1545. Que son âme veille sur sa patrie bien aimée !
Ce journal, Nanjung Ilgi, est classé comme Mémoire du monde de l’Unesco.
Commentaires
Enregistrer un commentaire