Sejong le Grand eut deux filles et huit princes avec sa reine bien aimée Soheon.
Avant d’aborder l’histoire tragique de ces princes, notamment celle du deuxième,
prince Sooyang qui devint le 7e roi de la dynastie de Joseon (1392-1910) et de
ses frères cadets, je voudrais d’abord commencer en douceur par le récit de la
vie de la seconde princesse, Jeongeui (정의공주, 1415-1477).
Les princesses étaient, toutes deux, intelligentes et affectueuses. L’inventeur du hangeul leur
enseigna lui-même différentes disciplines, la musique, la littérature, la
science, etc. et la princesse Jeongeui se montra particulièrement brillante en
mathématiques et en astronomie ! Malheureusement, la première, la princesse
Jeongso, décéda à l’âge de 12 ans à cause de la variole…
Dès lors, le roi et la reine redoublèrent d’amour et d’attention à l’égard de
leur seconde fille. En effet, dans la chronique royale de Joseon, on trouve
plusieurs endroits qui laissent supposer combien leur affection pour Jeongeui
était grande.
Un jour, le père et la fille lisaient ensemble une anecdote dans
un livre d’histoire de Chine. L’héroïne se trouvait dans un dilemme car si elle
dénonçait son mari à son père, le premier devait mourir et dans le cas
contraire, l’inverse.
Sejong demanda à Jeongeui comment elle réagirait à sa
place. La petite maline ne tomba pas dans le piège : elle répondit qu’elle
préférerait mourir elle-même au lieu de supporter une telle situation.
Le jour
où elle quitta le palais pour se marier avec Ahn Maeng-dam (안맹담, 1415- 1462)
à l’âge de 13 ans, le monarque pleura de chaudes larmes ! Puis, il alla voir
tellement souvent sa fille et son gendre que certains hauts officiels de la cour
déposèrent même une pétition dénonçant ses sorties privées « trop fréquentes ».
Par ailleurs, Séjong donna des petits noms au 1er et au 3e fils de sa fille. Le
papy royal baptisa le premier Yeodal, « Celui qui ressemble à la loutre » et le
troisième Sanggyeo « Coq (se démenant) sous un mûrier » en les voyant s’amuser
avec plein d’énergie comme mes oursons. Ils étaient si contents de ces petits
noms qu’ils les utilisèrent jusqu’à leur mort.
La princesse vit heureusement
avec son mari et eut beaucoup d’enfants : deux filles et quatre garçons. Ahn
Maeng-dam n’était pas trop doué pour les études mais il était un homme affable
et doté d’un tempérament très doux.
Le seul défaut de Ahn, c’est qu’il aima trop
boire. Inquiet de la santé de son gendre, le grand roi convoqua, un jour, les
amis avec lesquels Ahn buvait souvent. Il leur demanda, sévèrement, qui d’entre
eux buvait le plus souvent avec Ahn. Oh, la panique ! Ils n’osèrent plus boire
avec l’époux de son altesse royale.
A la mort de son mari, en 1462, la princesse
fut profondément affligée. Pour consoler son âme, elle publia un livre
bouddhiste composé de trois volumes racontant la vie de Kshitigarbha, une sainte
bouddhiste chargée de sauver les âmes de la souffrance de l’enfer.
Cette œuvre
est aujourd’hui désignée comme 966e trésor national. Jeongeui contribua
également à la création du hangeul avec son grand frère, qui devint le roi
Munjong et ses deux petits frères Sooyang, le futur roi Séjo et le prince
Anpyeong.
D’après le livre sur la généalogie de sa belle-famille, elle aurait
notamment résolu un problème lié aux sons et aux dialectes de la langue parlée
par le peuple. Comblé de joie, le créateur de l’alphabet coréen, lui aurait
offert plein de cadeaux.
Après la mort du grand souverain, son altesse royale fut toujours aimée et
respectée de ses frères, son neveu et son petit-neveu qui devinrent
successivement les rois Munjong, Séjo, Yejong et Seongjong.
Et vous allez voir
dans mes prochaines publications que ce n’était pas évident… Le roi Sejo, le 2e
fils de Sejong et de Soheon, aima tendrement sa grande-sœur bien que le 3e fils
de cette dernière, « Coq se démenant sous un mûrier » s’opposât à l’usurpation
du trône de son neuve, le roi Danjong par Séjo. Séjo offrit plusieurs fois des
titres plus élevés à son beau-frère et ses neuves ainsi que des terres, du riz
et des esclaves à sa famille, alla voir souvent sa nuna (누나, grande-sœur en
coréen) lorsqu’elle tombait malade.
Quand nuna voyageait en province, il ordonna
aux gouverneurs des régions concernées de bien bien l’accueillir. La princesse
rendit son dernier souffle en 1477 à l’âge de 62 ans. Elle souhaita se reposer à
côté de son défunt époux qui l’avait quittée 15 ans plus tôt.
Aujourd’hui encore, on peut visiter leurs tombeaux, situé au nord-est de Séoul.
Il est désigné comme patrimoine matériel municipale par la ville de Séoul en
1982. L’adresse de l’enceinte des tombeaux du couple : Seoul Dobong-gu,
Banghak-don, San 63-1 (서울시 도봉구 방학동 산 63-1) Photos : extraits de la
série The Great King Sejong et des photos des acteurs prises lors du tournage du
drama (https://blog.naver.com/pts1364/30051246754 )
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