N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
….
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur ! »
- Le Cid, Pierre Corneille
Car, ô comble de misère !, ce fut l’un de ses propres fils qui le trahit, qui plus est, le plus brillant.
Yi Seong-gye était le général le plus vaillant de la dynastie de Goryeo (고려, 918-1392). Il expulsa les Mongols de la péninsule alors que leur dynastie de Yuan était en plein déclin, repoussa l’invasion des Turbans rouges et celle des pirates japonais.
Il était également réputé pour son habileté hors norme en tir à l’arc, ce qui fit qu’on l’appelait « demiurge du tir à l’arc ».
Il ne perdit, en effet, jamais une seule bataille dans sa vie et finit par renverser la dynastie de Goryeo pour en fonder une nouvelle, en 1392, qui durera pendant six siècles.
Or, une fois devenu roi, il commit une grave erreur politique en désignant son dernier fils, à peine âgé de 10 ans, issu de ses deuxièmes noces, comme successeur.
Le problème, c’est que quatre fils sur cinq qu’il eut avec sa défunte première épouse étaient bien vivants. Surtout le cinquième, Yi Bang-won (이방원, 1367-1422), alors âgé de 31 ans, et dont la contribution pour la fondation du nouveau royaume était incontestable.
Yi Bang-won tua son demi-frère, en 1398, après le décès de sa belle-mère tout en obligeant son père à abdiquer.
Furieux de ce coup d'Etat de son fils, le premier monarque de Joseon quitta la capitale et s’installa dans sa ville natale Hamheung, située dans le nord-est du pays.
Après avoir accédé au trône, en 1400, Yi Bang-won, devenu le roi Taejong (태종), essaya à plusieurs reprises de faire retourner son vieux père auprès de lui.
Mais, selon la légende, le père aurait tué tous les émissaires que son fils lui envoya à Hamheung avec un arc.
* De l'avis de nombreux historiens, pourtant, ce sont plutôt des proches de Taejo qui les auraient tués, pas le roi-père lui-même.
Il n’empêche, on appelle encore aujourd’hui en Corée, les personnes qui sont parties mais qui ne reviennent en ne donnent aucun signe de vie, des « émissaires envoyés à Hamheung » (함흥차사)
Le père aurait tenté sa dernière chance, en 1402, en soutenant (ou carrément orchestrant) la rébellion de Cho Sa-eui (조사의), l’un des proches de sa deuxième épouse. Mais elle fut vite maîtrisée par l’armée du nouveau roi.
* Les archives restent très floues sur ce soulèvement et on comprend pourquoi. Le fils n’aurait pas voulu laisser de chronique trop précise qui aurait pu laisser supposer que son père ne l’approuvait pas pleinement.
Enfin, Taejong Yi Bang-won dépêcha l’ami intime de son père qui avait prédit que ce dernier deviendrait le roi d’un nouveau royaume, le moine bouddhiste Moohak (무학대사, 1327-1405) pour le persuader de revenir au palais.
Vieux, malade et dépourvu de tous les soutiens, le père détrôné finit par accepter cette proposition, puis rendit son dernier souffle en 1408…
Photos : Série "My Country"
Pour en savoir plus sur la vie de Taejong Yi Bang-won, le père de Sejong le Grand : https://www.facebook.com/groups/138429644857862/permalink/408596744507816/
Pour en savoir plus sur les principaux exploits de Sejong le Grand : https://www.facebook.com/groups/138429644857862/permalink/388822133151944/
passionnant
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