Eoudong (어우동) : femme adultère ou émancipée ?

Extrait du filme : "Eoudong : fleur sans maître"

Le scandale le plus retentissant de l’histoire de Joseon. 17 ! C’est le nombre officiel des hommes avec qui elle eut des relations très inappropriées. 

L’équipe des chroniqueurs du roi Seonjong (성종, 1457-1495) n’en revenait pas. Le comble, c’est qu’il s’agissait d’une dame noble qui faisait partie de la famille royale. 

Oui, l’accusée, Park Gu-ma ( ? - 1480), plus connue sous son pseudonyme « Eoudong (어우동) », naquit comme fille légitime d’un couple d’aristocrates. Elle se maria avec un membre de la famille royale, Yi Dong (태강수 이동), un des petits-fils du 2e grand frère du Séjong le Grand. 
Extrait du filme : "Eoudong : fleur sans maître"

Par malheur, ce prince était un vilain coureur de jupon sans scrupules. Il se fourvoyait tellement dans le plaisir que lui procurait une maîtresse qu’il monta un complot pour répudier son épouse irréprochable. 

Il fit venir un jour un orfèvre chez lui quand sa femme était là. Ils s’entretinrent courtoisement pendant un instant mais il ne se passa rien entre eux. Cependant, le prince dénonça sa femme pour avoir eu une liaison honteuse avec cet artisan. 

Mais suite à une investigation, les autorités judiciaires acquittèrent la pauvre Park Gu-ma en jugeant l’accusation du mari non fondée. Puis, elles ordonnèrent à l’accusateur de se réconcilier avec sa femme.

Le fripon mit néanmoins à la porte sa pauvre conjointe innocente, Elle fut obligée de retourner chez ses parents. 

Un jour, sa servante lui murmura : « Je connais un homme bien fait de sa personne et fort intelligent. Voudriez-vous le rencontrer, madame ? Souvenez-vous qu’on n’a qu’une vie. Vous êtes encore jeune et belle. Songez à en profiter. » Eoudong suivit le conseil de sa soubrette. Ainsi, elle le vit, ils se plurent et c’était dans la poche…

Extrait du filme : "Eoudong : fleur sans maître"


En Corée, on dit : « Une fois qu’un moine a goûté à la viande, aucune mouche de son temple ne survit. » 

Une fois initiée au plaisir que peut procurer à une femme le désir d’un homme, notre héroïne n’arrêtera plus. Elle prétendit d’être gisaeng, maîtresse d’un aristocrate ou celle d’un roturier riche pour avoir lechamp libre dans ses liaisons qui allaient souvent « jusqu’au bout ». 

Ses aventures donnèrent lieu à de nombreuses légendes racontées par plusieurs écrivains de l’époque, toutes plus fantasmées les unes que les autres dont je me garderai bien de vous raconter ici les détails afin de ne pas nuire aux bonnes mœurs de notre groupe. 

Affiche du filme : "Eoudong : fleur sans maître"

Juste un petit exemple en résumé : « La servante de Eoudong était aussi belle que sa maîtresse. Au crépuscule, la soubrette se déguisait en fille de mœurs légères et faisait le trottoir pour choisir des hommes qui conviendraient à sa maîtresse et à elle-même pour la nuit. … La dame prenait le meilleur d’entre eux… » et ainsi de suite.

Par ailleurs, cette tradition a été relayée par de nombreux auteurs et réalisateurs contemporains qui ont réalisé des œuvres sur elle dont le visionnage est « interdit aux moins de 19 ans (19금) ». 

Quant au choix de ses partenaires, elle avait des critères bien démocratiques basés sur leurs mérites en la matière et non pas sur leur classe sociale. 

Parmi eux figuraient, par exemple, deux princes de sang,  des officiers de très haut rang comme ceux d’en bas de l’échelle, des roturiers et même un esclave. 

Par ailleurs, elle aurait été liée d’un amour particulièrement fort avec au moins trois d’entre eux, car elle se fit tatouer leurs noms sur ses bras et son dos, alors qu’à l’époque, le tatouage était infligé, d’ordinaire, seulement aux criminels ou aux esclaves. 

Ses aventures firent tant de rumeurs que même le roi Seongjong fut mis au courant.
La belle fut bientôt arrêtée et le monarque lui-même instruisit cette affaire. Il était furieux outre mesure. Comment une femme noble, qui plus est une membre de la famille royale, put-elle commettre un tel crime ! 

Il voulut tout de suite la condamner à mort. 

Extrait du filme : "Eoudong : fleur sans maître"

Soit dit en passant, le souverain lui-même n’était pas très sobre sur ce plan : il eut 13 maîtresses officielles et bien d’autres encore… à tel point que sa reine de la famille Yoon fut extrêment jalouse. Seongjong la fit exécuter, en gros, pour cette jalousie. 
* Pour en savoir plus cette histoire et leur fils devenu l’un des tyrans les plus célèbre de l’histoire de Corée : https://ours15.blogspot.com/2023/08/la-reine-est-jalouse-votre-majeste-on.html

Comme on dit en Corée, « Si c’est moi qui le fait, c’est la romance et si ce sont les autres qui le font, c’est de l’adultère ».

Mais beaucoup de ses ministres étaient contre en plaidant pour une peine plus légère. Car il y avait une jurisprudence. Séjong le grand, l’arrière-grand-père du roi Seongjong, eut lui aussi affaire à un cas similaire. 

Là, c’était encore pire. Une dame noble, comme Eoudong, avait été accusée d’avoir été un peu trop intime avec plus de 40 hommes ! 

Alors quelle peine l’inventeur du hangeul avait-il infligé à l’accusée et quel sort fut réservé à Eoudong ? 
La suite : https://ours15.blogspot.com/2023/09/yoo-gam-dong-femme-adultere-graciee-par.html

Commentaires

  1. C'est inattendu, dans ce contexteet pour l'époque mais même à notre époque et en France, une femme qui se comporte comme beaucoup d'hommes, pardon messieurs, je sais que ce n'est pas une généralité, mais...cette femme est immédiatement traitée de femme légère (dans la formule la plus courtoise) et bien sûr, cela ne peut-être de l'amour. C'est oublié que les premiers mariés qui se jurèrent fidélité avait des espérances de vie bien plus réduites que nous (28/35 ans environ en moyenne) et vivre et aimer la même personne sur si peu d'années devait être plus simple et les tentations moins grandes dû à la faible population. Je connais en réalité peu de couplé, même de l'âge de mes parents, qui sont restés ensemble pour surmonter toutes les difficultés d'une vie. C'est navrant,.Mais pour en revenir à ton texte si joli écrit, il y a une citation de Tristan Bernard, : " Les sont toujours sincères, ils changent de sincérité voilà tout" ont pourrait aujourd'hui aisément la reprendre en ces termes : " Les hommes sont toujours fidèles, ils changent de fidélité voilà tout."
    Si une personne célibataire assume ses choix et ses envies, personne ne devrait avoir à en juger mais si quelqu'un est humilié, blessé, bafoué publiquement ça devient immoral, si on aime la personne qui partage notre vie et qu'on respecte son couplé tout va bien!
    Merci pour ton récit Sojeong, bonne soirée.

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  2. Comment ne pas tomber sous le charme de ces pages d histoire. Un grand merci

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