Dans l’imagerie collective des Coréens, le lapin représente, entre autres, le faible opprimé par les puissants mais qui sait s’en sortir grâce à son intelligence et son sens de l’humour.
Voici l’histoire de l’empereur de la Mer qui se fit avoir par un petit lapin.
Cette fable populaire, largement diffusée aux alentours du 19e siècle notamment grâce aux chanteurs de pansori (une sorte d’opéra en solo) et aux romanciers, contient des idées aussi révolutionnaires que Les noces de Figaro, à l’époque où la loyauté pour le monarque et le respect de la hiérarchie sociale constituaient l’une des plus grandes vertus confucéennes.
Un jour, le maître des océans tomba gravement malade. Le médecin lui prescrit du foie de lapin comme seul médicament susceptible de le guérir.
La tortue fut désignée comme émissaire pour cette importante mission d’amener un lapin.
Elle réussit à tromper le lapin en lui promettant toute la gloire et la richesse du monde que son maître lui accorderait dès son arrivée au palais de la mer.
Or, le pauvre lapin fut foudroyé lorsque le souverain maritime lui annonça: « Il me faut ton foie pour sauver ma vie. Que tu ne sois point affligé de te sacrifier pour une si noble cause ! Si tu as quelque chose à dire avant de trépasser, dis-le maintenant.»
Notre brave petit animal se ressaisit vite puis répliqua : « Non, non, je ne le dirai pas. Tuez-moi sur le champ mais que vous ne le regrettiez pas ! »
Intrigué, son auguste interlocuteur lui fit s’expliquer. Sans sourciller, le malin répondit : « J’ai laissé mon foie avant de venir ici. Vous savez, nous, les lapins, nous sommes nés en recevant l’énergie faste de notre sainte mère, la lune. Ce qui fait de notre foie un remède si miraculeux.
A chaque pleine lune, je le sort, le lave soigneusement dans une eau pure, l’enveloppe bien dans une large feuille de plante de jouvence puis le suspend sur une branche d’un cannelier. Puis, dès que la lune commence à croître, je le remets. »
Comme l’empereur se montrait toujours sceptique, il déclara : « Si vous ne me croyez pas, tuez-moi ! Alors, vous n’obtiendrez non seulement ce que vous voudrez mais aussi vous aurez plus de difficulté à attraper un autre lapin ! »
Et comme preuve, il lui montra son nombril comme étant le trou par lequel il sort son foie. Pour l’y remettre, il l’avalerait par la bouche.
Enfin convaincu, le maître le laissa retourner sur la terre sur le dos de la tortue.
Une fois mis ses pattes sur la terre, notre petit héros prit le large en tournant en dérision la cupidité et l’égoïsme de l’empereur, l’obséquiosité et la stupidité de sa Cour et la loyauté aveugle de la tortue qui ne cherchait qu’à plaire à son maître au détriment de la vie d’un petit animal.
Note : Cette histoire fait partie des cinq répertoires du pansori qui sont encore chantés aujourd’hui. Pour le chant, on l’appelle « L’histoire du palais de la Mer (수궁가) ».
Pour ceux qui sont intéressé par ce genre traditionnel très authentique de Corée, je vous présente ce lien de YouTube dans lequel vous pouvez entendre l’endroit où le lapin trompe l’empereur : https://youtu.be/GXloRIYa-nc
Très jolie fable avec de très belles photos, Merci! beaucoup. A bientôt!
RépondreSupprimer