Shin Yoon-bpk, "Rendez-vous galant" |
Séjong le Grand (세종대왕, 1397-1450) poussa un gros soupir devant le dossier de Yoo Gam-dong, femme noble accusée pour avoir eu des relations très inappropriées avec plus de 40 hommes.
L’inventeur du hangeul ne fut pour autant pas hystériquement indigné comme ce fut le cas de son arrière-petit-fils, Seonjong (성종, 1457-1494). Mais les aventures de cette dame le laissèrent fort confus.
On est en 1427, soit 51 ans avant l’éclatement de l’affaire d'Eudong, elle aussi une dame de l’aristocratie accusée pour ses « liaisons dangereuses » avec 17 hommes.
L’histoire de Yoo Gam-dong est similaire à celle d’Eudong. Au départ, c’était l'épouse respectable d’un dignitaire. Mais un soir, lors d’un déplacement, elle croisa une bande de bandits alors qu’elle était seule avec une servante dans un endroit désert. Puis, il lui arriva ce qui arrive souvent dans ce genre de situation…
Dès lors, au lieu de chercher à se venger de madame contre ces malfaiteurs, son bonhomme de mari évita d’avoir des moments intimes avec son épouse « souillée ».
Un jour, il fut nommé gouverneur de Muan, district situé dans le sud-ouest du pays. Yoo Gam-dong resta à Séoul en prétextant une maladie.
Oeuvre de Kim Hong-do |
Depuis, elle opta pour la même voie que choisira l’héroïne de mon histoire précédente quelques décennies plus tard. Elle se prétendait carrément gisaeng, voire professionnelle encore plus spécialisée dans le secteur de la chair.
Notre brave belle eut un succès fou auprès des aristocrates renommés de l’époque non seulement pour son charme et quelques techniques physiques, mais aussi pour sa culture et son talent pour la littérature, résultat de l’éducation familiale en quelque sorte.
Le roi Séjong instruisit lui-même l’affaire.
Oeuvre de Shin Yoon-bok |
Que faire de cette libertine ? La plupart de ses ministres crièrent haut et fort pour la peine capitale contre cette « garce qui ébranla profondément le fondement éthique de l’Etat ».
Bon, d’accord. Sejong était lui aussi pleinement conscient que ce genre d’affaire pourrait nuire à la consolidation de Joseon (1392-1910) âgé alors à peine de 35 ans, d’autant plus que cette nouvelle dynastie avait pris comme idéologie de sa fondation l’une des versions du confucianisme qui prône la « vertu » de la femme comme l’un des axes principaux de la société.
Toutefois, le « monarque saint » était aussi un homme comme les autres qui n’était pas insensible au charme des belles. Il eut, par exemple, une dizaine de maîtresse attitrées même si il aima profondément son épouse, la reine Soheon de la famille de Shim (소헌왕후 심씨).
Mais à la grande différence de son arrière-petit-fils, il aurait compati avec la pauvre belle. En effet, il asséna à ses ministres déchaînés : « On ne devrait pas appliquer la loi à la lettre quand il s’agit d’une affaire d’amour ou de désir entre homme et femme. »
Les autorités judiciaires se prononcèrent, malgré tout, pour la pendaison. Mais le roi adoucit la peine en se contentant de l’envoyer comme esclave à un organe public situé loin de la capitale. Et l’année suivante, il allégea encore sa peine : il l’ exempta des travaux humiliants de l’esclave avant de l’exiler dans une campagne lointaine.
Or, 51 ans plus tard, en 1479, c’est exactement le contraire qui se passa à la cour. Plusieurs ministres plaidèrent pour une sanction similaire pour Eoudong, vu la jurisprudence de Sejong le Grand, mais Seongjong la fit pendre comme rebelle qui avait gravement porté atteinte aux fondements de l’État.
La série, "King and I" |
Alors que lui, il ne rechignait point à trouver le plaisir dans les bras de bien nombreuses belles…
Eoudong fut ainsi exécutée le 18 octobre 1480.
Elle laissa une fille, nommée Beonjwa. Personne ne put savoir qui était son père. Et on ne sait non plus ce qu’elle devint après la mort de sa mère.
Pour l'histoire précédente :https://ours15.blogspot.com/2023/09/eoudong-femme-adultere-ou-emancipee.html
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