Chanson : Demi-lune (반달), la première comptine moderne de la Corée


Les oursons adorent que je leur chante cette comptine en guise de berceuse au moment où je les couche. 
Demi-lune https://youtu.be/7ejhlhtYR34?si=0tf5Z1EIYZNG5ljD
- texte et musiqu par Yoon Geuk-young
- traduit par Shim So-jeon

Sur le ciel bleu et la voie lactée 
A bord d’un petit bateau blanc 
Un cannelier et un lapin. 
Sans mât ni perche 
Qu’il avance pourtant bien vers le pays de l’Ouest ! 

Une fois passé la voie lactée, 
Le cap sur le Pays des nuages ! 
Mais après le Pays des nuages, Où aller… ? 
Regarde ! Quelque chose clignote au loin ! 
L’étoile du matin ! C’est ton phare. Cherche maintenant ton chemin ! 


Il s’agit de la première comptine moderne de la Corée. Composée par l’auteur-compositeur Yoon Geun-young (윤극영, 1903-1988) le 12 octobre 1924, elle fut publiée dans son premier recueil de comptines en 1926. 

A ce moment-là, la Corée grelottait dans l’ombre de l’occupation japonaise (1910-1945). Le Japon cherchait à rentabiliser au maximum sa position dominante dans le pays en pressurant le peuple coréen. 

En parallèle, Tokyo mit en place une série de politiques visant à effacer l’identité nationale du pays et du peuple, en déformant l’histoire, interdisant l’usage du coréen, en obligeant les Coréens à changer leur nom à la manière japonaise, et j’en passe. 

Dans ce contexte, beaucoup d’enfants coréens subissaient une grande pauvreté chez eux et à l’école, le mépris de la part des professeurs nippons qui leur répétaient que les Coréens étaient un peuple non-civilisé et inférieur aux Nippons. 


Le jeune musicien pensa qu’il était urgent de sauver les enfants contre la répression, la misère, le mensonge, l’humiliation et le désespoir. Il fallait vite leur aménager un petit coin de rêve, de beauté et d’espoir afin qu’ils puissent puiser la force de résister à toute forme d’oppression. 

Il profitera de ses talents de poète et de musicien pour venir au secours des petits innocents. Il composa ainsi des centaines de comptines pour les enfants, toutes plus belles, tendres et douces les unes que les autres. 

Car il avait vite compris la force de la musique et de la littérature comme moyens de lutte contre les conditions et destins humains qui sont parfois peu bienveillants et nous précipitent dans un profond désespoir. Et c’était bien le cas de la plupart des Coréens comme je viens de l’expliquer. 

En plus, au moment où il avait décidé de consacrer sa vie à cette noble vocation, le poète-compositeur alors âgé de 21 ans perdit sa sœur. 


Pour lui comme pour les pauvres petits enfants du pays, il leur fallait une lumière, 
susceptible de leur redonner le courage de se relever. 

Un matin, il leva la tête et aperçut l’étoile du berger, qui scintillait à côté d’une demi-lune. L’étoile semblait guider la lune pour lui indiquer le chemin qui la mènerait à l’ouest. 
Ce qui lui aurait rappelé ce Pays de l’Ouest, le paradis des Bouddhistes, qui se trouverait à 1 milliards de lieues de l’Inde à l’ouest. 

Le musicien crut voir, soudainement dans la lune, à la fois l’âme de sa sœur partie trop tôt et un petit lapin aussi vulnérable et sans défense que les enfants coréens de l’époque. Mais celui-là était un marin courageux. Il naviguait sur un petit bateau afin d’arriver au havre tout en luttant vaillamment contre vents et marrés en avec la sœur du poète. 

Après un voyage chaotique et fastidieux dans le « pays des nuages », les voyageurs au bord de la lune se sentirent pourtant épuisés et perdus. 

Et là, l’auteur les secouent en leur criant : « Regarde ! Cette lumière clignotante au loin, cette étoile du matin ! C’est ton phare, suis-le, il te montera le chemin ! ».


Ainsi, Yoon Geuk-young recommande vivement de chanter « Demi-lune » jusqu’à la fin du 2e couplet. Aujourd’hui encore, ce message d’espoir résonne longtemps dans le cœur de chacun des Coréens et nous encourage de poursuivre notre chemin.

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