K-ballet

Don Quichotte. Universal Ballet (UBC)


C’était en 1988. L’URSS participait aux JO de Séoul avec des ballerines de Bolchoï. Leur spectacle fut retransmis à la télévision. Frappée par la beauté de la danse classique, ma famille alla voir, la même année, Casse Noisette donné par le Korea National Ballet (KNB). 

Honnêtement, ce n’était point la même chose, l’écart entre les deux compagnies ayant été désespérant. Je n’y étais plus retournée préférant dépenser tous mon argent de poche pour réserver une place au fin fond du troisième étage chaque fois que les troupes de Bolchoï ou de Mariinsky venaient se produire à Séoul. 

Sérénade. KNB


Puis, les études et le travail m’éloignèrent doucement de ce monde féerique. Or, un jour, en 2010, je tombai sur une affiche du KNB: la compagnie coréenne produisait toujours Casse Noisette, mais cette fois-ci, chorégraphié par Iouri Grigorovich, ancien directeur du Théâtre de Bolchoï. Il s’agissait de l’une des versions les plus difficiles techniquement parlant. Fort intriguée, je réservai une place. 

Et que vis-je ? Une transfiguration fulgurante du ballet coréen ! Je me fusse crue à Moscou ! Tous les danseurs, dotés d’un corps irréprochable incarnaient parfaitement cette chorégraphie exigeante avec le décors, les costumes et l’orchestre impeccables. 
Que s’est-il passé, donc, pendant ces deux décennies ? 

Chunhyang. Création originale de l’UBC basée sur une histoire traditionnelle du pays du même nom. A recommander aux amoureux du hanbok.


Suite à la libéralisation du voyage à l’étranger et à l’effondrement du mur du Berlin en 1989, une grande bouffée d’air frais venu de l’extérieur nous prenait d’assaut. Et nous en avions plus ou moins les moyens de nous en enivrer, le RNB par habitant ayant grimpé de 76 dollars au moment de l’armistice (1953) à 20 560 en 1989. Sur les plans juridique, idéologique et économique, nous étions ainsi prêts à s’élancer vers le monde. 

Les « petits rats » sud-coréens perfectionnaient leur art en Russie, en France, aux Etats-Unis, en Allemagne, etc. De nombreux partenariats furent contractés entre les écoles de danse et les compagnies coréennes et étrangères, entre le KNB et le Théâtre du Bolchoï, ou entre l’Universal Ballet (UBC), l’autre géant sud-coréen du secteur, et le Mariinsky, pour n’en citer que quelques uns. 

Kim Ji-young, ancienne étoile du KNB dans le rôle de Gisèle 



Et ces jeunes danseurs se mirent à remporter les prix de différents concours internationaux de renom, à être nommés comme solistes dans de célèbres compagnies étrangères ou ils revinrent pour rejoindre les troupes sud-coréennes. 

En même temps, le ballet s’est généralisé : depuis une vingtaine d’année, toutes les fillettes en bas âge l’apprennent à l’école maternelle ou/et dans les cours privés, qui ont proliféré à travers le pays.

Dernier exploit en date. Park Seo-eun, entièrement formée en Corée, s’est hissée au plus haut firmament de l’Opéra de Paris en juin dernier ! Son fondateur n’eût pas refusé de servir de danseur noble à cette première étoile asiatique de la compagnie française !

Park Seo-eun dans le rôle d’Odette du Lac des cygnes. Elle a été nommée comme étoile de l’Opéra de Paris en juin 2021



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