D’après vous, quel est le plus beau bruit du monde ?
Ce matin, je faisais des recherches sur Internet pour rédiger un nouvel article sur Hwang Jini, la kisaeng la plus célèbre du pays lorsque je suis tombée par hasard sur cette charmante anecdote de l’époque qui m’a fait rire de bon cœur.
L’action se passe au 16e siècle.
Un soir, cinq hauts dignitaires de Joseon (1392-1910), se réunirent autour d’un banquet bien arrosé.
Il s’agissait des plus grands érudits qui jouissent encore aujourd’hui d’une grande renommée.
En plein milieu de la fête, quelqu’un posa cette question : « Quel est le plus beau bruit du monde ? »
Chacun donna sa réponse en forme de poésie :
Jeong Cheol (정철) : « Le bruit du nuage qui passe en éclipsant le claire de lune alors que la lune inonde de sa lumière éclatante le haut d’un pavillon »
Shim Heui-soo (심희수) : « Le bruit du vent qui frôle l’entrée d’une grotte d’une montagne lointaine couverte de feuilles colorées »
Ryu Seong-ryong (류성룡) : « Le bruit que mon épouse fait en filtrant de l’alcool dans une petite bouteille que j’entends tôt le matin dans mon demi-sommeil »
Yi Jeong-gu (이정구) : « La voix d’un jeune élève qui récite des poèmes dans une petite école d’un village perdu au fin fond de la vallée »
Mais l’illustre assemble dut s’incliner devant Yi Hang-bok (이항복 1556-1618) lorsque celui-ci déclara : « C’est le bruissement qu’une belle femme fait en dénouant les cordes de son jupon au fin fond d’une petite chambre par une nuit profonde ! »
Tous ces cinq illustres convives méritent chacun plus d’un post, tellement connus pour leur talent non seulement en tant que littéraire mais surtout comme habile administrateur.
Mais aujourd’hui, je me contenterai de vous présenter très brièvement le gagnant de cette compétition poétique improvisée.
Yi Hang-bok occupa différents postes clés auprès du roi Seonjo et de son successeur Gwanghaegun et accomplit bien des exploits à la Cour pendant la guerre d’invasion japonaise, dite guerre d’Imjin (1592-1598). Mais il est également célèbre pour son sens de l’humour extraordinaire et sa beauté qui faisaient tourner la tête de bien des femmes quand il traversait la rue.
Contrairement à ce qui pourrait faire supposer sa réponse un tantinet coquine, ce n’était pas un coureur du jupon. Il aima tendrement son épouse à tel point que leur amour devint légendaire. Mais il aimait bien aussi la taquiner. Qui aime bien taquine bien🙄.
Un soir, lorsque cette dernière faisait de la broderie tranquillement dans sa chambre, un esclave en haillon masqué se précipita vers elle, lui posa une grosse bise à sa joue, retira la grande épingle de son chignon, puis s’enfuit avec cet objet intime.
La pauvre tomba malade de honte et n’osa pas raconter ce scandale à qui que soit, encore moins à son époux. Inquiet de la santé de sa femme, Yi Hang-bok lui tendit l’épingle volée. C’était lui qui s’était déguisé en esclave !
Et en hiver, lorsque Yi rentrait tard la nuit, il aimait bien se mettre sur une grande pierre bien froide dans son jardin avant de s’infiltrer dans la couette auprès de sa bien-aimée pour la surprendre avec la froide sensation !
Un jour, pour le punir, sa femme fit chauffer à blanc la pierre juste avant son arrivée. Comme d’habitude, avant de rejoindre sa belle, Yi Hang-bok s’assit sur la pierre… Je vous laisse imaginer la suite.
Enfin, Yi Hang-bok est aussi célèbre pour son amitié avec Yi Deok-hyeong, de 5 ans de son cadet, lui aussi doté d’un humour hilarant. Ils firent plein de bêtises ensemble même après avoir accédé aux plus hautes fonctions de l’État.
Commentaires
Enregistrer un commentaire