L’épouse du roi Jeonjo (Yi San) : la reine Hyoeui (효의왕후, 1753-1821)


Elle était la grande absente de la série historique à grand succès, The Red Sleeve qui raconte l’histoire d’amour du roi Jeongjo avec Seong Deok-im, qui faisait partie du personnel féminin de la cour. 

Pour rappel, ce drama est basé sur des faits historiques . Le roi Jeongjo, Yi San, était follement amoureux de cette fille issue d’une famille roturière. En effet, elle fut la seule maîtresse attitrée de son choix, alors que son épouse et trois autres concubines lui furent imposées pour assurer la descendance. 

Mais du début jusqu’à la fin de ce drama, on ne voit pas la reine. Elle apparaît sporadiquement dans des discussions des personnages mais c’est tout. 

Or, d’après les historiens, elle assuma d’abord parfaitement le rôle difficile de l’épouse d’un prince héritier dont le statut restait fragile, ensuite celui de la « mère du peuple ». 

Issue d’une des plus grandes familles aristocratiques, elle fut sélectionnée, à l’âge de 9 ans, comme épouse de Yi San, le futur Jeonjo.

Mais quelques mois après son entrée à la cour, son beau-père, le fameux dauphin Sado, périt tragiquement dans un coffre de riz où son père le roi l’avait enfermé, suite à d’innombrables crimes qu’il avait commis. 

Trois ans après, lors qu’elle avait 13 ans, le mariage avec son royal époux fut consommé mais elle n’arrivait pas à avoir des enfants. Du coup, elle dût supporter qu’on donne, successivement, deux maîtresses officielles à son mari, chacune choisie à l’issue d’un concours organisé auprès des filles de familles nobles. 

Il n’empêche qu’elle entretint d’excellentes relations avec presque tous les membres de la famille royale, ce qui relève d’un véritable exploit, vu les caractères des personnages concernés. 

Son beau-grand-père Yeongjo était, certes, l’un des plus grands rois de la dynastie de Joseon (1392-1910) mais comme le montre la série, il était parfois capricieux et surtout très susceptible. Sa jeune belle-grande-mère, la reine Jeongsun, était une fine stratège politique qui ne laissait pas trop entrevoir ses sentiments. 

Même son beau-père, Sado, qui souffrait d’une grave maladie mentale l’adorait et sa belle-mère l’aima tendrement comme sa propre fille. 

Enfin, faute d’être aimée de son mari, elle fut au moins une compagnonne et partenaire fiable tout au long de leur vie. 

Parlons maintenant des relations entre la reine et Seong Deok-im, qui devint Euibin, maîtresse du premier rang du monarque. 

D’après le témoignage du roi, elles furent aussi proches comme des sœurs. Deok-im servait avec dévouement la reine et cette dernière s’occupa d’elle et des enfants nés entre son époux et Deok-im avec amour.

Et pour cause… Seong Deok-im entra au service de la mère de Jeongjo à la même année que la reine entra à la cour. Elles avaient alors le même âge, 9 ans. Et Jeonjo, 10 ans. 

Selon mon imagination un tantinet anachronique, entre ces trois gosses, il se serait établi une sorte de camaraderie. Jeongjo ainsi que sa femme auraient pu trouver une oreille attentive d’une fillette de leur génération alors qu’ils durent faire face à la dure réalité, la mort de leur (beau) père décrétée par leur (beau) grand-père. 

Jeongjo, à l’époque prince héritier Yi San, tomba ensuite amoureux de cette copine et À l’âge de 15 ans, il lui demanda de recevoir ses « faveurs ». Deok-im le rejeta net, en déclarant : « Ca ne se fait pas alors que la dauphine est encore jeune et n’est pas enceinte ». 

15 après, devenu alors le maître du pays, Jeonjo renouvela cette tentative mais dût essuyer une nouvelle fois son refus pour la même raison. Cette fois-ci, il ne se laissa pas faire, punit l’un des serviteurs de Deok-im, ce qui aurait obligée cette dernière à accepter ses faveurs. 

Mais même après, Deok-im resta fidèle à la reine jusqu’au jour de sa mort précoce à l’âge de 34 ans. La reine pleura alors, toujours selon Jeonjo, comme si elle avait perdu sa vraie sœur. 

Après la mort de Deok-im, comme leurs enfants décédèrent tous, Jeongjo dût  recevoir une nouvelle concubine, sélectionnée  encore une fois à l’issue d’un concours officiel. 

Cette dernière, qui s’appelait Subin de la famille de Park, finit par lui donner un fils qui hérita du trône. 

La reine Hyoeui l’éleva comme son vrai fils et s’entendit bien avec Soobin. Elle rendit son dernier souffle à l’âge de 67 ans, 20 ans après que son royal mari eu rejoint l’éternité. 

Certains observateurs avancent qu’elle eut plutôt de la chance sur le plan des maîtresses de son mari, comme Jeongjo était très sobre pour les liaisons extraconjugales, sauf avec Deok-im.

Mais je m’interroge parfois sur ses vrais sentiments vis-à-vis de sa « copine » d’enfance, notamment lors de ces nombreuses nuits où elle le savait en compagnie de son homme. 

Elle, qui fut réputée pour être parfaite belle-fille , épouse bien sage, reine douce, prévenante, discrète et économe, et plus tard, comme une mère attentionné vis-à-vis du fils que son mari eut avec une autre femme, qu’est-ce qu’elle a bien pu penser alors ?

Dommage qu’on ne la voie pas dans la série The Red Sleeve.

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