Dans la série Reply 1988, on montre la façon dont beaucoup de Coréens ont découvert les spaghettis. L’une des mères finit par les préparer comme on fait des bibimguksu, en mélangeant dans un grand saladier les spaghettis et la sauce tomate avec une main.
Cependant, déjà en 1983, quand j’avais quatre ans, les spaghettis étaient l’un de mes plats préférés. Mais, là, il s’agissait des « spaghettis sans spaghetti ».
Mais c’est quoi cette histoire ?
Avant la diffusion des pâtes italiennes, la compagnie agroalimentaire du pays, Ottogi, a lancé, en 1981, l’ensemble de produits instantanés, « Trois minutes », tels que « Trois minutes sauce jjajang », « Trois minutes sauce curry », etc. Certains d’entre vous ont dû déjà essayé quelques uns comme ils sont disponibles dans des épiceries coréennes.
Il s’agit des sauces, voire des meatball et hamburger, contenues dans un sachet qu’on peut chauffer dans l’eau bouillante pendant trois minutes.
Parmi eux se trouvait « Sauce spaghetti trois minutes » (3분 스파게티소스). C’était à base de sauce tomate cuisinée avec un soupçon d’oignon et un faible souvenir de viande hachée, ce qui faisait d’elle une cousine lointaine de la sauce bolognaise.
Or, il était encore très difficile de trouver dans des supermarchés du quartier des vraies pâtes italiennes. On les remplaçaient pas les nouilles déshydratées coréennes de kalguksu.
On optait plutôt pour les kalguksus pour leur épaisseur plus généreuse que celle de somyeons, les nouilles fines qu’on utilise pour les bibimguksu ou janchiguksu.
On ne le savait pas mais finalement ce choix n’était pas si mauvais étant donné que la forme des kalguksus s’apparente à celle des tagliatelles.
Alors, l’arrivée des vrais spaghettis sur les marchés à la fin des années 1980 nous a rendus quelque peu confus, comme cela est si bien décrit dans Reply 1988.
Qu’est-ce qu’elles nous paraissaient dures, ces nouilles jaunes ! Et le temps de cuisson nous paraissait aussi démesuré alors que pour les nouilles déshydratées, quatre minutes suffisait.
Avec son lancement, les agroalimentaires coréens se sont mis à présenter des sauces pour les pâtes à base de tomate. Les emballages ont été également diversifiés.
Dix ans plus tard, lorsque je venais d’entrer à la fac en 1998, un ancien élève de mon université (대학선배) m’avait invité dans un resto de franchise des pâtes, Sorento (쏘렌토).
Là, j’ai voulu commander un spaghetti bolognaise. Cependant, il m’a conseillé d’essayer des spaghettis avec une sauce « blanche » que je n’ai jamais entendu parler jusque-là. Ce plat s’appelait « carbonara spaghetti » accompagnés de crème fraîche.
Quelle révélation ! Quel délice !
Condescendant, monsieur le convive m’a expliqué qu’en Europe, on fait d’autres sauces que celles à base de tomate et qu’il y a d’autres formes de pâtes aussi.
En effet, à partir des années 1990, plusieurs restaurants de franchise des pâtes ont été ouverts avec un immense succès, comme Spaghettia (스파게티아) ou Sorento (쏘렌토). Ces restos de moyenne de gamme, comparables aux pizzerias en Europe, ont joué un rôle important dans la diffusion des pâtes chez les Coréens.
A partir de la fin des années 2000, les restaurants de pâtes indépendants, plus authentiques et distingués, ont remplacé progressivement ces franchises. La série à grand succès, Pasta, diffusé en 2010, reflète bien cette tendance.
Entretemps, on a assisté à la prolifération des cours de cuisine et des livres de recettes sur les pâtes italiennes.
De leur côté, les entreprises agroalimentaires majeures de Corée, comme Ottogi ou CJ se sont mises à fabriquer elles-même différentes pâtes et sauces. Les importations de pâtes ont également augmenté considérablement.
Ainsi, aujourd’hui, on peut facilement trouver des sachets de cinq à six espèces de pâtes de marques coréennes et importées dans des supermarchés du quartier, tels que les spaghettis, les macaronis, les farfalles, les fettucines ou les lasagnes. Et pas mal de Coréens connaissent les noms des différents types des pâtes italiennes.
Nous avons aussi créé de nombreuses pâtes fusions, telles que les pâtes au ttukbaegi, petit pot traditionnel coréen, avec un peu de bouillon épicé, des sauces « rosées », mélange de sauce tomate ou de gochujang et de crème fraîche, des pâtes aux œufs de merlans, aux fougères sautées à l’huile d’olive, etc.
Et pour la sauce classique alio et olio, on met deux ou trois fois plus d’ail que les Italiens.
Chez la famille Ours, on a toujours plusieurs sachets de pâtes dans les placards. Et Papa Ours aime les accompagner avec la sauce de jjajang et celle de curry !
Quant à moi, j’aime beaucoup faire des pâtes à la ratatouille surtout en été ou des farfalles au saumon à la crème fraîche. Très curieusement, je n’ai essayé la sauce bolognaise que samedi dernier. Comme les oursons en raffolent, elle est entrée dans le répertoire des pâtes de la famille Ours !
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