Ma mère, lors d'un concours nataional. Elle remporta le premier prix. |
Ma mère était danseuse traditionnelle avant de se marier avec mon père à l’âge de 27 ans. Très intéressée par mes activités sur notre groupe, elle a souhaité que je publie son témoignage sur son école où elle a appris la danse.
« J’aimais la danse traditionnelle depuis que je la commençai à l’âge de six ans.
Au sortir de l’école primaire, je fus ainsi ravie d’apprendre qu’une nouvelle école venait d’ouvrir où on pouvait recevoir à la fois l’enseignement secondaire et la danse, les instruments musicaux, le chant traditionnels etc.
Ma mère en costume de danse |
Quatre artistes de renom, dont ma prof de danse, Han Young-sook (한영숙), la chanteuse de pansori Kim So-hee (김소희) et la joueuse de sitar coréen gayageum, Park Gui-hee (박귀희), se réunirent pour créer une école de l’art traditionnel en 1960.
Jusqu’à la fin du 19e siècle, les artistes appartenaient à la classe située en bas de l’échelle sociale. Les kisaeng, les shamans ou les musiciens, les chanteurs et les danseurs ambulants pratiquaient l’art traditionnel populaire.
De l’autre côté, les musiciens et les danseurs de la cour royale développaient l’art traditionnel royal.
Une danse traditionnelle royale. Le style est différente de celui de la danse traditionnelle populaire |
Mais à partir du début du 20e siècle, les artistes, inspirés par les pratiques modernes venues de l’Occident, essayèrent d’institutionnaliser, classer, voire recréer les répertoires classiques quel que soit le genre qu’ils pratiquaient.
Cependant, les autorités nipponnes qui occupèrent le pays entre 1910 et 1945 manœuvrèrent pour rabaisser la valeur de la danse et de la musique coréennes comme si elles n’étaient bonne qu’à rehausser l’ambiance de repas des hommes bien arrosés.
Ils n’empêchent que les musiciens et danseurs coréens arrivèrent à créer des associations et former des jeunes de manière plus structurée qu’auparavant.
Les trois grandes artistes que j’ai évoquées furent elles aussi formées par ces précurseurs.
Cette école, baptisée à l’époque, Ecole d’art et de musique traditionnelles, dispensaient des cursus du collège et du lycée à ses élèves.
La danseuse Han Young-sook, la professeur de ma mère |
Ce qui est étonnant, bien qu’elle fût une école privée au début, l’État fournissait une bourse à tous les élèves comme c’est encore le cas aujourd’hui.
Alors que dans les années soixante, beaucoup de familles ne mangeaient pas encore à leur faim.
L’effort du gouvernement pour transmettre la culture traditionnelle était en effet louable. Ces trois professeures furent toutes désignées comme « patrimoine culturel immatériel », ce qui leur donna droit au soutien actif de l’État pour leurs activités artistiques et éducatives.
La chanteuse de pansori, Kim So-hee |
L’exécutif organisa également des concours pour encourager les jeunes à développer leur talent.
Enfin, parallèlement à cette école dédiée à l’enseignement des arts traditionnels populaires, le gouvernement a fondé une autre école spécialisée dans la danse et dans la musique de la cour royale.
Pour moi, mon école, c’était un paradis. Je pus préparer le concours d’université d’art tout en apprenant et pratiquant sur scène différentes danses !
Oh oui. Sur scène aussi. Car à l’époque, il n’y avait que très peu de divertissements accessibles pour les habitants du pays. Du coup, nous étions très sollicités et faisions souvent la tournée de différentes villes.
Ma mère dansant la Danse de la paix à Gyeongbokgung |
En plus, depuis la normalisation des relations diplomatiques avec le Japon en 1965, nous avons même eu plusieurs occasions de nous produire sur l’archipel ! Quel privilège à l’époque où le voyage à l’étranger à des fins touristiques était interdit.
Et parmi les anciens élèves de mon école, on compte d’innombrables grands artistes du pays, tels que Park Beom-hoon(박범훈), l’un des plus grands compositeurs de musique traditionnel, et Kim Duk-soo(김덕수), ce fameux chef de l’équipe de percussions(사물놀이).
Le grand maestro de la musique traditionnelle populaire de Corée, Pak Beom-hoon. Il était l'un des camardes de classe de ma mère |
Enfin, la contribution pour la transmission et le développement des arts traditionnels de mon école fut pleinement reconnue par l’État, qui nationalisa l’école et la rebaptisa « National Highschool of Korean Traditionnel Art » en 2008.
Voilà, la petite histoire de mon école. Tu devras expliquer, en racontant ce récit à tes amis francophones, que la Corée a pu devenir aujourd'hui une puissance culturelle grâce aux efforts de ces artistes et au soutien du gouvernement quel que soit son orientation politique. »
Kim Deok-soo et son groupe de percussions |
Ma mère remporta le premier prix du Concours national des étudiants en 1970 pour « la danse de moine ». Vers la fin de cette danse, elle joua toute seule avec neuf tambours, sans musique, ni assistance d’autres instruments de percussion.
« J’ai perdu sept kilos en préparant ce concours », a-t-elle ajouté en souriant
Bravo Madame ! Je suis très admirative. Bravo aussi à tous vos professeurs et ceux qui ont donné tant pour que se perpétuent ces traditions ! 😊
RépondreSupprimerOdile Laparra
Félicitations Madame pour votre parcours et pour votre amour pour ces danses absolument magiques d'une très grande grâce 🥰
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