Souvenirs de ma vie au lycée (15 à 18 ans)



Je vois revenir régulièrement des publications sur le système scolaire coréen. Il est vrai que les jeunes sont souvent sommés de déployer tous leurs efforts pour entrer dans une bonne université. Cette pression est l’une des sources principales de leur stress. 

C’était aussi bien le cas de mon frère. Elève brillant et fils aîné de la famille, mes parents ne doutaient pas qu’il puisse entrer à l’Université Nationale de Séoul (SNU), l’établissement le plus prestigieux du pays. Il n’a pas déçu cette attente mais à quel prix ! Il a travaillé dur…

Alors que moi, j’étais une ado insouciante, bien tranquille et heureuse. Mes parents, surtout ma mère, croyaient que le bonheur des femmes consiste à épouser un bon mari et avoir des enfants, si possible, des filles. 

Cours de la politesse et de la tradition de mon lycée

Il n’empêche qu’elle a fourni tous les soutiens nécessaires, financier et moral, pour que je puisse poursuivre mes études aussi longtemps que je le voulais. 

Cette indifférence bienveillante m’a permis d’avoir une belle adolescence. Je ne me privais pas, parfois un peu trop, des activités qui m’enthousiasmaient, jouer du piano, confectionner des robes du style du milieu du 19e siècle, notamment pour mes poupées, ou bien écouter de la musique. 

Et comme je n’étais pas trop stressée pour les résultats scolaires, j’ai pu apprécier à leur juste valeur et étudier très activement des matières qui me passionnaient, à savoir, le français, le coréen, la littérature coréenne, la chimie, la danse, la musique, la partie théorique de l’art, l’Histoire du monde et l’Histoire de Corée. 

Si seulement il n’y avait pas eu les maths, l’art, la physique et la géologie, ça aurait été vraiment parfait. Car j’étais absolument nulle pour ces matières. 

Un jour, une prof d’art me regarda attentivement dessiner une présumée pomme avant de lancer cette remarque empreinte d’une profonde pitié : « Mais tu n’es vraiment pas douée pour la peinture ! »  et elle me donna une meilleure note pour m’encourager à mieux faire. 

Pour les autres matières, l’exercice physique, l’anglais, les tâches ménagères, la gestion du foyer, la géographie du monde, la géographie de Corée, la biologie, l’exercice militaire, l’éthique, la politique et l’économie, les caractères chinois classiques, je me débrouillais plus ou moins bien. 

Je révisais presque toujours ces matières au dernier moment, à la veille de l’examen. Si j’arrivais à rester éveillée la nuit, j’avais de bonnes notes. Mais si je m’endormais, catastrophes ! 

Du coup, la courbe de mes notes ressemblait à de véritables montagnes russes. Et la professeur de ma classe, une jeune femme de 30 ans que toutes les élèves adoraient, me conseillait toujours de faire un peu plus d’effort pour les stabiliser. 

Mais quand j’étais en terminale, j’ai travaillé plus sérieusement pour avoir de bonnes notes au suneung, l’équivalent du bac français en Corée, parce que je voulais continuer mes études sur la langue et la littérature française à la fac. J’étais bien motivée.

A la sortie du lycée, j’ai constaté que j’avais appris pas mal de choses. Ces connaissances dans différents domaines m’ont en effet bien servi ensuite pour d’abord exercer le métier de traducteur, puis pour travailler à l’entreprise que j’ai quittée après le mariage. 

Ainsi, je pense que le système et le cursus de l’enseignement secondaire en eux-mêmes ne sont pas aussi mauvais qu’on ne le pense. Mais je crois que c’est plutôt la mentalité des parents qui pèse lourd sur les élèves. 

Voilà… je devrai faire attention pour ne pas trop stresser les oursons. Ce ne sera pas si facile, car, déjà mon grand, âgé de 8 ans, est plus récalcitrant que je ne l’étais, à chaque fois que je lui dis de faire son devoir de l’école ! 

* Avant d’aborder de manière plus générale ce sujet sensible, j’ai voulu d’abord raconter le cas de mon frère, qui est conforme à l’image que vous vous faîtes de l’éducation coréenne car il faisait partie du 0,1 % des meilleurs élèves. Moi, qui balançais entre 2 % à 5 % , j’avais une vie bien tranquille.

J’aimerais également vous raconter, dans l’une de mes prochaines publications, l’histoire de mes cousins . Ils n’étaient pas forcément des élèves brillants mais ils ont réussi à se faire leur chemin. Ils ont trouvé un travail stable et mènent une vie pleinement épanouie. Je pense que leur parcours pourraient vous intéresser.

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