Yi Hang-bok (이항복, 1556-1618), l'un des plus éminents hommes d'Etat de Joseon

« Le plus beau bruit du monde, c’est le bruissement que fait une belle femme en dénouant les cordes de son jupon... »

Célèbre pour ses traits d’esprit hors norme, Yi Hang-bok est avant tout l’un des hommes d’État les plus éminents de l’histoire de Corée, notamment réputé pour son intégrité, son impartialité et son dévouement pour le peuple et la patrie.

Issu de l’une des familles les plus illustres, il a réussi au concours des fonctionnaires à l’âge de 23 ans sous le règne du roi Seonjo (1552-1608). Depuis, il occupa plusieurs postes clés à la Cour pendant presque 40 ans, dont ceux de ministres de la Défense et de la Justice ainsi que celui de Premier ministre. 

Pourtant, il ne profita pas de sa haute position pour s’enrichir et mena un train de vie très sobre, ce qui fut souvent cité comme exemple d’un fonctionnaire intègre. 
Il fit également preuve du talent en tant qu’habile diplomate et stratège notamment pendant la guerre d’invasion japonaise (guerre d’Imjin, 1592-1598).

Hwasanseowon Confucian Academy of Pocheon, érigé en 1635 en l’honneur de Yi Hang-bok. Il fut restauré en 1971 puis désigné comme monument historique de la province de Gyeonggi en 1975

Envoyé comme émissaire spécial en Chine au début du conflit, il persuada l’empereur de la dynastie Ming d’envoyer des renforts et intervint à chaque fois que survenaient des malentendus entre les deux alliés. 

En même temps, également chargé des affaires militaires,  il essaya d’inciter le peuple à prendre les armes contre les envahisseurs et de réorganiser l’armée. 

A ce titre, Yi Hang-bok apprécia à sa juste valeur l’amiral invincible, Yi Sun-sin. Selon lui, le héros de la guerre d’Imjin était aussi  passionné et dévoué pour la patrie que les hommes ordinaires le sont pour l’alcool et les belles femmes.

Après la guerre, il parcourut tout le pays pour constater sur le terrain combien le conflit ravagea la vie du peuple avant de rédiger 16 propositions visant à alléger leur souffrance. 

Après le décès de Seonjo en 1608, il continua de servir son successeur, Gwanghaegun. Mais il fut exilé en 1618 car il s’opposa à une décision du jeune roi qu’il jugea contraire à la vertu prônée par Confucius. 

Sur la route vers son lieu d’exil, il composa ce poème en soupirant : 
« Nuage qui passe au-dessus de la haute cime de la colline Cheollyeong !
 Pourquoi ne pas prendre les larmes d’un sujet innocent mais délaissé,
 Pour les verser au fin fond du palais où réside mon bien-aimé (le roi) »

Yi Hang-bok éteignit dans la solitude sur son lieu d’exil le 4 juillet 1618 à l’âge de 61 ans. Suite à son décès, une grande foule de personnes issues de toutes les classes se pressa pour lui rendre dernier hommage. 

Environ deux siècles plus tard, Jeonjo (1752-1800), le héros de The Red Sleeve et l’un des plus grands rois de Joseon, saluera dans un livre « un Premier ministre doté de multiples talents, à savoir la loyauté, la compétence, une belle plume et la vertu »

Enfin, il fut aussi un fin connaisseur de la littérature et laissa plusieurs poèmes et livres célèbres qu’on apprend encore aujourd’hui à l’école. 

Voilà  la carrière officielle de Yi Hang-bok résumée en quelques lignes. 

Or, dans le volume consacré au roi Seonjo des chroniques royales de Joseon, on peut lire, à son égard, que « son sens de l’humour était débordant. » Selon certains historiens, il se peut que ce fût lui-même qui glissa cette phrase dans ce document historique car il était responsable de la rédaction du volume en question suite au décès du roi Seonjo. 

En effet, selon différentes archives, il avait pour surnom « Premier ministre plaisanterie ou farceur (농담정승) ». Et vous verrez pourquoi… dans ma prochaine publication ! 

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