Extrat de la série, "Saimdang, le journal de la lumière". Elle n'a rien à voir avec le contenu de ce post 😁 |
Elle était sa voisine, la belle petite-fille de Son Excellence Gwon Cheol (권철, 1503-1578) Premier ministre du roi Seonjo (선조, 1552-1608).
Lorsqu’elle atteignit l’âge de convoler, une foule de prétendants issus des familles illustres se pressèrent auprès de sa famille jour et nuit. Du coup, ses parents et grands-parents avaient du mal à en choisir un.
Or, un jour, Yi Hang-bok (이항복, 1556-1618), alors âgé d’environ 18 ans, croisa l’Excellence dans la rue. Il lui demanda : « Voudriez-vous juger quelqu’un par son extérieur ou aussi par son intérieur ? »
« J’aimerais bien voir aussi son intérieur mais serait-ce possible ? », répondit le haut dignitaire.
Et alors, selon la version racontée dans les biographies destinées aux enfants, le jeune Hang-bok enleva son haut pour lui montrer son torse nu : « N’est-il pas si mauvais, si l’intérieur d’un homme est fait de la sorte ? » Bon… la version originale raconte qu’il montra carrément l’endroit un peu plus bas placé que son ventre.
Ce trait d’esprit audacieux fit rire de bon cœur le Premier ministre, qui finit par lui accorder la main de sa petite-fille. Le père de cette dernière, donc, le beau-père de Yi Hang-bok était le commandant en chef de l’armée pendant la guerre d’invasion japonaise (1592-1598) le général Gwon Yool (권율, 1537-1599). Il est considéré comme l’un des plus grands héros du conflit avec l’amiral Yi Sun-sin. Il me faudrait revenir plus tard sur ses exploits aussi…
Le général Gwon Yool |
Et voici une autre anecdote que tous les enfants de Corée apprennent à l’école.
Dans le jardin de la famille Yi, il y avait un plaqueminier. Un automne, quelques branches de cet arbre dépassèrent de la propriété de Hang-bok du côté du jardin de son illustre voisin.
Or, lorsque les serviteurs de la maison de Yi voulurent cueillir les kakis mûrs sur ces branches, ceux des Gwon les empêchèrent de le faire.
De rage, Yi Hang-bok, encore très jeune garçon d’une dizaine d’année, alla tout droit à la chambre du Premier ministre et donna un coup de poing qui traversa la fenêtre en papier alors que ce dernier y lisait tranquillement un livre.
A Gwon Cheol consterné par cet acte audacieux, le petit Hang-bok demanda sans hésiter : « A qui appartient ce bras, à vous ou à moi ? »
Yi Hang-bok naquit, en 1556, comme le petit dernier d’une famille aristocrate dont plusieurs membres occupèrent de hauts postes à la Cour. Son père avait déjà 58 ans à sa naissance : ce dernier rendra son dernier souffle quand Hang-bok avait 9 ans.
Comme ses ancêtres étaient aussi intègres que Hang-bok le serait plus tard, sa famille devait se contenter d’un train de vie bien modeste depuis le décès du chef de famille.
Espiègle depuis qu’il était tout petit, Hang-bok préférait, dans son adolescence, se livrer à mille et une aventures avec des jeunes du quartier. Dans ses mémoires, il écrira qu’il « était comme une bête sauvage. »
En même temps, je crois personnellement que ses expériences de cette période insouciante lui auraient permis d’avoir un esprit plus ouvert et original. Elles l’auraient également aidé à voir plus près la vie des gens ordinaires sur le terrain.
Or, à la mort de sa mère, survenue quand il avait 16 ans, l’enfant terrible décida de mettre fin à « sa vie de voyou » pour enfin s’engager sérieusement dans la voie des élites de l’époque : préparer les concours de hauts fonctionnaires. Il rattrapa vite le retard en réussissant au concours final de fonctionnaires à l’âge de 24 ans. Ensuite, il occupa différents postes au gouvernement, y compris celui de Premier ministre.
Pour la carrière officielle de Yi Hang-bok : https://ours15.blogspot.com/2023/10/yi-hang-bok-1556-1618-lun-des-plus.html
Portrait de Yi Hang-bok |
Même au sein du gouvernement, Yi ne cessa de faire preuve de son sens de l’humour à tel point que ses collègues le surnommèrent « ministre Plaisanterie » (농담정승).
Un jour, le roi Seonjo décida de le taquiner à son tour. Il ordonna à ses ministres de préparer un œuf pour leur prochaine réunion, sauf à Yi Hang-bok. Lors de la réunion, il demanda, sévèrement, pourquoi ce dernier était le seul à être venu les mains vides. Tout d’un coup, Yi Hang-bok s’écria à haute voix : « Cocorico ! », avant d’expliquer que c’était parce qu’il était un coq, pas une poule.
Une autre fois, le souverain faisait semblant de dormir quand son ministre arriva et le salua. Le roi resta les yeux fermés. Yi ne sut pas trop quoi faire, hésita un instant, puis lui fit révérence une nouvelle fois. Alors, ouvrant brusquement les yeux, Seonjo fit semblant de s’indigner, car, en Corée, on ne se prosterne deux fois que devant la chapelle ardente d’un défunt. Yi répondit tranquillement que le premier salut, c’était pour lui dire bonjour et le second, pour un au-revoir.
Lorsque les Japonais envahirent la Corée, un de ses collègues dénonça la division entre les différentes factions de la Cour comme responsable de cette crise. Yi Hang-bok lui répondit : « En effet, tous ces partisans radicaux sont des bagarreurs invincibles. Pourquoi le gouvernement ne les envoie pas au front ? Ils ne tarderont pas à pulvériser les ennemis ! »
Dommage que je n’aie pu vous présenter d’autres anecdotes ! Je m’arrête là, d’abord parce que c’est déjà long. Par ailleurs beaucoup d’entre elles sont basées sur des jeux de mot, extrêmement difficiles à traduire, et d’autres, de nature à faire rougir un peu, pas trop, mais quand même un peu.
Pour les anecdotes liées à l’épouse de Yi Hang-bok : https://ours15.blogspot.com/2023/10/le-plus-beau-bruit-du-monde.html
L’important, c’est que dans toutes ces anecdotes et légendes, le ton reste toujours bienveillant à son égard, ce qui témoigne de l’affection tendre que portaient ses contemporains et les générations suivantes à ce grand homme d’État si proche du peuple.
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