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Kim Ji-young née en 1982 et Shim So-jeong née en 1979
Le film m’a captivée dès les premières scènes. On y voit l’héroïne, jeune femme d’une trentaine d’année et mère d’une petite fillette de deux ans, qui s’affaire à s’acquitter de différentes tâches ménagères depuis le petit matin. Et à l’heure du coucher du soleil, immobile sur la terrasse, elle regarde, rêveuse, le ciel. Son visage n’exprime rien, ni la joie, ni la colère, ni la lassitude. Quelques instants plus tard, sa fille l’interpelle : « Maman ! » Là seulement, Ji-young se retourne et va vers elle en esquissant un sourire léger aux lèvres.
Kim Ji-young, diplômée en littérature coréenne, était une employée prometteuse d’une grande agence publicitaire. Mais après la naissance de son enfant, elle fut obligée d’arrêter le travail. Dans son quotidien, avec ses proches, elle ne se montre pas du tout frustrée. Au contraire, elle ne perd pas son sourire et effectue stoïquement mille et une tâches ménagères.
Mais un jour, elle stupéfie son mari : elle lui parle comme si elle était sa mère. Elle s’endormit tout de suite après. Elle répétera ce comportement à chaque moment où elle s’écroulait de stresse. Elle sera comme possédée, tour à tour, par sa mère, une copine décédée lors de son accouchement et sa grand-mère. Déprime post-natale. Comme ce fut mon cas même si je ne suis pas allée jusqu’à délirer comme elle.
Pourra-t-elle s’en sortir et comment ?
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Ce long-métrage retrace, en effet, ce que les femmes nées à la fin des années 1970 et au début des années 1980 ont vécu en matière des droits féminin. Génération bien étrange.
C’est que nous avons connu une période incongrue, hyper transitoire, sur le plan des droits de la femme. Par exemple, ici, la mère de Ji-young dut renoncer aux études avant de finir l’enseignement secondaire. Brillante à l’école, son rêve était de devenir professeur. Au lieu de quoi, elle travailla dans une usine de confection dans des conditions effroyables pour financer les études supérieures de ses grands-frères.
Contrairement à cette génération, nos parents nous éduquèrent volontiers comme ceux de Ji-young. Nous commencions à avoir de bons résultats scolaires, puis des carrières enviables. On nous répétait que l’époque avait changé et que même les femmes pouvaient avoir une belle carrière.
Le problème, c’est que ni le système social, ni les mentalités des gens n’ont suivi, à temps, cette évolution. Les crèches manquaient, les congés parentaux n’étaient pas encore très généralisés et le temps de travail pouvait très facilement aller jusqu’à 60 heures par semaine. Ce qui était mon cas au ministère des Affaires étrangères. Il m’arrivait parfois de devoir travailler 80 heures par semaine.
Bien que de nombreuses femmes mariées travaillassent, la répartition des tâches ménagères restait inégale (ça évolue aussi, mais moins vite) et la belle famille demeurait souvent exigeante (ça aussi, ça change, un peu lentement quand même). Les jeunes mariées étaient ainsi souvent obligées de jeter l’éponge, en particulier, après leur accouchement.
Qu’est-ce qui se passait alors dans la tête de ses jeunes mamans confinées au fin fond du foyer, qui avaient, toutefois, goûté à l’indépendance économique, la réussite professionnelle, des relations sociales très étendues…

Heureusement, les choses évoluent très
vite. Nos cadettes occupent de plus en plus des positions importantes dans la
société et préfèrent vivre « leur propre vie ». Elles refusent catégoriquement
d’abandonner leur rêve professionnel pour fonder une famille. Le taux de
fécondité est en chute libre quoi qu’il enregistre une légère hausse depuis
octobre dernier. Le gouvernement se retrousse les manches pour y remédier à
grand renfort de mesures incitatives. A la fin, on y arrivera, à l’égalité
femme-homme, et j’espère, cela incitera les femmes à vivre avec des hommes
qu’elles aiment et avoir des enfants.
Ce n’est pas parce que je SOIS trop
optimiste. Mais il n’y a pas d’autres choix avec l’élévation du statut des
femmes désormais irrévocable. Malgré la discrimination et les préjugés encore
persistants, on finira par accepter ce changement devant les faits accomplis.
Ce qui explique la récente montée de la misogynie chez certains coréens : ces
machos ont peur.
Attention au spoiler ! Voici la
conclusion.

Kim Ji-young finit par apprendre sa maladie et elle consent à aller voir une doctoresse sur le conseil de son mari. Elle fini par guérir en…
Ecrivant son histoire qui commence par : « Je m’appelle Kim Ji-young, née en 1982. Mon père était un fonctionnaire ordinaire et ma mère, femme au foyer… »
Un peu comme moi qui put sortir de la déprime grâce aux posts que j’écris tous les jours en français, la langue qui m’est si chère, et aux échanges quotidiens que j’ai avec vous !
Bravo les filles !
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