« C’était en 1978. Je revenais de Paris. A l’aéroport, la police fouilla soigneusement ma valise avant de confisquer un livre sur l’histoire de la littérature française. Tu sais pourquoi ? Parce que ces agents identifièrent le mot « Révolution » sur le tableau des chapitres ! », me raconta, un jour, un ancien élève du département de la langue et de la littérature française de ma fac.
Sous les régimes autoritaires (1961-1987), les étudiants étaient en première ligne de la répression exercée par le pouvoir.
Car ils œuvraient très activement pour défendre la liberté et les droits des citoyens.
Ils organisaient des manifestations et des réunions d’études pour apprendre des grandes idées philosophiques et sociales pendant lesquelles ils lisaient des livres interdits tels que Das Kapital de Karl Marx.
Ils donnaient également des cours aux ouvriers pauvres qui ont dû arrêter leurs études pour nourrir leur famille.
Enfin, ils formaient des groupes de chant pour diffuser les chansons dites « du peuple » (민중가요) dont les paroles rappelaient souvent les conditions de vie dure de la classe ouvrière tout en prônant l’avènement d’une ère plus démocratique et libre.
* J’avais présenté le film The Attorney qui décrit merveilleusement cette ambiance sur une affaire qui eut lieu en 1980 :https://www.facebook.com/groups/138429644857862/permalink/386133110087513/
Ainsi, souvent, les campus d’université étaient assiégés par la force anti-émeute. Et pour entrer dans le campus, il fallait montrer la carte d’étudiant de l’université concernée.
Les étudiants qui faisaient ou ont fait leurs études à l’étranger faisaient l’objet d’une surveillance particulière. Les agents des services secrets les suivirent de près à l’étranger pour savoir s’ils contactaient des « espions nord-coréens ».
Et pour ceux qui revenaient en Corée, il fallait souvent qu’ils montrent aux policiers de l’aéroport tous les objets que contenaient leurs valises.
Les étudiants qui revenaient de la France étaient notamment dans la ligne de mire de ces agents, comme c’était un régime politique issu d’une révolution « susceptible d’inculquer des idées nuisibles et décadentes aux jeunes. »
En effet, force est de constater que les étudiants en langue et littérature françaises étaient très actifs dans des mouvements démocratiques.
Les Misérables et l’histoire des amis de l’ABC étaient entre autre, une grande source d’inspiration. Et plusieurs d’entre eux connaissaient par cœur, « La Marseillaise ».
Quand je me suis réveillée ce matin et et que j’ai vu la date d’aujourd’hui, elle m’a rappelé cette anecdote qui me fit tant rire tant elle me paraissait absurde !
Bonne fête du Quatorze juillet chers amis français !
Pour en savoir plus sur les principaux mouvements démocratiques de la Corée du Sud : https://www.facebook.com/groups/138429644857862/permalink/338982211469270/
Epilogue
Avant de publier ce post, j’ai demandé à mon mari, lui, né en 1972 et connaissait mieux que moi l’ambiance de cette époque, si c’était vraiment comme ça à l’époque.
Il a répondu : « Mais oui, chérie, c’était aussi réac, les autorités de l’époque. Et le mot « révolution », était tellement craint qu’une de mes connaissances plus âgées que moi se fit confisquer un livre intitulé « La révolution de la science » ou quelque chose comme ça à la douane. »
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