Histoire : Pourquoi différentes dynasties coréennes offrirent un tribut à la Chine ?


Je suis très heureuse que la nouvelle série « My Dearest » ait un grand succès auprès de beaucoup de membres de notre groupe. Car, elle me permet d’aborder différents sujets historiques, tous plus palpitants et plus importants les uns que les autres. 

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, notamment  la 2e guerre d’invasion des Mandchous (병자호란, 1636), il me semble indispensable de vous expliquer brièvement le système tributaire de l’Asie de l’Est.  

Il s’agit d’une forme d’alliance économique, diplomatique et militaire que différentes dynasties qui occupèrent le territoire chinois appliquèrent dans les échanges avec les pays voisins de l’antiquité jusqu’en 1911. 

Beaucoup d’Occidentaux le confondent avec l’impérialisme mais c’est vraiment mal comprendre la nature de ce système qui exista pendant plus de 2000 ans en Asie de l’Est. 

Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est qu’en règle générale, c’était un système commercial plutôt pénalisant pour la Chine comme l’empereur offrait des cadeaux plus importants que le tribut qu’il recevait de ses Etats « vassaux ». En plus, la Chine se garda bien d’intervenir dans les  affaires intérieures de ses derniers. 

1. L’origine et la nature du système tributaire 

La genèse de ce système diplomatique remonte jusqu’au 11 siècle av.J.-C., à l’ère de la dynastie chinoise Zhou(1045 av. J.-C. – 256 av. J.-C.). L’empereur distribua le vaste territoire à des membres de sa famille. En contrepartie, ces seigneurs féodaux étaient sommés de venir régulièrement à la Cour avec un tribut pour manifester leur allégeance.

2. La Chine appliqua ce système pour définir ses relations diplomatiques avec d’autres pays de la région 

Différentes dynasties qui succédèrent à Zhou tendirent ce système à des pays voisins pour assurer la sécurité des frontières et consolider l’autorité de leur souverain considéré comme « fils du Ciel ».  

Mais, la plupart du temps, elle octroyait à ces derniers des cadeaux somptueux plus coûteux que le tribut qu’elle recevait. Histoire de sauver la face en tant que « pays père ». 

3. Les pays « vassaux » gardaient intact leur autonomie

Par ailleurs, la Cour chinoise se gardait bien d’intervenir dans affaires de ses Etats tributaires, comme je l’ai déjà dit dans l’introduction. 

Ce qui fit que de plusieurs pays voisins ne rechignèrent pas trop à devenir Etat tributaire de la Chine puisqu’ils pouvaient obtenir des bénéfices économiques, culturels et sécuritaires quitte à appeler l’empereur « fils du Ciel» et à se désigner comme ses sujets alors qu’ils pouvaient garder leur autonomie presque intacte. 

En effet, beaucoup d’entre eux utilisaient, à l’intérieur de leurs pays, le titre d’« empereur » pour désigner leur souverain et celui de « roi » juste pour les échanges avec la Chine (외왕내제 外王內帝 ).

Même des pays occidentaux désireux d’avoir des échanges commerciaux durent rentrer également dans ce système avec la dynastie Qing (1644-1911) au 17e et au 18e siècle en reconnaissant la supériorité protocolaire de cette dernière. 

4. La Chine recevait davantage d’émissaires de ses pays voisins immédiats

De son côté,  la Cour chinoise fut parfois obligée de restreindre le nombre de visites des émissaires de ses Etats voisins pour éviter, en quelque sorte, que le déficit commercial se creuse. 

Ainsi, la Chine donnait la priorité aux Etats voisins plus proches comme la Corée ou le Vietnam au détriment des pays plus éloignés comme le Japon. 

5. D’autres puissances de la région adoptèrent ce système 

Au fil du temps, certains peuples ou Etats qui devinrent puissants pratiquèrent  également ce système avec les pays voisins, notamment les Mongols qui fondèrent la dynastie Yuan (1279-1368) et les Jurchens (Mandchous) qui créèrent la dynastie Jin (1115-1234) et la dynastie Qing. 

Même des dynasties coréennes, telles que Goguryeo (37 av. J.-C. – 668), Baekjae(18 av. J.C.  – 660) , Shilla (57 av. J.-C. – 935 ), Goryo (918-1392) et Joseon(1392-1910) pratiquèrent parfois ce système avec les pays voisins, tels que des tribus jurchens (mandchoues) et certains seigneurs féodaux japonais qui n’hésitaient pas appeler les rois coréens « empereur ». 

C’était aussi une alliance militaire. Dès que l’un des ces pays partenaires entraient en guerre, on envoyait des renforts. Ce fut le cas, entre autre, de la dynastie chinoise Ming lors de la guerre d’invasion japonaise(1592-1598). 

6. Le tribut pouvait devenir très lourd selon le contexte géopolitique 

Goryeo et Joseon furent obligés d’offrir un tribut très lourd respectivement à la dynsatie Yuan (l’empire mongol) et à la dynastie Qing (l’empire des Mandchous) suite à la défaite cuisante qu’ils essuyèrent lors de leur invasion. 

Mais Goryeo mit fin à cette intervention poussée environ 90 ans après sa capitulation et la dynastie Qing n’exigea plus autant de tribut quelques années après leur victoire. Dès lors, Qing appliqua à peu près le même système tributaire que Ming avec Joseon. Et les deux dynasties n’imposèrent pas leurs coutumes aux Coréens, même si l’intervention de Yuan était beaucoup plus invasive par rapport aux autres dynasties chinoises.  

C’est l’une des raison pour lesquelles l’occupation japonaise reste un grand traumatisme pour les Coréens outre le fait que Tokyo n’a pas présenté ses excuses et déforme l’histoire. La Corée n’a été occupée par aucune dynastie chinoise, contrairement à ce que certains étrangers le pensent. Je suis contente d’avoir enfin expliqué la différence entre le colonialisme et le système tributaire de l’Asie de l’Est.

Commentaires

  1. Merci beaucoup pour v est explication. Je comprends un peu mieux l histoire de ce pays

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