La série "Crowned Clown" |
1. Le prince Gwanghae : héros de guerre à 17 ans !
Oui, il avait à peine 17 ans lorsqu’il devint un grand héros de guerre en 1592. Les Japonais venaient d’envahir la Corée et s’étaient emparées de Séoul en moins de trois semaines après leur débarquement à Busan. Cinq semaines plus tard, Pyongyang, l’actuelle capitale nord-coréenne, capitulait.
Le roi Seonjo (선조, 1552-1608), le père de Gwanghae, s’enfuit à Euiju, ville située dans le nord-ouest du pays, juste à côté de la frontière avec la Chine. Pris de panique, il ne pensa qu’à se réfugier dans l’empire du Milieu. Finalement, il y renonça en raison de l’opposition vigoureuse de ses ministres.
Mais Sa Majesté restera dans le nord, loin des champs de bataille, jusqu’à ce que l’amiral Yi Sun-sin asphyxie les troupes nipponnes en les coupant, en mer, des renforts en provenance de l’archipel et que la force alliée coréano-chinoise de repousse les Japonais vers Busan au début de l’année 1953.
Dans ce contexte, son deuxième fils naturel, Gwanghae, fut nommé à la hâte comme dauphin. Le roi lui confia une partie de ses ministres et le droit de commander à l’armée.
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Son Altesse descendit courageusement vers le sud et dirigea, sur des fronts dangereux, de nombreuses batailles, leva des bataillons de volontaires, s’occupa d’autres affaires de l’État et remontait le moral du peuple qui se sentait délaissé et trahi par son royal père.
Grâce à ses exploits exceptionnels, l’adolescent put démontrer, aux yeux de tout le monde, ses qualités en tant que futur souverain.
Cependant, à la fin du conflit en 1598, alors devenu un adulte de 25 ans, Gwanghae eut toujours peur de perdre son statut de dauphin. Mais pourquoi ?
Car, sa mère n’était pas reine mais l’une des nombreuses maîtresses du roi. Heureusement pour lui, la reine ne donna aucun enfant. Mais la concurrence avec son grand-frère et ses cinq autres demi-frères, tous issus d’autres concubines de son père, était bien rude.
Selon le principe du droit d’aînesse, le trône devait revenir à son grand-frère.
Mais c’était un vaurien, violent, paresseux, stupide et vaniteux. En revanche, Gwanghae, en principe le numéro 2 dans l’ordre de la succession, se distinguait dès son plus jeune âge par son intelligence et par sa clairvoyance hors norme.
Lorsqu’il était encore petit, le roi réunit un jour ses fils et leur demanda quel était le plat le plus délicieux au monde. Les autres donnèrent le nom des mets qui leur plaisaient le plus. Mais Gwanghae répondit : « Le sel. Car c’est le sel qui donne du goût à tous les plats »
Depuis la fondation de Joseon, il n’était pas rare que les aînés qui s’avéraient nul soient écarté de la couronne, comme ce fut le cas du premier grand-frère de Séjong le Grand. Ainsi, il sembla légitime aux yeux de tous les courtisans que Gwanghae fût désigné comme successeur de la couronne.
Cependant, le roi se montra réticent à cette perspective. En fait, à la mort de la mère de Gwanghae, il succomba au charme d’une autre femme. Pour faire plaisir à sa belle, il aurait sans doute voulu désigner un de ses fils comme dauphin.
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Sa réticence sur ce sujet était telle que lorsqu’en 1590, l’un ses ministres le pressa de désigner Gwanghae, alors âgé de 15 ans, comme son successeur, Seonjo s’indigna outre mesure en s’écriant : « Mais voulez-vous que je meure bientôt alors que je suis encore jeune ? » Ce dignitaire fut exilé.
Bien que pleinement conscient de la préférence de son père pour ses demi-frères, Gwanghae, enfant précoce et intelligent, ne s’en plaignait pas. En se concentrant sur ses études et s’entraînant aux armes, le petit prince attendit silencieusement son heure...qui survint avec l’éclatement de la guerre d’invasion japonaise.
Le roi Seonjo fut, alors, contraint de désigner Gwanghae comme dauphin après l’avoir adopté comme fils légitime du couple royal.
Or, deux ans après la fin du conflit, en 1600, la reine, devenue mère adoptive de Gwanghae, rendit son dernier souffle. En 1602, le roi se remaria avec une jeune fille de 16 ans à l’âge de 40 ans. Elle était plus jeune que le dauphin de neuf ans ! En plus, au grand dam de ce dernier, la jeune reine accoucha d’un fils en 1606.
Le roi, jaloux de la popularité dont Gwanghae jouissait auprès du peuple, fut tenté de le remplacer par son tout jeune fils au poste de dauphin. Cependant, selon la loi, Gwanghae avait déjà obtint le statut d’aîné légitime du roi que même ce dernier ne pouvait pas retirer arbitrairement à moins que le prince commette des crimes graves. Or, les comportements du jeune héros de guerre restaient irréprochables.
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Le monarque dut ainsi abandonner son plan face à l’opposition de nombreux aristocrates même si une poignée de courtisans dont son Premier ministre, continua d’encourager à changer de dauphin.
Il n’empêche que Gwangahe devait vivre tout au long de cette époque « comme s’il traversait le fleuve à peine gelé.» D’un côté, il se sentait constamment menacé par son grand-frère qui n’avait pas l’air de renoncer à son droit d’aînesse. De l’autre, par son père jaloux, la jeune reine qui lui semblait, à tort ou à raison, prête à tout pour mettre son fils au trône et par les courtisans qui la soutenaient…
A cette époque difficile, un officiel du secrétariat du dauphin réussit à obtenir la confiance du prince solitaire. Il s’appelait Yi Yi-cheom (이이첨). Le dauphin le connaissait déjà bien comme il l’avait suivi sur les fronts du sud pendant la guerre d’invasion japonaise. Par ailleurs, Yi s’opposa vigoureusement à l’idée de changer de dauphin à tel point que Seonjo l’exila. Désormais, Gwanghae n’aura plus confiance qu’en lui…
Le roi Seonjo décéda en 1608. Avant de rendre son dernier souffle, il pria son successeur de bien s’occuper de son épouse et de son jeune fils et de s’entendre bien avec tous ses frères.
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Le nouveau roi accéda au trône sous l’acclamation de tout le peuple. Est-ce que Gwanghae respecterait le testament de son père ? Serait-il capable de reconstruire le pays et de stabiliser la vie du peuple qui souffrait encore des conséquences de la guerre ?
2. Le roi Gwanghae : monarque ténébreux…
Orphelin de mère dès ses deux ans, Gwanghae lutta désespérément pour plaire à son père qui préférait les enfants d’autres favorites. Le prince n’y arrivera jamais même après avoir accompli de nombreux exploits pendant la guerre d’invasion japonaise. Le roi Seonjo cherchera toujours à choisir un autre fils comme son successeur.
Enfin arrivé au siège suprême après avoir démonté mille et une embûches périlleuses, Gwanghae laissera exploser l’angoisse, la rancœur et le complexe d’infériorité qui avaient sapé son cœur d’enfant meurtri par la négligence de son père. La première cible sera son grand-frère.
2-1. Liquidation de son grand-frère
En février 1608, à peine une dizaine de jours après la mort du roi Seonjo, le grand-frère de Gwanghae, le prince Imhae(임해군), fut dénoncé pour conspiration contre le nouveau monarque.
Les preuves étaient loin d’être éloquentes. Mais Gwanghae crut à la culpabilité de son frère. C’était un peu de la faute de ce dernier. Du vivant de son père, il n’avait jamais caché son ambition de lui succéder. De son côté, le roi Seonjo fermait volontiers les yeux aux graves écarts de son aîné, tels que le viol ou le vol.
Des centaines de personnes, que ce soient des courtisans, des parents du roi ou des esclaves, furent arrêtés pour complicité avec le prince. Le roi les interrogea lui-même à grand renfort de tortures.
Le prince Imhae fut condamné à l’exil et décéda, l’année suivante, à l’âge de 37 ans, dans des circonstances suspectes. Pourtant, comme le prince était un véritable voyou, personne ne remit en question la cause de sa mort. Quant à ses « complices », ils furent exécutés ou exilés.
Yi Yi-cheom (이이첨), le bras droit du roi, profita de cette affaire pour affaiblir la faction ennemie en accusant injustement plusieurs partisans de cette dernière. Il murmura aux oreilles du roi des rumeurs non fondées pour attiser les soupçons du jeune souverain. Il reproduira le même schéma tout au long du règne de Gwanghae pour accroître son emprise sur lui.
2-2. Réforme fiscale plus favorable au peuple (대동법)
Le roi Gwaghae inaugurât ainsi son règne avec un baptême de sang. Mais au début, il essaya de devenir un bon monarque. Dans cette perspective, il se fit volontiers assister par plusieurs ministres intègres et compétents qui avaient servi son père.
Parmi eux figuraient notamment Lee Hang-bok (이항복), tellement réputé pour son sens d’humour qu’on le surnomma « Son Excellence Plaisanterie » et son meilleur ami Lee Deok-hyeong (이덕형). Lee Won-ik (이원익), qui s’opposa vigoureusement à l’exécution de l’amiral Yi Sun-sin (이순신 장군) en plein milieu de la guerre d’invasion japonaise restait lui aussi très actif.
Ces vénérables hommes d’État proposèrent une série de mesures visant à stabiliser la vie du peuple qui souffraient toujours des conséquences de la guerre d’invasion japonaise (1592-1598) qui fut particulièrement dévastatrice. Ils s’efforcèrent également d’enrayer l’escalade des tensions entre différentes factions.
L’un de leurs dispositifs phares consistait à réformer radicalement la fiscalité qui était devenue trop lourde pour la classe des roturiers.
Dès la première année de son règne, le roi ordonna donc la mise en œuvre du projet de réforme élaboré par son Premier ministre Lee Won-ik et ce, d’abord dans la province de Gyeonggi à titre d’essai. Cette réforme fut tout de suite acclamée par la plupart des contribuables. Plusieurs gouverneurs d’autres provinces ainsi que des ministres soucieux du bien-être du peuple demandèrent de l’appliquer à l’échelle nationale.
Ce qui n’eut pas lieu, en grande partie, à cause de la protestation virulente de la majorité de la classe dirigeante qui y vit une perte importante de leurs privilèges. Le roi lui-même resta dubitatif sur l’efficacité de cette réforme parce qu’au début, car il lui fallut supporter une diminution conséquente de la recette fiscale. Le problème, c’est qu’il avait besoin de beaucoup de ressources pour financer la construction de plusieurs palais.
2-3. Construction de cinq palais
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Après la guerre d’invasion japonaise, aucun des trois palais (Gyeongbokgung, Changdeokgung, Changyeonggung) ne restait debout. Par conséquent, de retour dans la capitale en 1593, le roi Seonjo dut demeurer dans l’hôtel particulier d’un prince de sang, l’actuel palais de Deoksoogung. En 1605, le roi ordonna de reconstruire d’abord le Changdeokgung.
C’est au début du règne de son fils, le roi Gwanghae, en 1610, que les travaux furent achevés. Si seulement il s’était contenté de ce palais !
Mais non. Il fit ensuite reconstruire, en 1616, le Changygeongung, petit palais que le roi Seongjong (성종, 1457-1494) avait fait bâtir à côté du Changdeokgung pour les trois reines douairières, sa mère Insoo, sa grande-mère et sa tante. Puis, Gwanghae ordonna de construire trois nouveaux palais !
Je vous fait grâce de la douleur que les contribuables pauvres durent endurer pour satisfaire l’appétit débridé de leur roi. « Il n’était pas rare de croiser des cadavres morts de faim dans les rues... », noteront les chroniqueurs royaux dans les annales dédiées à Gwanghae.
2-4. Chemins qui mènent à la déchéance
Tout en menant ces gigantesques travaux, Gwanghae suivit le chemin qui mène tout droit les dirigeants éclairés à la déchéance. Il déserta de plus en plus le conseil des ministres, en se contentant de s’entourer de quelques courtisans complaisants, dont Yi Yi-cheom, de ses favorites et d’eunuques.
L’ancien héros de guerre dilapida les fonds de l’Etat pour satisfaire ses caprices, ferma les yeux devant la corruption de ses proches et négligea ses études alors que les rois de Joseon étaient sommés d’approfondir sans cesse leurs connaissances sur le confucianisme jour et nuit.
Les éminents ministres de son père, qui essayèrent courageusement de le ramener à la raison, furent exilés, s’ils arrivaient à sauver leur tête. Et d’autres officiers compétents quittèrent la Cour qui ne fut bientôt remplie que par des hommes cupides.
Dans ce contexte, sa paranoïa s’aggrava d’année en année. En 1613, dans le cadre d’un complot monté de toute pièce par Yi Yi-cheom, Gwanghae fit exécuter le père de la reine douairière, seconde épouse de son père, et tous ceux qui la soutenaient ou qui furent soupçonnés comme tel. Le fils de la reine, donc, son demi-frère, fut exilé avant de mourir dans son lieu d’exil d’une mort suspecte à l’âge de 8 ans.
En 1618, il fit destituer la reine et la séquestra à l’actuel palais de Deoksugung en dépit de la vive contestation de la plupart des aristocrates. Alors, un véritable bain de sang inonda la Cour. Heo Gyun, le grand ami de Lee Mae-chang, fut écartelé en plein milieu de cette danse macabre en 1619. Seul, les plus proches de Yi Yi-cheom, survivront. Aucune force politique n’était plus en mesure de le contrebalancer, même le roi lui-même.
2-5. Diplomatie neutre
Cependant, la situation géo-politique de l’autre côté de la frontière du nord était alarmante. Nurhachi avait unifié les tribus du peuple nomade Jurchen résidant dans la région nord-est de l’actuelle Chine et menaçait la dynastie chinoise des Mings.
Gwanghae, malgré tous les défauts que je viens d’énumérer, gardait un sens diplomatique équilibré grâce à son expérience acquise pendant la guerre d’invasion nippone. Il maintint de bonnes relations avec Nurhachi dès le début de sa montée en puissance comme le fit son père, afin d’assurer la sécurité de la frontière nord-est du pays.
Mais lorsque la guerre entre les Jurchens et la dynastie des Mings éclata, cette dernière demanda, en 1618, à Joseon du soutien militaire. Le roi Gwanghae tarda, autant que possible, l’envoi de troupes. Selon lui, il fallait ménager Nurhachi comme l’empire qu’il venait de fonder (futures dynastie des Qings) était susceptible de devenir une nouvelle puissance de la région capable de renverser les Mings.
Cependant, tous ses ministres, même Yi Yi-cheom, dénonçèrent vigoureusement une telle prudence. Selon eux, il fallait tout de suite envoyer des renforts pour soutenir l’empire qui avait aidé la Corée pendant la guerre d’invasion japonaise.
A la fin, Gwanghae fut obligé d’envoyer 17 646 officiers et soldats coréens en Chine en janvier 1619. Mais il fit en sorte que les unités coréennes furent déployées à l’arrière front et ordonna à son commandant de capituler, en cas d’urgence, pour minimiser les dégâts humains. En parallèle, il fit comprendre à Nurhachi que la Corée fut contrainte de faire semblant de soutenir les Mings.
Or, ses courtisans, dont Yi Yi-cheom, continuèrent de condamner cette politique qu’ils taxaient d’« opportuniste» et d’« ingrate » . Yi Yi-cheom, confiant en son influence inébranlable auprès du rois, n’hésita pas à tenir des propos humiliants contre ce dernier. Ainsi, Gwanghae tentera enfin de neutraliser le pouvoir devenu incontrôlable de son bras droit en nommant, entre autres, à des postes clés des courtisans de l’opposition quasi démantelée.
Mais c’était trop tard.
2-6. La fin…
En avril 1623, quelques officiers de l’opposition entreprirent un coup d’État contre Gwanghae avec le soutien de l’un des fils d’un demi-frère de ce dernier qui deviendra le roi Injo (인조).
Gwanghae fut exilé, Yi Yi-cheom et les partisans de sa faction, décapités.
Le roi déchu vécut pendant 17 ans à son lieu d’exil alors que son règne dura pendant 15 ans. Il rendit son dernier souffle, en juillet 1641, sur l’île de Jeju à l’âge de 66 ans.
Merci pour ces informations
RépondreSupprimerMerci fan de l histoire de la coree
RépondreSupprimerDans la série kings face la mort du roi est elle bien liée à un empoisonnent faits reels
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