L’histoire de Hong Gil-dong 


C’était au cours de la 15e année du règne de Séjong le Grand (1433). Son Premier ministre, Hong Moon, réputé pour son intégrité et ses vertus, venait de se réveiller en sursaut de sa sieste. 

Il venait d’avoir un rêve bien étrange. Il se promenait dans une belle montagne débordant de fleurs multicolores et d’arbres luxuriants. Lorsqu’il arriva au bord d’une falaise d’où tombait une cascade exquise, il vit un immense dragon bleu sortir brusquement de l’eau avant de s’engouffrer dans sa bouche. «Ca doit être un rêve faste prédisant la naissance d’un grand homme », murmura-t-il. 

Il se rendit de ce pas dans la chambre de son épouse pour passer à l’acte. Mais effarouchée, madame lui opposa son veto : « Mais un Premier ministre ne doit pas prendre son épouse en plein jour comme une esclave ! » Puis, elle mit son mari déçu à la porte. 

Il était midi. Justement une jeune bonne entra dans la chambre de monsieur pour lui apporter son repas. Frustré du refus de sa femme, il prit la bonne. Et neuf mois après, elle accoucha d’un fils en pleine forme. Son Excellence le baptisa Gil-dong. 

C’était un génie. Dès son âge le plus tendre, il sut par cœur les caractères chinois et comprenait dix choses quand il entendait une chose. Hong Moon déplora cela auprès de sa femme : « Il est doté d’une telle capacité qu’il aurait pu devenir un grand héros. Cependant, comme il est né d’une esclave. Donc, ça ne servira à rien. Si tu ne m’avais pas refusé autrefois, cet enfant serait né de toi ! » Alors madame regretta vivement d’avoir négligé son devoir conjugal à ce jour fatal. 

En effet, tout le monde saluait les talents hors normes de Gil-dong. Non seulement son père, mais aussi son fils légitime, donc, demi-grand-frère de l’enfant et même son épouse, certes un peu trop pudique mais magnanime, aimèrent tendrement le fils de son mari qui aurait pu être le sien. 

Pourtant, Gil-dong déplorait qu’il ne pût appeler son père, père et son grand-frère, grand-frère parce qu’il appartenait à la classe d’esclave comme sa mère. Il était également frustré du fait qu’il ne puisse pas tenter sa chance à cause de sa classe sociale. Du coup, enfermé dans sa chambre, il passa toute la journée à lire des livres à tel point qu’il apprit toutes les sorcelleries et la manière de commander aux nuages et aux vents. 

Or,Hong Moon avait aussi une maîtresse. C’était une femme orgueilleuse et surtout très jalouse. Elle ne supporta pas qu’on tarisse de compliments à l’égard de ce fils d’esclave alors qu’elle n’eut aucun enfant. En plus, son Excellence la faisait enrager de temps à autres en plaisantant de lui donner un fils comme Gil-dong pour égayer ses vieux jours. 

Elle fit venir une diseuse de bonne fortune à la maison et lui fit prédire au couple du Premier-ministre que Gil-dong deviendrait rebelle et que toute la famille serait exécutée. La vilaine maîtresse avait d’abord tenté de persuader son Excellence de tuer Gil-dong. Il n’osa pas. Du coup, elle demanda l’aide de son épouse et de son fils légitime. Ils s’y opposèrent d’abord mais pour la survie de la famille, ils finirent par consentir à ce projet lugubre.  

Ainsi, lorsque Gil-dong atteignit l’âge de 11 ans, elle engagea un tueur pour le liquider. Le problème, c’est que ce génie possédait déjà des pouvoirs surhumains. La nuit où le tueur s’acheminait vers sa chambre, il entendit un corbeau lui dénoncer cette entreprise. Prévenu, il attendit la venue du malfaiteur. 

Quand celui-ci arriva à sa destination, il se trouva soudainement en plein milieu des nuages et du brouillard. Il découvrit ensuite un jeune garçon volant dans le ciel sur une grue blanche. Épouvanté, il lui révéla le complot de la maîtresse de son père. Sans pitié, Gil-dong lui trancha le cou sur le champ et fit venir la diseuse de bonne fortune par le vent avant de l’exécuter chez lui. 

Mais il décida de laisser en vie la maîtresse de son père comme c’était quelqu’un que ce dernier cherissait. En même temps, il se résolut à quitter la maison et alla informer son père de cette décision mais il se garda bien de dénoncer sa maîtresse. Attendri, le Premier ministre lui permit de l’appeler père et son fils légitime, son grand-frère, lui souhaita bon vent non sans regrets. 

Gil-dong alla ensuite voir sa mère et lui promit de revenir pour l’emmener avec lui.  

Le lendemain matin, toute la maisonnée fut stupéfaite en découvrant deux cadavres. Madame ne put que dévoiler à son mari le complot que sa maîtresse avait monté. Furieux, monsieur chassa tout de suite cette dernière.

Qu’est-ce qui arrivera à notre pauvre enfant en fugue ? A suivre ma prochaine publication ! 

Notre pauvre enfant en fugue erra toute la journée sans savoir trop où aller. A la nuit tombante, Gil-dong découvrit, par hasard, un repaire de bandits caché au fin fond d’une montagne. 

Des centaines de voleurs étaient en pleine discussion pour élire leur chef. Gil-dong se présenta brusquement : « Je suis le fils du Premier ministre Hong Moon mais comme j’ai tué des hommes, je dois désormais vivre en cachette. Or, le Ciel a mené mes pas auprès de vous. Je crois que c’est pour faire de moi le meilleur chef de bandits, qu’en pensez-vous ? » 

Les bandits pensèrent naturellement que le petit racontait n’importe quoi : «Si tu peux lever cette pierre qui pèse plus de 600 kg, pourquoi pas ?» C’est ce que ce gamin de onze ans ne tarda pas à faire. Stupéfaits, tous les bandits s4 devant lui et lui prêtèrent serment de loyauté. 

Le premier projet de Gil-dong fut de saccager un riche temple voisin où des milliers de moines bouddhistes gardaient jalousement des biens qu’ils avaient extorqués de leurs fidèles. 

Il s’habilla comme un fils d’aristocrate prospère et se fit accompagner par des dizaines de bandits déguisés en valets. Arrivé au temple, il annonça qu’il voudrait préparer le concours de haut fonctionnaire en séjournant là-bas. Quelques instants après, d’autres voleurs arrivèrent avec vingt sacs de riz. Ils prétendirent que le gouverneur de la région les avait envoyés pour Gil-dong comme cadeau. Éblouis par tant de prestiges, les moines s’empressèrent de lui souhaiter la bienvenue et préparèrent un grand banquet auquel tous les moines participèrent selon l’ordre de Gil-dong. 

Or, au cours du repas, Gil-dong mit, en cachette, des cailloux dans son bol de riz avant d’en prendre une cuillerée, ce qui fit un grand bruit. Il feignit une grande indignation et ordonna d’attacher tous les moines avec des cordes. A ce moment-là, le reste des bandits arriva et prit tous les trésors, les vivres et le bétail du temple. 

Cependant, un moine réussit à s’enfuir et s’en alla de ce pas prévenir le gouverneur. Celui-ci détacha des milliers de soldats. Lorsque les bandits aperçurent à l’horizon la grande troupe se précipiter vers eux, ils se sentirent perdus. Mais, tranquille, Gil-dong leur ordonna de prendre la grande route du sud. Quant à lui, il endossa la tenue du grand prêtre du temple, parcourut en une seconde des dizaines de kilomètres par magie et apparut devant les soldats. Il leur dit : « Oui, ces malfaiteurs, je les ai vus prendre ce petit chemin du nord.»

Ainsi, les bandits réussirent à revenir avec un grand butin à leur repaire. 

Malgré toute la discrimination institutionnelle qu’il avait subie en tant qu’enfant naturel, Gil-dong restait patriote. Un jour, il réunit les bandits : « Même si nous sommes des voleurs, nous demeurons de fidèles sujets du roi. Ainsi, si, un jour, le pays doit faire face à de graves menaces sécuritaires, nous devrons être prêts à mourir pour sauver la patrie ! Pour cela, il nous faudra acquérir des armes pour nous entraîner régulièrement. Voici mon idée. » 

Son deuxième projet , donc, à s’emparer des armes d’une caserne située près de la frontière au nord. Rappelons que ce roman fut écrit juste après la guerre d’invasion japonaise (1592-1598), ce n’est pas étonnant que l’auteur ait fait allusion à ce conflit sanglant. 

Pour détourner l’attention des soldats, Gil-dong fit mettre le feu aux alentours d'un cimetière et lorsque tous les soldats de la caserne furent mobilisés pour éteindre le feu, les bandits pillèrent allègrement l’arsenal. Mais une fois la mission accomplie, Gil-dong n’oublia pas de faire pleuvoir à temps avant que les tombeaux soient endommagés.

Ce soir-là, en plein milieu d’un banquet généreusement arrosé, Gil-dong déclara solennellement : « Désormais, je vous interdis de voler le pauvre peuple. Nous n’allons prendre que les biens des gouverneurs et d’autres nobles corrompus pour venir en aide aux opprimés. Ainsi, j’ai décidé d’appeler notre troupe ‘Hwalbindang’(활빈당), ce qui veut dire ‘la troupe qui  sauve les pauvres’ . Pour que les innocents ne soient pas arrêtés comme suspects, je mettrai des affiches après chaque opération comme quoi que c’est bien Hong Gil-dong, le chef de Hwalbindang, qui l’a organisée ! »

Le lendemain matin, il fabriqua sept épouvantails avec de la paille avant de les transformer en ses sosies vivants. Puis, il confia, à chacun, 50 soldats et les envoya dans sept autres provinces. Ils attaquèrent simultanément les riches corrompus et distribuèrent des biens de ces derniers aux pauvres. Ce faisant, ils punissaient tantôt des vilains aristocrates, tantôt libéraient des prisonniers innocents. 

A chaque fois que ces bandes pillaient les entrepôts, Gil-dong embrouillaient la vue des gardiens avec des nuages, de la pluie, du vent et de la brume. Et à la fin des opérations, Gil-dong et ses sosies ne manquaient pas de revendiquer leurs attentats en laissant des affiches signées « Hong Gil-dong, chef de Hwalbindang ».

Le pauvre roi Séjong fronça les sourcils. Il venait de recevoir des rapports des huit gouverneurs qui faisaient état d’à peu près la même chose sur les crimes de Hong Gil-dong. Sa stupéfaction fut d’autant plus grande que les faits dénoncés avaient eu lieu à la même date. 

Fort préoccupé, l’inventeur de hangeul, qui ne l’avait pas encore créé au moment des faits, ordonna d’arrêter le grand malfaiteur en promettant d’offrir une grande récompense à celui qui arriverait à l’attraper. 

Alors, l’un de ses généraux, Yi Eop, demanda de lui confier une troupe pour qu’il puisse aller l’attraper. Pour se déplacer à l’insu de la bande de Gil-dong, il se sépara de ses soldats à la sortie de la capitale en se donnant rendez-vous dans une ville située dans le sud du pays. Déguisé en simple aristocrate, il essaya de dépister les traces de Gil-dong. Plusieurs jours après, il rencontra un beau jeune homme dans un bar. Ils se mirent à discuter autour d’un verre lorsque le jeune homme déplora : « Je suis furieux que personne n’arrive à attraper ce voyou de Hong Gil-dong qui sème de la confusion à travers le pays. Je sais où il se trouve…Si seulement j’avais quelqu’un pour m’assister… »

Yi Eop fut ravi de ses propos et lui proposa de l’aider dans cette entreprise. Alors, le jeune homme l’amena dans une vallée profonde puis lui dit de l’attendre là-bas jusqu’à ce qu’il revienne de sa prospection dans le village des bandits. 

A peine Yi Eop eut-il perdu de vue son nouveau partenaire, qu’une foule d’hommes armés se précipita vers lui, l’attacha avec des cordes avant de l’emmener dans un palais, plus splendide que celui du roi, et situé au fin fond d’une vallée. Là, le général étourdi, entendit une voix pleine de courroux : « Le général Hong Gil-dong est l’espoir du pauvre peuple exploité par les nobles corrompus. Mais pourquoi des sujets infidèles comme vous ne le rapporte pas à sa Majesté le roi ? Je suis l’empereur de l’enfer. J’emmènerai tous ces vilains comme toi en enfer pour que les autres ne calomnient plus le général Hong .»

Tout épouvanté, Yi Eop demanda de lelaisser en vie en sanglotant. Toute l’assemblée éclata de rire. L’auteur de la voix le fit venir près de lui. En lui versant de l’alcool dans son verre, il lui dit de lever la tête et de regarder son visage. C’était le même jeune homme qui l’avait quitté quelques instants avant ! Gil-dong expliqua : « J'ai triché pour te montrer le pouvoir dont notre bande dispose et pour que tu dissuades les autres de tenter de nous arrêter. » Yi Eop put retourner à Séoul sain et sauf.

Gil-dong et ses sosies purent ainsi poursuivre leurs œuvres en toute impunité, ce qui finit par mettre le roi hors de lui. Il finit par faire arrêter le père de Gil-dong, le Premier ministre à la retraite, Hong Moon. 

Alors, Gil-dong, qui était également un fils dévoué, laissa-t-il son vieux père malade périr dans la prison ?

Après avoir incarcéré le père de Gil-dong, le roi convoqua son demi-grand-frère, Gil-hyeon : « Selon la loi, tous les membres de votre famille devraient être punis, vu la gravité du crime de votre demi-petit-frère. Mais si vous arrivez à l’attraper, je vous gracierai tous. Allez dans la province de Gyeongsang. Selon les témoignage, c’est là où Gil-dong et sa bande devraient demeurer actuellement.»

Gil-hyeon, qui était ministre de l’Intérieur, fut ainsi nommé provisoirement gouverneur de la province de Gyeongsang, située dans le sud-est du pays. Dès son arrivée dans la région, il fit mettre partout des affiches qui invitaient son petit-frère à se rendre, car, autrement, « notre vieux père est malade et risque de mourir en prison. Dans ce cas, tu commettras deux crimes impardonnables : devenir un fils ingrat et un sujet infidèle de sa majesté le roi. »

Quelques jours après, un jeune homme vint le voir dans sa résidence. C’était Gil-dong que Gil-hyeon ne reconnut pas de prime abord : « Oh, mon cher petit, que tu étais insensé et irresponsable ! Si tu n’avais pas commis de tels crimes, ma joie de te retrouver aurait été indescriptible. Depuis ton départ, nous étions très inquiètes pour toi… Grâce à la magnanimité du roi, mon père et moi serons graciés, mais que nos cœurs se déchireront lorsqu’on te verra exécuté comme rebelle ! » 

Les deux frères passèrent toute la nuit en se parlant de ce qui leur était arrivé depuis leur séparation. Au lever du soleil, le gouverneur du roi le fit attacher avec des chaînes en fer. Cependant les larmes ne cessaient de couvrir son visage solennel tout au long de cette opération. 

Mais, outre Gil-hyeon, les gouverneurs des autres provinces capturèrent, chacun, un Gil-dong. Et ces huit Gil-dong arrivèrent le même jour à Séoul. Alors, la foule se pressa à leur passage pour jouir de ce spectacle fabuleux. 

Le roi fut stupéfait lorsqu’il entra dans la salle d’investigation. Mais quelle galère ! Huit Gil-dong se bagarraient en déclarant que chacun était le vrai Gil-dong. 

Toute confuse, sa Majesté fit venir le père de Gil-dong. Mais dès il les aperçut, il perdit connaissance. Alors, chacun de ces huit Gil-dong mit, dans sa bouche, deux pilules grandes comme un jujube, ce qui lui permit de reprendre son esprit.  

Ces huit chefs de bandits entamèrent ensuite leur plaidoirie d’une seule voix : « Fils de Hong Moon, votre ancien Premier ministre, j’ai eu la malchance d’être né du ventre de l’une de ses esclaves. Je ne pouvais ainsi appeler mon père, père, ni mon grand-frère, grand-frère. En plus, quelqu’un de la maison voulut m’assassiner. Je n’ai pu que m’enfuir et le destin m’a fait devenir le chef des bandits. Pourtant, on n’a jamais volé le moindre bien du pauvre peuple mais que vos officiels ou des riches corrompus. »

Furieux, le roi Séjong s’écria : « Quoi ? Tu n’as pas volé les innocents ? Alors, comment expliques-tu le saccage du temple Haein et d’un arsenal de l’État ? »
Les Gil-dong répondirent en chœur, en se prosternant devant lui : « C’est que ces moines bouddhistes paresseux ne cultivaient pas un lopin de terre eux-même mais ne pensaient qu’à extorquer leurs pauvres fidèles avec des propos superstitieux. Quant à l’arsenal en question, c’était pour entraîner mes hommes pour être de vaillants soldats susceptibles d’intervenir à temps en cas d’urgence. 

Depuis la fondation de ce royaume, plusieurs hommes de ma famille réussirent à s’élever au rang de Premier ministre de génération en génération. Et alors, comment pourrais-je avoir l’idée de me rebeller contre votre Majesté ? Hélas, vos ministres vous rendent aveugles et sourds ! C’est pour cela que vous vous mettez si fort en colère contre moi malgré mon innocence. Pour vous soulager, je mourrai moi-même sans attendre le jour de mon exécution ». 

Tout d’un coup, les huit Gil-dong tombèrent par terre. Intrigué, le roi se rapprocha avant de découvrir sept épouvantails en pailles. Hors de lui-même, Séjong fit envoyer une dépêche au gouverneur de Gyeongsang, Gil-hyeon, lui ordonnant de rattraper son petit-frère insaisissable. 

Une nuit, lorsque Gil-hyeong contemplait la pleine lune éclairant le jardin de la résidence de gouverneur de Gyeongsang, un garçon sauta depuis le toit de la maison. C’était Gil-dong : « Grand-frère, arrêtez-moi de nouveau et envoyez-moi demain à Séoul. Mais pour mon escorte, choisissez des soldats mariés et pères de famille. J’ai un petit plan qui permettrait de redorer le blason de notre famille. »

Informée de la nouvelle de cette arrestation, la Cour fit déployer cent soldats armés de fusils à la grande porte du sud (Namdaemun) de la capitale. Mais Gil-dong l’avait déjà deviné et fit tomber une pluie torrentielle. A cause de l’eau qui remplissait les canons, les fusils ne pouvaient faire feu. 

Gil-dong put arriver tranquillement devant la porte du sud. Là, il laissa se retirer sain et sauf les soldats qui l’avaient escorté. Ensuite, il s’envola dans l’air avant d’atterrir à quelques lieues en avant. Des centaines de cavaliers cherchèrent à le rattraper. Cependant, les chevaux refusèrent de bouger comme s’ils avaient été collés sur la terre alors que Gil-dong se dirigeait vers le centre-ville. Tous les habitants de Séoul sortirent pour ne pas louper ce spectacle inouï en acclamant bruyamment notre héros surhumain. 

Ce jour-là, on trouva partout dans la capitale les affichent qui relayaient la condition que Gil-dong posait pour sa capitulation : « Le grand rêve de ma vie est de devenir le ministre de la Défense de votre Majesté. Si elle veut bien me faire parvenir la lettre de nomination, je ne tarderai pas à me rendre. »

Le souverain convoqua ses ministres pour en discuter. Comme la plupart d’entre eux s’y opposèrent, la proposition de Gil-dong fut rejetée. Au comble de son courroux, le chef des bandits réunit ses hommes dans la capitale avant de capturer tous les ministres réticents à sa proposition. 

Une dizaines de ministres furent amenés, attachés par des chaînes en fer. Gil-dong les fit s’agenouiller devant lui : « Aussi nuisibles que des gerces, vous cherchez à aveugler votre Majesté pour attenter à ma personne. Votre crime vaut la décapitation. Mais pris de pitié, je me contenterai de condamner chacun de vous à 30 coups de bâton.

Puis, Gil-dong ordonna à ses lieutenants : « Allez de ce pas arrêter tous les moines, les enfants des ministres corrompus de Séoul et les proches du roi qui sont cupides et corrompus. C’est ce que j’aurais voulu faire une fois entré à la Cour. Hélas ! A cause de tous ces vilains courtisans, sa Majesté le roi n’arrive pas à éclairer le pays de sa clairvoyance. »

Quelques instants après, ses lieutenants amenèrent des centaines de moines, des enfants de ministre et des proches du rois. Gil-dong leur déclara : « Votre crime vaut bien la peine capitale mais comme je ne vous ai pas arrêtés sur l’ordre du roi, je vous pardonne cette fois-ci. Mais si jamais vous récidivez, là, je vous trancherai le coup quel que soit l’endroit où vous vous trouverez.» 

Ainsi, Séjong le Grand finit par accepter sa proposition : « Vu ses talents hors normes, on ne pourra jamais l’attraper. Il vaut mieux que la Cour accepte ? ses talents afin de lui permettre d’en servir pour les intérêts de l’État. »

A peine le souverain eut-il publié cette décision que Gil-dong se présenta au palais de Gyeongbokgung, entouré DE dizaines de valets. Il se prosterna devant le roi : « J’ai bien peur de ne pouvoir rendre un dix millième de la grâce que sa Majesté veut bien m’accorder alors que mes talents n’arrivent pas à être à la hauteur de sa magnanimité. » Puis, il disparut comme une fumée avec sa suite. 

Epilogue: 

Gil-dong quitta le pays avec ses bandits. Il alla conquérir le pays insulaire voisin, puis en devint le roi. Il se maria avec une belle issue d’une famille roturière mais riche, et prit deux maîtresses. Lorsque son père mourut, il amena son corps dans son pays pour le mettre dans un tombeau construit suivant le protocole royal. 

Notre héros fut un monarque idéal et éclairé. Il promut l’agriculture, l’artisanat et le commerce international tout en formant une armée puissante pour dissuader la moindre velléité d’invasion des pays voisins. Il se garda pourtant de se rendre dans son pays natal pour le respect qu’il devait à son ancien monarque. 

Ainsi, dans son royaume régnèrent la paix et la prospérité. Lors qu’il atteint l’âge de 70 ans, il abdiqua en laissant son trône à son fils aîné et se retira dans une montagne avec son épouse avant de s’envoler vers le ciel lorsque son heure fut sonné. 

De son côté, son demi-grand-frère, Gil-hyeon, fut promu au poste de Premier ministre comme ses ancêtres. En dépit de cette gloire pour sa famille, il y avait une chose qui le chagrina tout au long de sa vie, c’est de ne plus pouvoir revoir son petit-frère qui lui était si cher…

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