C'était la semaine dernière. La grande vague de froid s’abattait sur Séoul depuis plus une dizaine de jours.
En revenant de mes courses, je me suis surprise à murmurer en regardant les cerisiers couverts d’une épaisse couche de neige : « Mais qu’est-ce que j’en ai marre, de cet hiver! »
En effet, il me paraissait bien plus languissant que d’habitude.
On a eu plusieurs jours de grand froid où la température chutait en dessous de – 10 degrés, les oursns attrappaient tour à tour de petits rhumes, ce qui nous obligea à rester dans notre tanière tout au long de leurs vacances, ô combien longues, d’hiver qui ont duré cinq semaines !
Sans parler de la facture du chauffage qui a failli me provoquer une crise cardiaque.
On commence néanmoins doucement à apercevoir le bout du long tunnel de cette saison si fastidieuse. La température s’est mise à augmenter et le soleil repousse, chaque soir, le moment de s’en aller vers l’Ouest. Il se plaît à m’entretenir longuement de toutes les belles choses qui ne tarderaient pas à venir à ma rencontre avec l’arrivée des fleurs avant que la nuit tombe.
Et aujourd’hui, le 4 février, on célèbre le jour du « début du printemps (Ipchun 입춘 立春 )» comme vous avez fêté, jeudi, Chandeleur avec ces petits soleils de crêpes rondes et dorées !
Petite explication sur l’origine d’Ipchun.
Par le passé, en Asie de l’Est, c’est le calendrier lunaire qui rythmait la vie officielle du pays et de ses habitants dans la région. En même temps, on utilisait un calendrier solaire pour l’agriculture.
Il divise en 24 périodes saisonnières une année d’après la position de la Terre vis-à-vis du soleil. On y retrouve notamment deux solstices et deux équinoxes, quatre points majeurs qui marquent le changement de rapport de force entre la lumière et l’obscurité.
Il y a aussi quatre jours dits « début » de chaque saison.
Ce qui est curieux, c’est que ces jours précèdent d’à peu près un mois la véritable arrivée de la saison en question. Une manière de rappeler l’ordre de la nature selon laquelle rien ne reste figé et tout circule pour nous préparer au changement de saison.
A n’en pas douter, parmi eux, c’est le jour du début du printemps (Ipchun) qui nous fait le plus rêver !
Que c’est agréable de sentir cette douce palpitation du cœur qui se met à battre plus fort au contact de ce mot si suave, le printemps, même s’il nous faudra attendre encore un bon mois et demi pour assister à la première floraison du pays.
Mais c’est surtout l’occasion de sortir du long engourdissement que nous imposait la longue domination de la nuit et du froid. Il faut secouer nos sens et nos membres pour pleinement profiter des meilleurs jours qu’on passera bientôt sous le soleil !
Ainsi, autrefois, c’était l’occasion pour les paysans de passer en revue l’état de leur champs et de leur matériel. De leur côté, les femmes procédaient à un grand nettoyage de la maison pour être prêtes à accueillir le printemps. Le roi accordait un jour de congé à ses officiers.
Et nous préparions un plat qui s’appelait « osinban» ou « osinchae », composé de cinq légumes de primeur très épicés pour raviver votre sève endormie pendant l’hiver. Un préparatif pour un « retour au printemps (회춘回春 ) » en quelque sorte.
Les paysans organisaient aussi différentes cérémonies shamaniques pour souhaiter de bonnes récoltes, donc, la prospérité et chasser les mauvais esprits.
Force est de constater, cependant, qu'on a quelque peu oublié ces traditions.
Mais il en reste une que certains Coréens pratiquent encore aujourd’hui. C’est de mettre une sorte d’affiche devant la porte ou sur les piliers de la maison, sur laquelle sont écrites à l’encre ces phrases en caractères chinois : 입춘대길 立春大吉, 건양다경 建陽多慶 (ip-chun-dae-gil, geon-yang-da-gyeong, selon la prononciation à la coréenne).
Ce qui veut dire plein de bonne chance et de bonheur à l’arrivée du printemps et du beau temps.
Bon ipchun à tous !
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