Passage obligé pour les amoureux du coréen et du hangeul ! C’est un petit musée mais on peut y apprendre comment l’alphabet coréen a évolué depuis son invention par Séjong le Grand en 1443 (proclamation en 1446) à travers différents ouvrages imprimés et manuscrits.
* Le site officiel du musée en anglais :https://www.hangeul.go.kr/lang/en/
Par ailleurs, cet établissement est situé tout près du Musée national de Corée et du parc de Yongsan. Ce qui vous permet d’organiser un petit circuit d’une demi-journée dans ce quartier qui se trouve en plein milieu de la capitale.
C’est l’été dernier que j’y suis allée pour la première fois avec ma famille. On devait assister à un mariage dans une église située près du musée. Comme on était arrivé trop tôt, on en profita pour visiter le musée.
Et quelle découverte ! A la fin de la visite, j’étais émue jusqu’aux larmes. J’avais l’impression d’avoir vécu six siècles d’aventures palpitantes du hangeul sous les regards bienveillants du roi Séjong.
Le deuxième étage du musée abrite sept salles dédiées à l’exposition permanente. Chaque salle est aménagée suivant l’ordre chronologique. Le troisième étage est réservé à des expositions spéciales.
Et voici ce qu’on peut découvrir à l’exposition permanente qui retrace l’histoire du hangeul avec des précieuses archives.
* Pour l’histoire du hangeul : https://ours15.blogspot.com/2023/10/lhistoire-du-hangeul.html
La salle 1 : « Puisque la langue de notre nation est différente de celle de la Chine »
Le coréen et le chinois sont des deux langues complètement différentes que ce soit sur le plan syntaxique ou phonétique. Cependant, jusqu’au début du 15e siècle, les Coréens étaient obligés d’utiliser les caractères chinois faute d’avoir leur propre système d’écriture. Pour cette raison, la majorité de la population restait illettrée.
C’était également le cas de beaucoup d’autres pays de l’Asie de l’Est. C’est pour cette raison qu’on appelle cette région « la zone d’influence culturelle des caractères chinois (한자문화권) ».
Cette première salle représente de manière artistique la difficulté que le peuple coréen avait dû éprouver à cause de l’absence d’un système d’écriture propre avant l’invention du hangeul.
La salle 2 : « Comme je suis pris pitié pour le peuple peu instruit... »
On y apprend les trois principaux enjeux de l’invention du hangeul affichés par Séjong lui-même dans le préambule du premier manuel du hangeul, « Hunminjeongum ».
Ce sont « l’autonomie(자주) », « l’amour pour le peuple(애민) » et « le pragmatisme(실용) ». Je vous conseille vivement de lire ce texte court mais intense et émouvant. Sa traduction en français et son explication sont disponibles sur mon blog : https://ours15.blogspot.com/2023/10/preambule-du-premier-manuel-du-hangeul.html Le titre de chaque salle du musée est tirée de ce préambule.
La salle 3 : « J’invente 28 lettres »
On peut y découvrir les formes initiales des lettres du hangeul publiées dans « Hunminjeongum ». A travers des extraits de ce livre, la salle explique d’après quels principes les lettres du hangeul furent créées.
Cinq consonnes de base furent inventées à l’instar des formes des organes de la phonation (glotte, langue, ordes vocales, larynx, etc.). Et trois voyelles de base représentent le ciel, la terre et l’homme. Séjong inventa 20 autres lettres seulement en y ajoutant quelques traits, ce qui fait que le hangeul comptait un total de 28 lettres au moment de sa création contre 24 d’aujourd’hui.
* Pour en savoir plus sur la composition de ces lettres : https://www.nfm.go.kr/k-box/ui/annyeong/hangeul.do;jsessionid=550D92E62251F5AB4F5D3ABA14A8CFAF?lang=kf
Les salles 4 et 5 : « Pour permettre à tout le monde de les apprendre facilement »
Ce sont ces salles qui m’ont le plus frappée. Car je croyais que le hangeul était employé surtout par les femmes et les gens des classes inférieures. En plus, je pensais que tous les documents officiels étaient rédigés en caractères chinois.
D’après la légende affichée à l’entrée de la salle 5, je n’étais pas la seule à avoir ce préjugée :
« Contrairement à l’idée reçue largement répandue selon laquelle seuls les femmes et les gens peu instruites utilisèrent le hangeul, il était employé par toutes les classes, allant des rois jusqu’aux moindres domestiques.»
De nombreux textes exposés là-bas en témoignent haut et fort. Il y a des manuels d’entraînement militaire, des lettres officielles rédigées par la Cour à l’adresse des officiels inférieurs de province, des manuels d’étiquette de la Cour rédigées par des concubines, des livres médicaux, des ordres rédigés par les régentes, etc.
En privé, le hangeul était utilisé encore plus largement. Les hommes nobles, y compris les rois, écrivaient leurs lettres en hangeul à leurs proches féminins ou à leurs subalternes. Les femmes et les roturières écrivaient en hangeul des actes d’accusation ou des pétitions.
De nombreux romans et recueils de poèmes et de proses étaient également imprimés en hangeul. Ces ouvrages littéraires faisaient surtout le bonheur des femmes, que ce soit la reine ou une simple domestique.
La salle 6 : « Que tout le monde les utilise chaque jour »
En 1894, lors d’une grande réforme visant à moderniser le pays, le hangeul fut enfin proclamé comme alphabet officiel du gouvernement. Pourtant, sa survie fut sérieusement menacée tout au long de l’occupation japonaise (1910-1945).
Les Japonais voulurent à tout prix effacer l’identité nationale de la Corée, y compris sa langue. Malgré la persécution des autorités coloniales, beaucoup de chercheurs coréens poursuivirent leur travaux afin d’établir des règles modernes, telles que l’orthographe ou la ponctuation en ce qui concerne l’usage du hangeul.
Devant les portraits de ces chercheurs exposés dans cette salle, je me suis recueillie un long moment en rendant hommage à leurs efforts désespérés visant à sauvegarder notre langue.
La salle 7 : « Et que tout le monde se sente bien à l’aise (avec le hangeul). »
Cette salle montre comment le gouvernement et le milieu académique déployèrent des efforts pour standardiser le hangeul en fonction de l’évolution du temps depuis la libération en 1945.
Le premier manuel scolaire du coréen pour les élèves de l’école primaire, intitulé « Baduki et Cheolsu(바둑이와 철수)» A particulièrement attiré mon attention. « Baduk » ou « Baduki » sont des prénoms très communs que les Coréens donnaient à leurs chiens de compagnie.
Les autorités éducatives de l’époque voulurent inciter les petits à apprendre le coréen à travers des récits amusants. Il s’agissait des aventures que Cheolsu, petit garçon âgé de sept ans, rencontre dans sa vie quotidienne avec son chien de compagnie Baduki,sa petite sœur Yeongyi et ses copains. Je reviendrai plus tard sur ce sujet.
Ainsi s’achève un petit tour virtuel dans le Musée national du hangeul ! Pour ceux qui voudraient jeter un coup d’oeil à la collection du musée, je vous présente ce lien en anglais : https://www.hangeul.go.kr/lang/en/museumCollection/museumCollectionList.do
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