Concours de fonctionnaires de Joseon


La série, « Seonggyungwan Scandle, 성균관 스캔들» 


La série à grand succès « Seonggyungwan Scandle, 성균관 스캔들» raconte l’histoire des candidats aux posts de hauts fonctionnaires civils de l’État. Ils préparent les concours finaux à l’établissement d’enseignement du plus haut niveau du pays appelé Syeonggyungwan.

Mais pourquoi ce fameux examen revient si régulièrement dans les sageuk ainsi que dans mes récits ? Parce que l’honneur, voire la survie des familles nobles en dépendait. La préparation de ce concours constitua ainsi l’axe principal de la vie de tous les aristocrates. 

Non seulement les dignitaires civils mais aussi les officiers militaires ainsi que les fonctionnaires des domaines plus techniques (les traducteurs, les médecins, les astrologues de la Cour, etc.) étaient également recrutés à travers les concours organisés par le gouvernement, appelé « gwageo (과거) ». 

1. Rappel historique

C’est la dynastie chinoise Sui (581-618) qui adopta pour la première fois ce système. Puis, il fut transmis dans d’autres pays de l’Asie de l’Est dont le Vietnam. En Corée, c’est au début de l’ère de Goryeo (918-1392), en 959, qu’il fut introduit. Le roi de l’époque, Gwangjong (광종, 925-975), souhaita contrebalancer les seigneurs féodaux qui détenaient encore un pouvoir non négligeable. 

Pourtant, une sorte de« parachutage » des membres des familles nobles puissantes à des posts clés existaient toujours. A la fin de l’ère de Goryeo, notamment, à partir du règne du roi Gongmin(공민왕,1330-1374), les jeunes issus de la petite noblesse mais érudits réussirent nombreux à cet examen. Certains d’entre eux, notamment Jeong Do-jeon, apportèrent grande contribution à la création de la dynastie Joseon (1392-1910)

Ainsi, il n’est pas étonnant que ce système devint plus sophistiqué et appliqué plus largement à l’ère de Joseon qu’à Goryeo. Il y avait des concours réguliers qui avaient lieu tous les trois ans. Mais selon la demande du moment ou à l’occasion des évènements à fêter, tels que la naissance d’un prince héritier, le gouvernement organisait aussi ces examens. 

Le parachutage existait toujours mais ceux qui optaient pour cette voie devaient se contenter des postes en bas d’échelle et devaient affronter le mépris de leurs collègues. 

Cependant, au fil du temps, notamment après la mort du grand roi Jeongjo en 1800, les pratiques frauduleuses se répandirent. Par ailleurs, comme une poignée de famille s’empara du pouvoir, il devint difficile pour ceux qui n’en faisaient pas partie de réussir à cet examen. Une fois effondrée l’équité de l’examen, il ne fonctionna plus comme auparavant alors que le pays s’engageait dans le chemin du déclin… 

Le système du gwageo fut aboli en 1894 dans le cadre de la grande réforme entreprise par le roi Gojong (고종, 1852-1919) visant à moderniser le pays. 

2. Concours indispensables pour le maintien du titre de noblesse

Sur le plan strictement juridique, il n’y avait que deux classes à Joseon, la classe libre (양인) et la classe inférieure (천민), dont les domestiques, métayers ou employés à vie appartenant à des familles aisées ou aux établissement publics (les nobis). 

Donc, en principe, un roturier avait le droit de postuler pour ces deux examens. Mais sur le terrain, ce n’était chose si aisée, comme il fallait se concentrer 100 % sur les études depuis la petite enfance jusqu’à l’âge de 30 à 40 ans et plus. L’âge moyen où on réussissait à ces concours étaient en effet dans cette tranche.  

Quant aux aristocrates, pour maintenir le titre de noblesse de la famille, il fallait au moins qu’un membre de la famille dans quatre générations consécutives réussissent ou bien au concours de hauts fonctionnaires civils, ou bien à celui d’officiers militaires.

3. Le *mungwa (문과 文科 ) : le fleuron du gwageo
* « Mun,문(文)» signifie ici ‘civil’ ou ‘lettre’ et « gwa, 과 (科) », matière ou catégorie 


Il s’agit du concours destiné à sélectionner les hauts fonctionnaires civils. Les examens consistaient à tester le savoir des candidats sur les principaux canons confucianistes et sur la capacité de disserter sur différents sujets liés aux affaires d’État. 

Il était constitué de plusieurs étapes. Déjà, il y avait deux examens différents, le petit examen (sogwa) et le grand examen (le daegwa). Et chaque test était composée encore de deux phases, l’éliminatoire et la finale. 

Quand on réussissait au petit concours, on recevait les titres de « saengwon,(생원) » ou de « jinsa,(진사) ». C’était déjà un grand exploit car le nombre de lauréats n’était que de 200. Ils obtenaient le droit de s’inscrire à Seonggyungwan pour poursuivre leurs études en vue de se présenter au daegwa. S’ils le vouaient, ils pouvaient obtenir un petit poste au bas de l’échelle, mais la plupart des élus continuait pour postuler au deagwa. Le daegwa était lui aussi composé d’une éliminatoire et d’une finale. A la finale, seuls 33  étaient retenus. Le taux d’admissibilité est estimé entre 3000:1 à 16000:1 ! 

Et les sélectionnés devaient une nouvelle fois passer un examen destiné à déterminer leur rang. Par exemple, ceux qui avaient une bonne note pouvaient grimper jusqu’à cinq grades sur 19 dès le départ, ce qui nécessite, en moyenne, sept ans de carrière. Le roi présidait l’examen et choisissait le thème de la dissertation. 

Alors que les roturiers avaient le droit d’y participer, les fils naturels des hommes aristocrates, ceux des veuves remariées ainsi que les descendants des condamnés pour rébellion étaient interdits à y postuler. 

4. Le *mugwa(무과) : examen de recrutement des officiers militaires 
*« Mu,무(武)» signifie ici ‘militaire’ « gwa, 과 (科) », matière ou catégorie 

On testait à la fois la capacité en tant que combattant et la connaissance sur l’art de la guerre, le confucianisme ainsi que le droit. Comme cet examen requérait moins de connaissances confucianistes, davantage de roturiers postulaient pour le mugwa que pour le mungwa. L’invincible amiral Yi Sun-sin (이순신, 1545-1598) qui pulvérisa la flotte japonaise pendant la guerre d’invasion nipponne, réussit au mugwa en 1576 à l’âge de 31 ans. 

Par ailleurs, contrairement au mungwa, les enfants naturels des aristocrates pouvaient y postuler. Ainsi, dans la série The Red Sleeve, l’héroïne, issue d’une famille roturière, exhorte son grand-frère à s’y présenter. 

5. Le japgwa (잡과) : concours de recrutements des techniciens

Contrairement au mungwa et au mugwa, les aristocrates ne postulaient pas pour le japgwa. Les métiers concernés étaient traducteur, médecin, secrétaire en bas DE L’échelle, astrologue, géologue, peintre, cuisinier ou  bibliothécaire. Les roturiers qui y réussissaient formèrent, au fil du temps, une classe appelée « la classe médiane (중인계급) ». Comme cette appellation l’indique, elle se situait entre les nobles et les roturiers ordinaires.

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