Cette histoire peut paraître un peu compliquée de prime abord. Elle est, par ailleurs, peu traitée dans les séries historiques. Mais elle est l’une des clés permettant de comprendre la tragédie du prince héritier Sado, le père du roi Jeongjo, le héros de The Red Sleeve.
Le roi Sukjong (숙종, 1661-1720), qui aima tant ses deux chats, eut six fils. Seuls deux d’entre eux survécurent à leur père, l’aîné, le futur roi Gyeongjong, et le cadet, le futur roi Yeongjo. Sukjong les eut avec deux concubines différentes, la dame Jang (mère de l’aîné) et la dame Choi (mère du cadet).
* Pour l’histoire de Sukjong et ses deux chats : https://www.facebook.com/groups/138429644857862/permalink/788553629845457/
Ces deux demi-frères s’entendirent bien dès leur enfance. D’après les annales de Joseon, ils se voyaient souvent et se plaisaient à discuter longtemps. Bien sûr, il leur arriva parfois de se livrer à des violentes querelles comme entre tous les autres frères du monde. Mais elles n’avaient jamais eu de graves conséquences.
Pourtant, de prime abord, ces deux demi-frères avaient plusieurs raisons pour se détester. D’abord, parce que leurs mères étaient des ennemies mortelles. Et pour cause. C’est, en partie, à cause de la dénonciation de Jang par Choi que la première fut exécutée. Selon Choi, Jang aurait jeté une malédiction contre la reine.
La série, "Jang Ok-jeong" |
Ensuite, l’aîné aurait pu être très jaloux de son demi-frère. Ce dernier jouissait d’une santé éclatante, d’une intelligence remarquable et d’une grande beauté. Tout le contraire de Gyeongjong qui était maladif, obèse, orphelin de mère dès l’âge de 13 ans et délaissé par son père.
Enfin, parce que le parti majeur de l’époque Noron œuvra sans cesse auprès de Sukjong pour qu’il remplaçât l’aîné par le cadet à la place de dauphin. Car, ce sont ses partisans qui incitèrent le roi à exécuter Jang pour des raisons politiques. Ils avaient donc peur que ce dernier ne se vengeât de sa mère une fois arrivé au trône.
Malgré le sabotage de Noron, l’aîné finit par accéder au trône en 1720 à l’âge de 32 ans et devint le roi Gyeongjong. Le problème, c’est qu’il n’avait donné naissance à aucun enfant. En plus, il n’avait pris aucune maîtresse, ce qui faisait flotter le doute en ce qui concerne sa capacité d’assurer la descendance. Le parti Noron, qui restait puissant, l’invita à désigner son frère comme son héritier.
Cependant, l’épouse de Gyeongjong, et sa famille s’y opposèrent. Ils souhaitèrent plutôt adopter un autre membre de la famille royale pour en faire le dauphin. Le parti adversaire de Noron, le parti Soron, les soutint.
Cette situation était d’autant plus défavorable au futur roi Yeongjo que Gyeongjong était plus proche de Soron parce que Soron s’était opposé à l’exécution de sa mère, puis, au changement de dauphin à la fin du règne de Sukjong.
Or, Gyeongjong accepta la proposition du Noron qu’il détestait et nomma son petit-frère comme dauphin.
Dans ce contexte, Noron commit une grave erreur politique en demandant au roi de se retirer des affaires d’État en nommant son frère comme régent, en prétextant la mauvaise santé du monarque.
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Gyeongjong ne retint plus son indignation et renvoya de nombreux hauts cadres appartenant à Noron. Ensuite, il les remplaça par des partisans de Soron. La position de Yeongjo comme dauphin n’en fut pas ébranlée pour autant car le monarque continua de le protéger.
Quelques mois plus tard, cependant, éclata une affaire beaucoup plus grave qui remit en cause sérieusement la légitimité du prince héritier. Un partisan de Soron dénonça les fils de quelques courtisans de Noron d’avoir comploté pour renverser le roi. Cette dénonciation coûta la vie à de nombreux partisans de Noron. Surtout, le statut de Yeongjo devint extrêmement fragile. Pour d’abord sauver sa tête, ce dernier demanda de lui retirer le statut de dauphin en sanglotant. Certains partisans extrémistes de Soron en profitèrent pour tenter de le mettre à l’écart, loin du chemin qui mène à la couronne.
Mais Gyeongjong s’indigna, non pas contre Son Altesse, mais contre les partisans de Soron qui attaquaient son frère alors qu’il avait le pouvoir d’exécuter ce dernier.
* C’est à cet endroit-là que le grand ourson interprète le roi Gyeongjong dans la vidéo jointe. Au comble de sa colère, il rejeta la proposition des partisans de Soron : « Si vous continuez d’accabler mon frère, vous subirez le même sort que les Norons ! »
Deux ans plus tard, Gyeongjong rendit son dernier souffle. Et son demi-frère put lui succéder en 1724 et devint Yeongjo, l’un des plus grands rois de Corée.
Tout au long de sa vie, Yeongjo rappela avec émotion les souvenirs liés à son frère. 46 ans plus tard après la mort de ce dernier, Yeongjo emmena son petit-fils, le futur roi Jeongjo, à un pavillon du palais et lui expliquant les larmes aux yeux : « C’est dans ce bâtiment que mon défunt grand-frère fit ses études quand il était dauphin. Maintenant que je me retrouve en tête-à-tête avec toi, il me manque encore davantage. »
Gyeongjong est l’un des rois les moins connus parmi les souverains de Joseon. Mais sans son amour pour son petit-frère, Joseon n’aurait pas connu le long règne prospère et pacifique de Yeongjo et de son petit-fils, Jeongjo.
Le problème, c’est que le dernier repas que Gyeongjong prit avait été préparé par Yeongjo. Ce qui fit planer la rumeur selon laquelle ce dernier aurait empoisonné son frère…
L’autre problème, c’est que pour rendre hommage à son grand-frère, Yeongjo confia son fils, le prince héritier Sado, aux servants de ce dernier, loin de sa mère et de lui-même. Ces servants étaient proche du parti Soron, hostile à Yeongjo du vivant de Gyeongjong. Et selon l’épouse de Sado, la dame Hong, c’est en grande partie à cause de cette décision que les relations entre père et fils se dégradèrent irrévocablement.
Merci pour ces precision
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