La série, « My Dearest » se déroule sous le règne de ce roi, notamment pendant et après la 2e invasion des Mandchous. Voici sa vie en quelques lignes, ce qui vous aidera à mieux comprendre non seulement le contexte historique de ce drama mais aussi celui de « L’intrigante et le roi » et « The King and the Clown ».
1. Naissance comme un simple prince
Lorsqu’il naquit en 1595, Injo se trouvait bien loin du trône. Car il était le fils aîné du prince Jeongwon(정원군,1580-1620), l’un des nombreux enfants naturels du roi Seonjo (선조,1552-1608). Par ailleurs, Seonjo avait déjà désigné son autre fils naturel, le prince Gwanghae, comme dauphin. En plus, quelques années plus tard, la nouvelle reine du roi lui donna son premier fils légitime tant attendu. Le nouveau-né reçut le titre du prince Neungyang(능양군).
2. Sous le règne du roi Gwanghae (1575-1641)
Lorsque le roi Gwanghae arriva au pouvoir en 1608, le père d’Injo s’entendait plutôt bien avec le nouveau monarque. Le père d’Injo essaya de ne pas contrarier son demi-frère réputé pour sa susceptibilité.
Par ailleurs, au début, le souverain chercha à bien gérer les affaires de l’État, par exemple, en nommant des officiers compétents du temps de son père à des postes clés ou en mettant en place à titre d’essai une vaste réforme fiscale. Mais d’année en année, il sombra dans la tyrannie. Il dépensa une somme aberrante pour la construction de plusieurs palais alors que le pays ne s’était pas encore remis de la guerre d’invasion japonaise(1592-1598). En plus, il devint de plus en plus paranoïaque ce qui lui fit donner tout le pouvoir à une poignée de ses proches corrompus en liquidant sans pitié leurs opposants. De nombreux aristocrates furent arrêtés, torturés, puis exécutés pour avoir monté un complot.
* Sur la vie de Gwanghae qui inspira la série, The King and the Clown : https://ours15.blogspot.com/2024/01/le-roi-dechu-gwanghae.html
La famille d’Injo ne fut pas à l’abri de ce bain de sang : l’un des petit-frères d’Injo fut injustement dénoncé. Il se suicida à son lieu d’exil en 1616 à l’âge de 16 ans. Ce n’était pas tout. Gwanghae s’empara de la maison de la famille d’Injo car un géomancien lui avait affirmé que cet emplacement était un endroit où naissent des rois.
3. Diplomatie neutre de Gwanghae
A ce moment-là, la situation géopolitique de la région évoluait de manière préoccupante. Les Jurchens (futurs Mandchous), unifiés par Nurhaci(清太祖, 1559-1625) continuèrent d’élargir leur territoire dans le nord-est de la Chine actuelle. Là, le roi Gwanghae fit preuve d’une habileté diplomatique en poursuivant des échanges réguliers avec Nurhachi tout en maintenant des relations étroites avec la dynastie chinoise Ming (明,1368–1644). Mais cette politique pragmatique exaspéra presque tous les aristocrates, y compris les proches du roi. Car ils considéraient Ming comme le pays père et les Jurchens comme des barbares.
4. Coup d’État et accession au trône d’Injo
En 1623, des officiels de l’opposition et Injo renversèrent Gwanghae, et Injo accéda au trône. Cependant, l’année suivante, Yi Gwal, l’un des officiers qui apportèrent une grande contribution à ce renversement, entreprit un autre coup d’État en s’estimant peu récompensé par rapport aux autres.
Le nouveau roi put néanmoins neutraliser cette rébellion en un mois. Le problème, c’est que plusieurs officiers rebelles se réfugièrent chez les Jurchens. Par ailleurs, afin de prévenir une telle tentative, Injo limita la marge de manœuvre des généraux au front, ce qui finit par affaiblir la défense.
Du côté de la politique intérieure, cependant, Injo s’efforça avant tout de normaliser la vie du peuple exploité à fond pour la construction de plusieurs palais. Il fit notamment arrêter la plupart des travaux en cours et entreprit des réformes fiscales.
3. Les deux invasions jurchènes (mandchoues)
Pendant ce temps, le chef des Jurchens, Nurhaci, qui était plutôt favorable à Joseon (조선, 1392-1910), décéda et son huitième fils, Huang Taïji (1592-1643) lui succéda en 1626. Il poursuivit l’expansion de son empire tous azimuts en repoussant de plus en plus vers le sud-ouest la frontière avec la dynastie Ming.
Or, Joseon, qui soutenait cette dernière constituait une menace considérable. Pour sécuriser le front sud-est, afin de ne pas être pris en étau entre Ming et Joseon, il lui fallait obtenir à tout prix la neutralité politique de la Corée. Alors qu’Injo s’était montré plus mitigé que le roi déchu Gwanghae quant à la volonté de renforcer ses relations avec les Jurchens.
Contrairement à l’idée reçue, plusieurs officiels qui entreprirent le coup d’état, dont Choi Myeong-gil, et le roi lui-même étaient conscients du danger que représentait la montée en puissance des Jurchens. Mais ils furent, en quelque sorte, obligés d’afficher une politique pro-ming, anti-Jin(Jurchen) pour obtenir le soutien des nobles alors que leur pouvoir restait très fragile au début du règne d’Injo.
En février 1627, l’armée jurchène attaqua Joseon. La cour Coréenne accepta alors d’entamer les pourparlers avec les envahisseurs et consentit à devenir un allié d’égal à égal avec la dynastie des Jurchens.
Une dizaine d’années plus tard, cependant, Huang Taïji, devenu maître d’un plus vaste territoire, ne put plus s’en contenter. Il exigea que Joseon considère son empire comme pays père et rompît les relations avec Ming. Proposition rejetée dédaigneusement par la Cour coréenne.
Furieux, en janvier 1636, Huang Taïjï envahit de nouveau Joseon à la tête de 100 000 soldats. En seulement huit jours, la troupe s’empara de Séoul. Le roi Injo dut s’enfermer dans la forteresse de Namhansan, située dans le sud de la capitale. Mais 45 jours plus tard, Injo fut obligé DE consentir aux conditions de la reddition humiliante avancées par Huang Taïjï : Joseon promit de payer un tribut lourd pendant une dizaine d’année, d’envoyer les deux princes comme otage chez les Jurchens, etc.
Ainsi, deux fils d’Injo, le prince héritier Sohyeon et le prince Bongrim (le futur roi Hyojong, 1619-1659) et leur famille furent emmenés comme otage à Shenyang en Chine.
Entre temps, Huang Taïji baptisa son empire « Qing,淸 ,1616-1912 » et changea le nom de son peuple de Jurchen à Mandchou. Et en 1644, il finit par conquérir tout le territoire de la Chine. Enfin rassurée, la Cour mandchoue permit à ces deux princes de retourner à Séoul en 1645.
* Pour en savoir plus sur ces deux guerres : https://ours15.blogspot.com/2023/12/les-invasions-mandchoues-au-17e-siecle.html
4. Décès mystérieux du prince héritier Sohyeon (소현세자, 1612-1645)
Or, loin de se féliciter du retour de son successeur, Injo se mit à se méfier à son fils aîné, qui affichait des positions trop progressistes et pro-mandchoues à son goût. C’est que le prince entra en contact avec le monde extérieur pendant son séjour de huit ans chez les Mandchous, y compris la culture occidentale. Injo avait également peur que la nouvelle dynastie mandchoue le destituât en mettant sur le trône le dauphin qui avait pu tisser des relations étroites avec les hauts dignitaires de Qing. Dans ce contexte, le prince héritier décéda dans des circonstances suspectes. Il aurait succombé soit à une maladie, soit à un empoisonnement. On n’a jamais su la vérité.
Quoiqu’il en soit, le fils de Sohyeon, alors âgé de 10 ans, dut être nommé comme nouveau dauphin en vertu du droit d’aînesse. Or, Injo nomma son second fils comme successeur en dépit de la violente opposition des courtisans. Probablement pour éliminer un éventuel rival à son fils, il exécuta injustement l’épouse de son aînée, la dauphine Gang(민회빈 강씨, 1611-1646), pour avoir tenter de l’empoisonner suite à un complot monté par sa favorite, Soyong, de la famille Jo(소용 조씨,1600(?)-1652). Ensuite, l’aîné du couple malheureux fut exilé à l’île de Jeju et mourut, à son tour, « suite à une épidémie » en 1648.
Mais il ne survivra pas longtemps après la mort de son fils, sa belle-fille et son petit-fils. Il rendit son dernier souffle en 1649 à l’âge de 53 ant. A quoi a-t-il bien pu penser à ce suprême instant ? Je pense qu’il aura affreusement regretté d’avoir chassé son oncle du trône, vu toutes les humiliations qu’il dût subir durant son règne.
Heureusement, le prince Bongrim lui succéda et devint le roi Hyojong. Tout au long de son règne, il mit toute son énergie pour stabiliser le pays. Parallèlement, il réussit à bien éduquer son fils, le futur roi Hyeonjong (ce qui ne me paraît pas évident à présent que j’élève deux fils) qui poursuivra les travaux de reconstruction de son père. Ce qui permit à ses descendants, de Sukjong à Jeongjo, d’ouvrir une nouvelle ère de paix et de prospérité au 18e siècle.
5. Généalogie simplifiée d’Injo à Jeongjo
Injo (1595-1649)→ Hyojong(1619-1659)→ Hyeonjong(1641-1674)→ Sukjong(1661-1720)→ Gyeongjong (1688-1724) → Yeongjo (1694-1776) → Le prince héritier Sado (1735-1763) → Jeongjo (1752-1800)
* Yeongjo succéda à son grand-frère Gyeongjong parce que celui-ci n’avait pas d’enfant.
Pour les histoires des célèbres rois de Corée : https://ours15.blogspot.com/search/label/roi
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