Lorsque maman m’avait offert un podaegi suite à la naissance de mon aîné, je fus quelque peu confuse.
En fait, j’avais voulu un porte-bébé moderne très à la mode chez la plupart des jeunes mères coréennes. Elle avait l’air plus commode et plus sûr avec des ceintures et des bretelles bien solides !
Mamie Ours m’assura cependant que mes bébés l’adoreraient comme le porte-bébé traditionnel coréen enveloppe, avec son large pan, parfaitement leurs bras et leurs jambes, ce qui leur permet d’être bien collés sur le corps de leurs parents.
En effet, dès qu’elle mis sur dos le grand ourson pour ensuite l’emmitoufler dans ce large tissu matelassé doté d’une bande large et long, il éclata de rire avant de s’endormir sur le dos de mamie quelques instants après.
Depuis, le podaegi m’accompagna à chaque instant de ma vie quotidienne jusqu’à ce que Petit Ourson atteigne l’âge de deux ans, c’est-à-dire pendant environ quatre ans en tout.
Entre temps, ma cousine m’avait offert un porte-bébé moderne qu’elle avait utilisé mais finalement je ne l’ai guère employé comme mes oursons et moi-même préférions nettement le podaegi. Car j’adorais sentir la chaleur et le poids de tout leur corps, y compris leurs toutes petites jambes comme l’avait prévu maman.
La nuit, quand les petits n’arrivaient pas à s’endormir, je les couvrais du podaegi sur mon dos et chantais doucement une dizaine (parfois une trentaine) de chansons jusqu’à ce que je sente leur petite tête peser de tout son poids sur mes épaules.
Et lorsque les oursons ont commencé à marcher, ils m’apportaient le podaegi quand ils avaient besoin de quelque douceur.
A mon avis, la plus grande caractéristique du podaegi qui distingue des porte-bébés des autres cultures, c’est sa grande forme rectangulaire, environ 1,5 m de large et 1 m de long, doté de deux longues et larges bandes plus de 1,5 m chacune.
Cette taille généreuse du tissu permet de faire coller plus confortablement le petit au corps du parent quels que soient les gestes qu’effectue le porteur du bébé. Et d’après des spécialistes, cette façon de porter les enfants pèserait moins lourd sur les vertèbres.
Par ailleurs, le podaegi est souvent fait de coton matelassé solide qui isole bien le petit sur le dos de sa mère contre le froid et les dangers du monde extérieur.
Il est difficile de savoir exactement depuis quand cette pratique s’est installée chez les Coréens. On peut tout simplement supposer, d’après des peintures et des photos prises ces dernières siècles, que le podaegi faisait partie depuis bien longtemps de la vie des mères de famille ordinaires de Corée.
Il fut le témoin du quotidien dur de la plupart des femmes d’autrefois obligées de s’acquitter de plusieurs tâches à la maison comme dans les champs. Quand il y avait trop d’enfants dans la famille ou que les mères étaient vraiment trop occupées, les grandes sœurs prenaient le relais de maman.
Le podaegi fut également fidèle compagnon des mères et des bébés à chaque fois que le pays s’embrasa sous le feu de la guerre.
La génération de mes parents préfère encore porter leurs petits-enfants dans le podaegi mais de plus en plus jeunes optent pour des porte-bébés ultramodernes.
Cette tradition se perd tout doucement. Ainsi va la vie.
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