La dépression post-partum dont j’avais souffert après l’accouchement des oursons est guérie mais elle A laissé des traces qui se réveillent et me précipitent dans des pensées noires de temps à autre.
La dépression post-partum dont j’avais souffert après l’accouchement des oursons est guérie mais elle A laissé des traces qui se réveillent et me précipitent dans des pensées noires de temps à autre.
Un rien, tel que la fièvre des petits, des petites querelles avec mon mari, une grande fatigue, etc, déclenche parfois ce processus sombre. Mine de rien, fin avril et début mai, j’ai traversé des petites crises de déprime, cette fois-ci, entamées par la bronchite de Petit Ourson qui n’a duré que pendant une semaine.
Pendant cette période, j’ai découvert Shim No-sung (1762-1836), écrivain noble dont j’ai eu le plaisir de partager avec vous la traduction de l’essai dédié à sa femme défunte, intitulé « En plantant des arbres auprès du tombeau de ma femme ».
Pour accéder à ce texte : https://ours15.blogspot.com/2024/05/essai-en-plantant-des-arbres-autour-du.html
Passionnément amoureux de son épouse avec qui il se maria à 15 ans, il écrivit 26 poèmes et 23 textes en proses pour commémorer sa femme après son décès. Du jamais vu pour un homme aristocrate ! Son frère, plus conservateur, lui reprocha de s’être livré avec excès à son chagrin.
Dans cet essai, il regretta de ne pas avoir pu exaucer le souhait de madame de fleurir leur jardin de son vivant. Shim y souligne ainsi l’importance de profiter pleinement de chaque moment que l’on passe avec nos êtres chers. Ce texte m’a bien secouée en me permettant de mesurer la chance que j’ai de vivre entourée de mon mari, mes parents et des oursons. Fascinée par ce texte, j’ai commandé un recueil de ses écrits. C’est une véritable pépite. Et ç’en fut fini, de mon petit accès de déprime. Je vous en présenterai mes préférés, y compris la biographie d’une gisaeng, très intéressante .
Notre héros du jour est, entre autres, très doué pour la description des scènes de vie ordinaire. On a l’impression d’y être ! Comme ce poème.
………………..
Poème : De l’armoise pousse encore sur ton visage…
- Traduit par Shim So-jeong
Alors que la neige fond sur le champ de l’est
Et que la rivière recommence à couler,
L’ombre du printemps s’étend sur le sol
Et les nuages coquets flottent dans le ciel.
Le rideau est couvert
De toiles d’araignée et de poussières.
Mais des bourgeons verts aussi minces que le fil poussent
Sous le vieil arbre situé au-delà de la clôture de l’est.
Lorsque tu étais encore là, à chaque printemps,
Nous préparions des repas avec de l’armoise.
La maison entière respirait la joie,
Avec mes frères et leurs épouses invités pour l’occasion.
Tu retroussais ta jupe et l’attachais autour de ta taille avec un fil.
Et tu avais dans tes mains un sarcloir.
Parée de la sorte, tu n’arrêtais pas de cueillir de l’armoise
Pendant que notre fille restait près de toi avec un grand panier,
Et que ma mère se réjouissait en voyant le panier se remplir.
En un clin d’œil, la soupe d’armoise, et du riz, étaient déjà prêts.
Nos domestiques achetaient de la sauce soja et du doenjang (pâte de soja fermentée) au marché du nord,
Et de l’huile au marché de l’ouest.
La dernière fois, un poissonnier passait devant notre porte.
Ca tombait bien. Nous lui achetâmes des poissons.
Ainsi nos tables étaient pleines à craquer
Avec des poissons et des plats printaniers.
Comme les tables si bien garnies nous donnèrent soif,
Tu détachas un bijou que tu portais
Avant de le donner à une petite servante
Pour qu’elle l’échangeât avec de l’alcool.
En attendant son retour, nous bavardâmes gaiement :
« Tu sais, la dame Shin qui habite au bout de la rue vient de fabriquer de nouvel alcool. », etc.
Que de vacarmes, que de rires!
Moi, j’oubliai tous mes soucis en récitant un poème.
L’année dernière, je me rendis à une région du nord-est
Pour un voyage de trois mois pour voir ses beaux paysages.
De retour, je te découvris malade et l’armoise, périe.
Tu te plaignis en pleurant :
« Pourquoi ton voyage se prolongea si longtemps ? »
Ah, notre bonheur est comme de l’eau qui coule :
Il ne nous attend jamais.
Notre vie est comme celle des éphémères.
Tu m’imploras :
« Même après ma mort, de l’armoise reviendra le printemps suivant,
Pense à moi en la regardant. »
Aujourd’hui, sur la table que ma belle-sœur m’a préparée,
Se trouve de l’armoise tendre comme par hasard.
A sa vue, j’ai la gorge qui se noue.
O toi, qui en cueillais pour moi.
Ton visage fut couvert de terre
Et de là, A poussé de l’armoise.
…………………………….
Ce poème m’a donné envie de préparer un petit festin. Ainsi, comme le 14 mai était un jour férié (l’anniversaire de Bouddha), j’ai invité mes parents pour partager des rouleaux vietnamiens avec du bulggogi à midi. Toute la matinée, les oursons s’amusèrent si bien ensemble que leur rire remplissait l’appartement de bonheur.
Ils construisirent un long chemin de fer. Ils tenaient à le montrer à mes parents, ce qui nous obligea à déplacer la table plus près de la fenêtre du salon. Papy et mamie Ours ne manquèrent pas de s’extasier devant leurs travaux et nous voilà à table ! Autrefois, quand on prenait ces rouleaux, nous les roulions pour les petits mais maintenant les oursons ont suffisamment grandi pour le faire eux-même. Ainsi s’écoule le temps. Carpe diem, donc.
La recette de rouleaux vietnamiens coréanisés : https://www.facebook.com/groups/2608580949458549/permalink/3022518794731427/
Un rien, tel que la fièvre des petits, des petites querelles avec mon mari, une grande fatigue, etc, déclenche parfois ce processus sombre. Mine de rien, fin avril et début mai, j’ai traversé des petites crises de déprime, cette fois-ci, entamées par la bronchite de Petit Ourson qui n’a duré que pendant une semaine.
Pendant cette période, j’ai découvert Shim No-sung (1762-1836), écrivain noble dont j’ai eu le plaisir de partager avec vous la traduction de l’essai dédié à sa femme défunte, intitulé « En plantant des arbres auprès du tombeau de ma femme ».
Pour accéder à ce texte : https://ours15.blogspot.com/2024/05/essai-en-plantant-des-arbres-autour-du.html
Passionnément amoureux de son épouse avec qui il se maria à 15 ans, il écrivit 26 poèmes et 23 textes en proses en mémoire de sa femme après son décès. Du jamais vu pour un homme aristocrate ! Son frère, plus conservateur, lui reprocha de s’être livré avec excès à son chagrin.
Dans cet essai, il regretta de ne pas avoir pu exaucer le souhait de madame de fleurir leur jardin de son vivant. Shim y souligne ainsi l’importance de profiter pleinement de chaque moment que l’on passe avec nos êtres chers. Ce texte m’a bien secouée en me permettant de mesurer la chance que j’ai de vivre entourée de mon mari, mes parents et des oursons. Fascinée par ce texte, j’ai commandé un recueil de ses écrits. C’est une véritable pépite. Et ç’en fut fini, de mon petit accès de déprime. Je vous en présenterai mes préférés, y compris la biographie d’une gisaeng, très intéressante .
Notre héros du jour est, entre autres, très doué pour la description des scènes de vie ordinaire. On a l’impression d’y être ! Comme ce poème.
………………..
Poème : De l’armoise pousse encore sur ton visage…
- Traduit par Shim So-jeong
Alors que la neige fond sur le champ de l’est
Et que la rivière recommence à couler,
L’ombre du printemps s’étend sur le sol
Et les nuages coquets flottent dans le ciel.
Le rideau est couvert
De toiles d’araignée et de poussières.
Mais des bourgeons verts aussi minces que le fil poussent
Sous le vieil arbre situé au-delà de la clôture de l’est.
Lorsque tu étais encore là, à chaque printemps,
Nous préparions des repas avec de l’armoise.
La maison entière respirait la joie,
Avec mes frères et leurs épouses invités pour l’occasion.
Tu retroussais ta jupe et l’attachais autour de ta taille avec un fil.
Et tu avais dans tes mains un sarcloir.
Parée de la sorte, tu n’arrêtais pas de cueillir de l’armoise
Pendant que notre fille restait près de toi avec un grand panier,
Et que ma mère se réjouissait en voyant le panier se remplir.
En un clin d’œil, la soupe d’armoise, et du riz, étaient déjà prêts.
Nos domestiques achetaient de la sauce soja et du doenjang (pâte de soja fermentée) au marché du nord,
Et de l’huile au marché de l’ouest.
La dernière fois, un poissonnier passait devant notre porte.
Ca tombait bien. Nous lui achetâmes des poissons.
Ainsi nos tables étaient pleines à craquer
Avec des poissons et des plats printaniers.
Comme les tables si bien garnies nous donnèrent soif,
Tu détachas un bijou que tu portais
Avant de le donner à une petite servante
Pour qu’elle l’échangeât avec de l’alcool.
En attendant son retour, nous bavardâmes gaiement :
« Tu sais, la dame Shin qui habite au bout de la rue vient de fabriquer de nouvel alcool. », etc.
Que de vacarmes, que de rires!
Moi, j’oubliai tous mes soucis en récitant un poème.
L’année dernière, je me rendis à une région du nord-est
Pour un voyage de trois mois pour voir ses beaux paysages.
De retour, je te découvris malade et l’armoise, périe.
Tu te plaignis en pleurant :
« Pourquoi ton voyage se prolongea si longtemps ? »
Ah, notre bonheur est comme de l’eau qui coule :
Il ne nous attend jamais.
Notre vie est comme celle des éphémères.
Tu m’imploras :
« Même après ma mort, de l’armoise reviendra le printemps suivant,
Pense à moi en la regardant. »
Aujourd’hui, sur la table que ma belle-sœur m’a préparée,
Se trouve de l’armoise tendre comme par hasard.
A sa vue, j’ai la gorge qui se noue.
O toi, qui en cueillais pour moi.
Ton visage fut couvert de terre
Et de là, A poussé de l’armoise.
…………………………….
Ce poème m’a donné envie de préparer un petit festin. Ainsi, comme le 14 mai était un jour férié (l’anniversaire de Bouddha), j’ai invité mes parents pour partager des rouleaux vietnamiens avec du bulggogi à midi. Toute la matinée, les oursons s’amusèrent si bien ensemble que leur rire remplissait l’appartement de bonheur.
Ils construisirent un long chemin de fer. Ils tenaient à le montrer à mes parents, ce qui nous obligea à déplacer la table plus près de la fenêtre du salon. Papy et mamie Ours ne manquèrent pas de s’extasier devant leurs travaux et nous voilà à table ! Autrefois, quand on prenait ces rouleaux, nous les roulions pour les petits mais maintenant les oursons ont suffisamment grandi pour le faire eux-même. Ainsi s’écoule le temps. Carpe diem, donc.
La recette de rouleaux vietnamiens coréanisés : https://www.facebook.com/groups/2608580949458549/permalink/3022518794731427/
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