정,情 (jeong : affection, attachement) et le Petit Prince


Mes parents nous offrirent un figuier à caoutchouc lorsque la famille Ours s’installa dans notre appartement actuel en novembre 2021. Je ne sais pas pourquoi, mais à l’époque, j’avais un préjugé contre moi-même, comme quoi, je n’étais pas trop douée pour le jardinage. Ainsi, j’avais la conviction que de toute façon, toutes les plantes qu’on nous offrent ne vivraient pas  longtemps. Donc, ce cadeau m’embarrassa plutôt que de me plaire. 




Je devais l’arroser une fois par semaine mais je l’oubliais assez souvent et l’arrosais parfois une seule fois par mois. Et je ne songeai nullement à le protéger contre le froid pendant l’hiver. Il survécut tant bien que mal pendant deux ans et demi grâce à quelques verres d’eau que Petit Ourson lui versa de temps à autre. Car lui, il s’intéresse beaucoup à la nature. Mais au fil du temps, il perdit une à une ses feuilles. 

En février dernier, je le découvris presque dépouillé de feuilles. Juste une dizaine de feuilles restaient encore là. Cet état misérable me paniqua tout à coup. Car, avant tout, c’était un cadeau de mes parents ! Alertée, je me mis enfin à m’occuper sérieusement de lui. Je commençai à l’arroser le jeudi. Surtout, je lui chantai ce refrain avec Petit Ourson : « Arbre, cher arbre, ne meurt pas, s’il te plaît. Mais vis longtemps avec nous. » Puis, le petit caressa tendrement le peu de feuilles qui restaient. 

Quelques jours après, nous découvrîmes trois bourgeons de feuilles au bout de la plus longue tige du caoutchouc. Petit Ourson applaudit de joie et les appela «bébés ». Puis, nous chantâmes : « Grandissez, grandissez vite, petits bébés feuilles. » Leur éclosion fut un moment d’émerveillement pour nous tous. Puis, d’autres bébés feuilles vinrent rejoindre leurs grands-frères et grandes-sœurs. « Famille nombreuse ! » se réjouit l’ourson cadet. 

Je lui expliquai que c’était parce que nous avions donner du jeong (정) que ce pauvre arbre en agonie revenait à la vie. 

Avec l’inyeon (인연) qui désigne le destin qui régit les rencontres et les relations entre les gens ou entre les gens et les objets, le jeong (정) est souvent cité comme l’un des mots coréens les plus difficiles à traduire. 

Pour vous donner une idée générale, je vous présente des mots que le dictionnaire coréen-français propose comme équivalents du jeong : « affection », « tendresse », « amour », « bonté », « cœur », « amitié ».. J’y ajouterai même « solidarité », « complicité » ou « attention » selon le contexte. 

Pour moi, c’est un sentiment d’attachement qui s’établit entre les individus ou les gens qui sont amenés à se rencontrer par l’inyeon. Le jeong se développe avec le temps. Ainsi, les vieux couples disent : « Nous n’arriverons pas à nous séparer à cause du jeong qui s’est tissé au fil du temps, pas pour l’amour flamboyant. » Sur ce plan-là, le jeong pourra se traduire par « solidarité » ou « complicité ». 

Et certains Coréens croient que le jeong se forme même avec des personnes avec lesquelles on ne s’entend pas  très bien (euphémisme) mais qu’on est obligé de fréquenter beaucoup au bureau ou à l’école. On appelle ça, le jeong de haine, qui nous fera les regretter au moment où on les quitte. Mais personnellement, ça ne m’est jamais arrivé. Je n’ai ressenti aucun jeong envers ceux qui m’ont persécutée. Quand je n’aime pas (encore un euphémisme), je n’aime pas, point final. 

Mais pour approfondir le jeong, le temps ne suffit pas. Il faut aussi la volonté de se rapprocher des autres que l’inyeon nous a fait connaître. Là, la notion du jeong correspond beaucoup à la théorie de l’apprivoisement du renard de Petit Prince. Voici des extraits de ce chef-d’œuvre qui explique si bien le concept du jeong : 
- C’est le temps que tu as perdu qui fait ta rose si importante.
- Mais à elle seule, elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe (…) Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.

Alors, les mots « attention », « intérêt », « affection » et « amour » peuvent se trouver sur le champ sémantique du jeong. Le jeong se construit. Les liens ainsi cultivés par le jeong sont difficiles à rompre, car, comme le dit encore le renard : « On devient responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ». 

Voilà, l’inyeon nous fit rencontrer monsieur le Caoutchouc et le jeong que j’ai construit entre nous deux lui a redonné la vie et me l’a rendu unique au monde. Idem pour Rathonie, la petite chenille, à laquelle les camarades de la classe de Dongdong ont donné beaucoup de jeong. Elle put évoluer saine et sauve grâce à l’attention des petits. Et le lien ainsi formé ne se rompra jamais même si, transformée en papillon, elle est relâchée dans la nature. Rathonie est gravée à jamais dans nos coeurs grâce au … jeong (정).

Pour l’histoire de Rathonie, la petite chenille : https://www.facebook.com/share/p/Y92tLBHPUyqPF1Wd/

Avec l’inyeon (인연) qui désigne le destin qui régit les rencontres et les relations entre les gens ou entre les gens et les objets, le jeong (정) est souvent cité comme l’un des mots coréens les plus difficiles à traduire. 

Pour vous donner une idée générale, je vous présente des mots que le dictionnaire coréen-français propose comme équivalents du jeong : « affection », « tendresse », « amour », « bonté », « cœur », « amitié ».. J’y ajouterai même « solidarité », « complicité » ou « attention » selon le contexte. 

Pour moi, c’est un sentiment d’attachement qui s’établit entre les individus ou les gens qui sont amenés à se rencontrer par l’inyeon. Le jeong se développe avec le temps. Ainsi, les vieux couples disent : « Nous n’arriverons pas à nous séparer à cause du jeong qui s’est tissé au fil du temps, pas pour l’amour flamboyant. » Sur ce plan-là, le jeong pourra se traduire par « solidarité » ou « complicité ». 


Cependant, pour approfondir le jeong, le temps ne suffit pas. Il faut aussi la volonté de se rapprocher des autres que l’inyeon nous a fait connaître. Là, la notion du jeong correspond beaucoup à la théorie de l’apprivoisement du renard de Petit Prince. Voici des extraits de ce chef-d’œuvre qui explique si bien le concept du jeong : 
- C’est le temps que tu as perdu qui fait ta rose si importante.
- Mais à elle seule, elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe (…) Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.

Alors, les mots « attention », « intérêt », « affection » et « amour » peuvent se trouver sur le champ sémantique du jeong. Le jeong se construit. Les liens ainsi cultivés par le jeong sont difficiles à rompre, car, comme le dit encore le renard : « On devient responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ». 

Voilà, l’inyeon nous fit rencontrer monsieur le Caoutchouc et le jeong que j’ai construit entre nous deux lui a redonné la vie et me l’a rendu unique au monde. Idem pour Rathonie, la petite chenille, à laquelle les camarades de la classe de Dongdong ont donné beaucoup de jeong. Elle put évoluer saine et sauve grâce à l’attention des petits. Et le lien ainsi formé ne se rompra jamais même si, transformée en papillon, elle est relâchée dans la nature. Rathonie est gravée à jamais dans nos coeurs grâce au … jeong (정).

Pour l’histoire de Rathonie, la petite chenille : https://www.facebook.com/share/p/Y92tLBHPUyqPF1Wd/

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