Souvenir de maman lié au bain public

L'image d'un jjimjilbang en Corée


La dernière fois où je suis allée à un sauna du quartier avec ma mère, nous avons pris un déjeuner somptueux sur place. 

Quand elle m’a vue prendre les photos de ces plats, elle m’a dit : « Tu pourras raconter à tes amis francophones cette petite histoire pour accompagner tes images. »


« Tu te souviens du bain public de notre quartier, qui était bien plus petit que ce sauna. Il était là où se trouve aujourd’hui une agence immobilière et une supérette que tu sais. 
A l’époque (dans les années 1980 et 1990), les bains publics n’étaient pas aussi bien équipés ni aussi spacieux. Un vestiaire, à peine une dizaine de douches, un petit cabinet de sauna et deux baignoires, l’une pour l’eau chaude et l’autre pour l’eau froide, c'était tout.

L’établissement ne proposait aucune nourriture ni boissons, si ce n’est des canettes de boissons fraîches conservées dans un petit frigidaire. 

Tu te rappelles, on y allait en famille presque tous les week-end. Ton père et ton frère au premier étage, toi et moi au rez-de-chaussée . 

Mais, des mères de familles, dont la plupart ne travaillaient pas à l’époque, y alleint presque tous les deux ou trois jours, après avoir envoyé leurs enfants à l’école. 

L’ambiance était plus intime que le week-end ou les jours fériés. On devenait très vite copines, chacun racontait sa vie, se plaignait de son mari ou de sa belle famille, se vantait des exploits scolaires de ses enfants. 

Parfois, L’une d’entre nous offrait des clémentines, des petits gâteaux ou des boissons à toutes celles qui se trouvaient là lorsqu’il leur arrivait des heureux évènements, comme le mariage de leurs enfants, la promotion de leur mari ou autres. 

Parmi elles, des mères de ma génération ont fini par former un groupe d’amies et par se rencontrer une fois par mois dans un resto du quartier, autour d’un verre de bière. 

Après le repas, on allait chanter dans un noraebang (karaoké coréen) aux alentours. C’était tout récent, ces noraebangs et mes copines du quartier en raffolaient. 

Bon… tu sais, l’ambiance a bien changé depuis. A l’époque, les bâtiments résidentiels collectifs, qu’on appelle appartements ici, n’avaient que cinq étages. 

Ils ont été tous « reconstruits » depuis 2000 et transformés en de grandes tours dotées de 20 voire 35 étages. 

À l’époque, il n’y avait pas autant de complexes d’appartements. Il y avait plus de terrains vagues, même des vergers… qui sont occupés, aujourd’hui, aussi par de ces hautes tours résidentielles. 

Ce qui fait que le nombre d’habitants a presque décuplé dans ce même quartier. On compte aujourd’hui de nombreux saunas comme ça, spacieux et très bien équipés, mais on n’y retrouve plus cette atmosphère conviviale de petit village. 

C’est bien moins romantique et c’est dommage. Peut-être que c’est la rançon du progrès. Je ne sais plus ce qu’elles sont devenues, ces copines du bain public. Mais parfois, j’ai bien envie de les revoir et de parler de nos vieux jours. »

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