Déjà, c’est un jour férié. Ce qui nous permet de profiter pleinement du Réveillon. Les familles qui ont des enfants en bas âge se réunissent auprès de bons petits plats, souvent à l’occidentale, tels que des pizzas, des pâtes italiennes, des poulets frits, etc.
Mais ce qui compte surtout, c’est le gâteau de Noël. Chez la famille Ours, depuis la naissance du grand ourson, on invite mes parents chez nous pour partager le gâteau et le repas du Réveillon de Noël.
Après le souper, on allume le gâteau près du sapin de Noël que presque toutes les familles coréennes installent dès le début de décembre quelle que soit leur religion. Ce jour-là, on a dû mal à endormir les enfants car ils sont trop excités à l’idée de découvrir des cadeaux du Père Noël le lendemain matin. Oui, ici aussi, les parents jouent au Père Noël. Cette tradition venue de l’Occident s’est vite répandue à peu près dès le début des années 1980. Donc, moi, née en 1979, je croyais au Père Noël ainsi que ma belle-sœur, née en 1981, mais mon mari, né en 1972, pas du tout. Pas de cadeau non plus. «Qu’est-ce que tu veux, chéri, à l’époque encore, la Corée était un pauvre pays. Par contre, toi, tu es née dans un pays en voie de développement. Ce qui explique ce changement de coutumes », conclut mon mari, ce soir, autour d’un verre de vin.
Donc, hier, les oursons se sont endormis à minuit alors que je les avais mis au lit dès 21h : ils sortaient toutes les dix minutes de leur chambre pour voir si le Père Noël était passé ou pas. Ils avaient aussi l’espoir de le surprendre.
Avant de se coucher, ils avaient préparé des goûters pour le Père Noël et Rudolf, ainsi que les collègues de ce dernier. Ils étaient ravis de découvrir leurs cadeaux et des assiettes vides ce matin.
Beaucoup de Coréens s’échangent aussi des cartes de vœux et des cadeaux, que ce soit en papier ou en version virtuelle. Mes parents ont offert des cartes et des cadeaux aux oursons après notre repas traditionnel du Réveillon.
Cependant, lorsque les enfants ont grandi, ils préfèrent passer le Réveillon de Noël avec, si possible, leurs amoureux ou leurs copains. Ils veulent faire la fête dans des quartiers branchés comme Myeongdong, Hongdae, etc.
Le jour de Noël, les chrétiens, qui représente environ deux tiers de la population, catholiques et protestants confondus, vont à l’église. Comme mes parents sont calvinistes, j’allais souvent à l’église le jour de Noël. Comme ce matin.
L’homélie de notre pasteur était sombre : « Aujourd’hui, nous devrions féliciter la venue de l’enfant Jésus mais … que la nuit est sombre ! Comme cette nuit où il naquit. Depuis la proclamation de la loi martiale, le pays traverse une nuit si obscure. Les divisions et les conflits entre les différents camps, l’économie qui ne cesse de plonger… Mais, savez-vous, on ne voit les étoiles que la nuit. Ne perdons pas l’espoir… etc. »
En effet, les messages de Noël des dirigeants religieux et des hommes politiques font partie du paysage des festivités de fin d’année de Corée, Par exemple, le premier cardinal de Corée, feu Stéphane Kim Su-hwan avait fustigé plusieurs fois les dictateurs dans son homélie de la messe de minuit de Noël dans les années 1970 et 1780. Et vu la situation actuelle de notre pays, notre pasteur n’était pas le seul à s’être prononcé sur la politique.
Pour l’histoire de l’église catholique coréenne et son rôle pour la démocratisation du pays : https://www.facebook.com/share/p/14m4ZBvcLg/
Le message de l’archevêque de Séoul est souvent relayé en premier par les médias, suivi par ceux des pasteurs de grandes églises protestantes dont celle de mes parents.
Cette année, Monseigneur Pierre Jeong Sun-ta a d’abord déploré que les Coréens étaient en train de « passer la fin d’année dans un grave chaos et des divisions que le pays N'A jamais connus. » et qu’ « il était indispensable de déployer des efforts ensemble selon la procédure démocratique et constitutionnelle afin de réaliser le bonheur de tout le peuple et le bien public. » Avant d’ajouter que « même si la société est plongée dans la peur et dans l’incertitude, il faut continuer de s’efforcer à établir un ordre basé sur la justice et le respect mutuel ». Et de conclure que « la paix ne s’offre pas seule mais il nous faut essayer de la bâtir tous ensemble. »
Heureusement il faisait plus doux que ces derniers jours avec un ciel limpide typique de Corée. Beaucoup de Coréens en ont profité pour faire des sorties, aller aux restaurants comme si de rien n’était. Malgré tout, on avait empêché le pire en faisant lever la loi martiale et en suspendant Yoon Seok-yeol de ses fonctions présidentielles. Mais vu les débuts houleux de la saison II, dont je publierai bientôt l’épisode un, on a besoin de beaucoup de prières.
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