Deux poèmes de métro de Séoul

Le savez-vous, si vous aimez regarder le ciel, c’est que vous étiez, dans l’une de vos antérieures, « un immense oiseau qui voyageait d’une voie lactée à une autre.» ? 


C’est un extrait du poème « La légende des hommes » que j’ai découvert, l’année dernière, dans une station du métro. Le métro de Séoul met des poèmes sur les portes palières du quai et on en trouve parfois d’excellents. Voici l’intégralité du poème court mais intense. 


La légende des hommes

- Jeong Byeong-hwa, traduit pas Shim So-jeong 


Si vous regardez si souvent

Le ciel bleu, 

C’est que vous étiez autrefois

Un immense oiseau

Qui voyageait d’une voie lactée à une autre.


Ce jour-là, j’étais en train d’amener les oursons chez un copain du petit. Les parents de ce dernier les avaient invités pour un souper. C’était début décembre, il faisait déjà noir et très froid. La journée qui s’achevait était particulièrement éprouvante. Epuisée, j’avais la tête complètement engourdie. Je ne ressentais même pas la joie de profiter de quelques heures de calme sans les oursons. 


Sur le quai de la station du métro, il y avait une grande foule. C’était l’heure de pointe. J’essayai de faire la file avec les oursons devant des portes palières. Et ce poème écrit sur la vitre d’une porte me sauta aux yeux.

Je fermai les yeux et me vis en un magnifique cygne géant battant ses ailes gigantesques. Avec ces quelques mots, le poète venait d’ouvrir la fenêtre de ma cuisine perchée sur le 13e étage d’un immeuble résidentiel ordinaire de Séoul. Puis, il me propulsa dehors pour que je prenne mon envol vers un autre univers. Qu’importent ces mesquineries que je dois affronter de temps à autre, alors que moi, j’étais, autrefois, un oiseau géant qui voltigeait librement à travers plusieurs voies lactées ! 


Je suis sûre que je l’étais. Car j’adore regarder le ciel. J’ai de la chance, car notre appartement est doté de plusieurs grandes fenêtres. J’aime particulièrement contempler le coucher du soleil lors de mes petites pauses en plein milieu de la préparation du souper. Mon âme suit l’astre solaire qui s’en va vers l’ouest. 


« Maman, maman, le train arrive, dépêchons-nous. Chouette, c’est un nouveau modèle, ces rames !» Je daignai atterrir pour prendre les oursons dans mes ailes. La chaleur de leurs mains et leur rire joyeux, quoi de mieux, pour me faire revenir sur terre. 


De retour chez moi, j’ai publié sur notre groupe la traduction de ce poème. Puis, je l’avais longtemps oublié avant qu’une connaissance de Facebook dont je fais grand cas m’envoie des photos et des vidéos de mouettes qu’il avait prises pendant ces vacances. J’en publie deux dans ce post avec son approbation. 


Enfin, ce soir-là, j’ai trouvé un autre poème, qui était à côté de La légende des hommes, très sympa aussi. Je republie sa traduction. 


La lettre d’amour d’un moulin à vent

- Jong Hong-geun

- Traduit par Shim So-jeong


Comme je ne sais quand tu viendras, 

Je reste toujours débout, éveillée.

Comme je ne sais quelle couleur te plaira le mieux, 

J’essaie des tas de vêtements. 

Pour qu’on chante ensemble quand tu seras là, 

Je m’entraîne à chanter le chant bleu du vent. 

Quand tu viendras, je danserai avec toi, 

En te serrant les mains, comme des papillons. 

J’aimerais tant que tu viennes

Aujourd’hui. ..


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