Une petite blague conjugale, ça vous dit ? Un jour, un général réputé pour sa vaillance convoqua tous ses officiers et ses soldats. Puis, il leur ordonna solennellement : « Les maris soumis à leurs épouses se rassembleront sous le drapeau rouge et ceux qui ne le sont pas, sous le drapeau bleu. »
Tout le monde se rua vers le drapeau rouge, sauf un seul soldat qui se dirigea vers le drapeau bleu. Le général le félicita : « Moi, je n’ai essuyé aucune défaite de ma vie à la tête des millions de soldats. Même lorsque des flèches et des pierres des ennemis pleuvaient sur ma tête, je n’ai jamais eu peur. Or, une fois à la maison, c’est toujours ma femme qui triomphe même lorsqu’elle a tort. Je la laisse faire par amour pour elle. Mais alors, comment tu arrives à ne pas craindre ton épouse ? »
« En fait, répondit le soldat en grattant la tête, je suis de côté-là, parce que ma femme me dit toujours de ne jamais rejoindre un groupe d’hommes composé de plus de trois personnes. Parce que selon elle, dans ce cas, les hommes ne parlent que de belles femmes et de leurs aventures. Ainsi, vous voyez pourquoi j’ai choisi ici. Il y a trop d’hommes là-bas! »
Le général se réjouit de cette réponse en se disant : « Dieu merci, il n’y a pas que moi, pauvre vieillard, qui craint tant son épouse ! »
Cette blague date du 15e siècle. L’auteur qui la relaya est un grand érudit et homme d’Etat, Seo Geo-jeong (서거정, 1420-1488). A mon tour, je l’ai découverte, dimanche, dans un livre trouvé dans la bibliothèque de mon quartier. Un recueil qui raconte la vie de 15 épouses de l’époque de Joseon. Je savais que les épouses de l’époque de Joseon, surtout avant le 17e, n’étaient pas si soumises qu’on ne le croit, mais cette anecdote m’a pourtant un peu surprise.
Sur les conditions de vie des femmes de Joseon : https://ours15.blogspot.com/2023/08/les-conditions-de-vie-des-femmes-de.html
Selon Seo, son épouse, la dame Kim, était une femme qui avait du caractère : elle ne mâchait pas ses mots et ne se garda point de s’emporter lorsqu’elle se sentait contrariée. Par exemple, lorsqu’elle découvrit que le portail de sa maison avait été endommagé par un passant, «elle devint tellement furieuse que même ses sourcils devinrent bleus. »
Dans un autre endroit, il se lamenta dans un de ses livres : « Que ma vie me paraît médiocre ! Pauvre de moi !
Car, lorsque mon épouse se met en colère, impuissant, je ne puis l’éviter ! »
Par ailleurs, dans une lettre de félicitation qu’il envoya à un ami qui venait de décrocher un poste clé à la Cour, il recommanda : « Je te l’ai déjà dit plusieurs fois. Ne t’inquiète pas parce que tu es hautement apprécié à la Cour. Mais n’oublie pas : même si tu es arrivé si haut, tu devras toujours essuyer les énervements imprévisibles de ta femme ! »
Cependant, au fond, Seo aima profondément sa femme et aima boire du makgeolli (vin de riz traditionnel. C’est l’alcool de ma prédilection) avec elle en tête-à-tête. Il fut souvent inspiré par ces moments conjugaux intimes et laissa plusieurs poèmes sur ce sujet. Je reviendrai bientôt sur cette histoire et la traduction de ses poèmes !
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