La hiérarchie des femmes du roi de Joseon


Dans le premier épisode de The Red Sleeve, l’héroïne Seong Deok-im, alors âgée de 11 ans, se vante de pouvoir devenir, un jour, une officière de la cour, la position la plus haut placée qu’un homme aristocrate qui n’a pas réussi le concours de fonctionnaires. Pourtant, la petite était d’une famille roturière et occupait, alors, un tout petit poste d’apprentie de bonne de la cour. 

Comment serait-ce possible ?

 En effet, tous les effectifs féminins du palais en charge des différentes tâches logistiques avaient un statut juridique défini par la loi. Et cette hiérarchie était divisée en 19 grades ! Comme pour les officiers hommes civils et militaires de l’État.


Les motifs de dragon et de phœnix, brodées dans les décorations en formes de cercle, n’étaient autorisés qu’à la reine, la reine-mère et la reine-grande-mère

La reine, la rein-mère (parfois la reine-grand-mère), la dauphine ainsi que les princesses régnaient au-dessus cet aréopage. Donc, pas de grade pour elles.

Et en haut de la pyramide se trouvait la catégorie des maîtresses attitrées. 8 grades s’y regroupaient. Le grade de « bin » arrive en tête, suivi par « gui-in 귀인», « so-eui 소의 », «sook-eui 숙의», « so-yong 소용 », etc. Seong Deok-im finit par décrocher le titre de « bin », après être promue au rang de « sang-goong » et à celui de «so-yong 소용». Une fois nommées comme telles, elles obtenaient le droit de rester dans le palais jusqu’à leur mort.

 

Hwa-bin de la famille noble de Yoon. Elle fut sélectionnée comme la reine et la première concubine du roi Jungjo ne donnait pas d'enfants. Mais finalement, elle emboîtera le pas à ses prédesseures.

Pour en faire partie, il y avait deux moyens : se faire sélectionner lors d’un concours organisé auprès des filles de familles nobles ou grimper les grades depuis le bas de l’échelle en obtenant les faveurs du roi. Naturellement il était plus difficile pour la seconde catégorie de grimper l’échelle hiérarchique. Afin de décrocher le brevet de bin, par exemple, il fallait que leur fils soit nommé comme héritier du trône.

Entre ce corps des concubines et celui de la force ouvrière se trouvait une catégorie de directrices communément désignées « sang-goongs (상궁) », divisées en quatre grades selon leurs fonctions et leur ancienneté.

La commandante en chef de la force ouvrière fénine de la cour, "jejo-sanggoong"

La commandante en chef de ces cadres s’appelait « jejo-sang-goong (제조상궁) ». Chargée de gérer toute la main d’œuvre féminine, dont le nombre s’élevait à entre 600 et 700, cette intendante du palais avait droit, entre autres, au salaire équivalent à celui d’un ministre, à un appartement confortable et à la table garnie de 12 banchans comme le roi et la reine !

Viennent ensuite les « naïnes »(나인). Celles qui avaient pour missions de prendre soin des membres de la famille royale à leur proximité (jimil지밀), de la couture (침방) et de la broderie (수방), elles étaient plus haut placées par rapport à celles qui s’occupent de la cuisine (소주방), de la lingerie (세답방) ou du bain (세수방).

Les apprenties des femmes officiers, entrées à la cour à l'âge de 7 à 10 ans, étaient nommées officiellement comme employées de la cour à l'âge adulte. Le palais organisait une cérémonie pour marquer cette évènement considéré comme le mariage symbolique avec le roi. C'est la tenue de cette cérémonie.


L’héroïne de The Red Sleeve est décrite une «jimil-naïne (지밀나인)» du roi Jeongjo, qui était amoureux d’elle à la folie depuis son adolescence! Mais dans les faits, elle était une jimil-naine de la mère de Jeongjo.

Enfin, en bas de l’échelle, se trouvent les apprenties qui entrent à la cour à l’âge de 7 à 10 ans. Et celles qui s’occuperont des trois fonctions les plus élevées, étaient appelées « saeng-gaksi(생각시) », ce qui est le cas de notre héroïne et de ses trois copines.


Ces officiers femmes de la cour touchaient un salaire équivalent à celui des officiers hommes issus de familles nobles, qui avaient réussi le concours des fonctionnaires. Mais il leur était fermement interdit d’avoir des liaisons avec les autres hommes que le roi, car elles étaient considérées comme épouses du souverain. Il fallait, par ailleurs, quitter la cour dès que leur patron (les membres de la famille royale ou les concubines) décédait.

Une vie qui n’était pas très enviée à une époque où l’on croyait que le bonheur des femmes résidait avant tout à fonder une famille et à avoir des enfants. Ainsi, elles étaient souvent recrutées auprès des familles appartenant à la classe inférieure. 

Pourtant, le niveau d’éducation de ces femmes était plus élevé que la moyenne, comme elles étaient formées à la cour dès leur plus jeune âge. Elles savaient lire et écrire le hangeul et les caractères chinois. Et comme elles étaient obligées d’écrire beaucoup de lettres à leur famille, elles ont également développé un style de calligraphie très élégante qu’on appelle « style d’écriture de la cour 궁서체».

L'écriture réelle de Seong Deok-im, devenue Eui-bin. Le 'bin' était le grade le plus élevé qu'une femme de la cour pouvait recevoir. Ce titre équivalait à peu près à celui de ministre. Seong Deok-im, entrée à la cour comme une simple "saenggaksi", ou apprentie de officier femme, a obtenu ce titre après que son fils était désigné comme dauphin du roi Jeongjo.

Comme on le voit dans l’une des photos, Seong Deok-im (Eui-bin de la famille Seong) se distinguait par sa belle écriture.

Pour en savoir plus, je vous recommande vivement de regarder The Red Sleeve. Ce drama historique, basé sur la réelle passion du roi Jeongjo pour une simple naïne Seong Deok-im, a reconstitué minutieusement la vie de ces femmes officiers de la cour.

Pour l’histoire vraie de The Red Sleeve : https://ours15.blogspot.com/2023/08/the-red-sleeve-verite-historique.html

 

 

 

 


Commentaires

  1. Merci, c'est passionnant ! 👍🐻
    Je vais de ce pas consulter votre lien au sujet de la vraie histoire "The red Sleeve!" 😉

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