« Chéri, demandai-je ce matin à mon mari, n’as-tu pas vu deux croissants que j’avais mis sur la table ? » Je les avais achetés hier soir avec des fraises pour fêter la rentrée des oursons ce matin. « Je les ai mangés hier soir. Mais j’ai fait de la soupe aux feuilles de navet et un plat de tofu pour le (petit-) déjeuner. », me répondit-il, toujours couché sous la couette avant de se rendormir vite.
Les petits furent terriblement déçus. Car ils adorent manger à la « continentale » le matin ! Je fais ce genre de (petit-) déjeuner temps en temps surtout quand je n’ai pas trop le temps, que je suis fatiguée ou simplement pour changer une peu des repas traditionnels composés d’un bol de riz, d’un bol de soupe et des petits plats (banchans).
Heureusement, j’avais deux corn dogs au fromage et à la saucisse au congélateur. Je les leur servis avec des fraises (papa Ours ne les avait pas mangées avec les croissants) en promettant : « Je vous offrirai des croissants demain matin. »
Les corn dogs, parlons-en. Tout au début de mes activités sur Facebook, c’est-à-dire en août 2021, je fus étonné de voir ce plat, que je considérais comme américain, revenir régulièrement sur des groupes coréanophiles. L’appellation « corn dog » m’était également inconnue. En Corée, on appelle cela « hot dog (핫도그) ».
Plus tard, dans la série « The Gentlemen » (2024), je vis un chef de bandits parler au duc de Halstead, le héros du drama, de sa nouvelle affaire de « Korean corn dog », en s’affirmant « addict à la k-pop ». Puis, on montre que ce chef et ses hommes forcent Sa Grâce à manger un corn dog coréen piquant, en vain. Ca me fit trop rire.
Et alors, comment ce met américain est entré dans la street food coréenne comme l’un des plus connus au monde ? Voici sa petite histoire.
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Ce sont des Allemands qui s’implantèrent au Texas aux Etats-Unis qui inventèrent les premiers ce plat vers 1920 : ils cherchèrent à vendre de longues saucisses qu’ils avaient importés de leur pays. Au début, ils n’eurent pas de succès et il devint urgent de les écouler avant la date d’expiration. Alors, ils ont fait une sorte de beignet avec ces saucisses, en les frisant dans l’huile. Ils baptisèrent ces beignets « corn dog » comme ils ressemblaient au maïs.
En Corée, c’est en 1971 que le premier corn dog apparut sous le nom de « Orion hot dog ». Pourquoi ‘hot dog’ ? Parce que la farine importée des Etats-Unis que le restaurateur utilisa portait le nom de « Hot dog flour » .
Il faut dire qu’à partir des années 1960, le gouvernement lança une campagne dite « Favoriser la consommation des plats à base de blé (혼분식장려운동) ». Parce que la production de riz n’arrivait pas à satisfaire la demande globale. Or, le prix de la farine de blé, autrefois plus rare, donc plus chère, connut une chute considérable grâce à l’arrivée massive de l’aide des Etats-Unis. C’est À ce moment-là par exemple que les premiers ramyeons furent lancés, subventionnés par l’Etat.
Le problème, c’est que dans les années 1970, aucune entreprise coréenne ne fabriquait des charcuteries. Ainsi, les vendeurs de corn dog utilisaient souvent des saucisses de poissons, beaucoup moins chères, ou bien ne mettaient qu’un quart de saucisse de francfort importée. Il y avait même des corn dog sans saucisse ! La pâte de ces beignets ressemblait à celle des pancakes saupoudrée, à la fin, de chapelure. On les proposait avec du ketchup, de la moutarde et du sucre, ce qui reste encore aujourd’hui les sauces de base des corn dogs coréens. Mais à l’époque, le corn dog restait un plat cher, qui coûtait autant qu’un bol de nouilles.
Mais dès le début des années '80, il est devenu un met plus accessible grâce à l’augmentation des revenus, d’une part, et le développement de l’industrie agroalimentaire, d’autre part. Le prix baissa considérablement car des entreprises coréennes commencèrent à fabriquer des charcuteries elles-mêmes ! Dans la foulée, en 1988, le groupe CJ lança le corn dog congelé que « l’on pourra cuire dans le cuiseur de riz ou dans le micro-onde ». C’était un corn dog classique, un beignet de saucisse fait avec de la pâte de pancake, mais là, sans chapelure. C’était le goûter préféré de mon enfance et de mon adolescence !
En parallèle, on assista à la naissance de différentes chaînes qui proposaient des corn dogs très variés, que ce soit pour les pâtes, les farces ou les sauces. On se mit à y mettre non seulement la farine de blé, mais aussi celle de riz ou de riz gluant, voire avec des petits morceaux de patate dans la pâte. Quant à la farce, de la mozarella, du gâteau de poisson, voire du chocolat. Pareil pour les sauces.
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