Poème : Vieille prière


« La routine est la prière du corps »… lorsque j’entendis cette citation il y a quelques jours dans une émission de radio, il était 19h30. Je venais de souper avec les oursons, de ranger et de nettoyer la cuisine. Je ne sais pourquoi mais cette phrase me fut d’une grande consolation et me rappela un poème lu par le même présentateur il y a deux ou trois ans. 

Aujourd’hui encore, je reprends la prière du corps. Les oursons arrivent bientôt et je prépare leur goûter. 

Une vieille prière – Lee Moon-jae (오래된 기도,이문재)

Fermer doucement les yeux
C’est déjà l’acte de prier. 
Envelopper la main droite par la main gauche, 
Ramener les deux mains jointes devant la poitrine, 
Murmurer le nom de quelqu’un sans rien dire, 
S’arrêter sur son chemin à la vue du coucher du soleil, 
Se rappeler le printemps passé à l’endroit où les fleurs sont tombées, 
C’est aussi l’acte de prier. 

Rien qu’en mâchant longuement de la nourriture, 
En allumant une bougie, 
En écoutant le bruit du vent qui traverse la forêt des pins, 
En marchant sans prendre de voiture, 
En comblant le vide entre les deux îles de nos yeux, 
En contemplant le côté obscur de la lune noire, 
Là-aussi, nous prions. 

Imaginer la source de ce fleuve qui se jette dans la mer au crépuscule, 
Regarder plus attentivement la chevelure d’une étoile filante, 
Accepter le fait qu’on n’est jamais seul, 
Reconnaître cette vérité banale selon laquelle 
Ma mort m’accompagne à chaque instant de ma vie, 
C’est prier. 

Lever les yeux vers le ciel, 
Et aspirer lentement l’air frais…

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