L’avènement de cette religion marqua un tournant décisif pour le développement des anciens royaumes de Corée, non seulement sur le plan spirituel mais aussi politique, diplomatique et culturel comme ce fut le cas de la transmission du christianisme en Europe qui eut lieu, par ailleurs, à peu près, à la même époque.
1. L’ère dite des « Trois royaumes » (4e siècle - 7e siècle)
En effet, c’était entre 4e et 6e siècle que cette religion fut diffusée dans les trois royaumes clés de Corée, Goguryeo, Baekjae et Shilla.
C’est d’abord le Cour de Goguryeo (고구려, 37 av.J-C – 668) qui occupait le nord de la péninsule coréenne et une grande partie de l’est de la Chine actuelle, qui l’adopta le premier en 372, suite à la visite d’un moine chinois qui apporta le canon et des statues bouddhiques.
12 ans plus tard, la Cour de Baekjae (백제, 18 av.J-C -660), qui contrôlait la partie sud-ouest de la péninsule lui emboîta le pas en accueillant chaleureusement du moine indien Maranta.
Au début du 4e siècle, le bouddhisme fut également introduit à Shilla(신라, 57 av.J.-C.-935), situé dans le sud-est, par un moine de Goguryeo. Mais la classe dirigeante du royaume se montra hostile contre cette nouvelle religion.
Et pour cause. Le royaume maintenait alors des relations houleuses avec Goguryeo et l’opposition des aristocrates qui s’attachaient aux religions locales à la religion importée était virulente. Ce n’est ainsi qu’en 527 que le roi Beobheung (법흥왕) put adopter le bouddhisme.
Sur la proposition de l’un de ses officiels, Lee Cha-don, le roi voulut construire un temple bouddhiste à l’endroit où se trouvait un sanctuaire dédiés aux différents dieux locaux. Cette idée provoqua la levée de boucliers de la part des nobles du pays qui demandèrent d’exécuter Lee Cha-don. D’après la légende, au moment où le bourreau trancha son cou, du sang blanc jaillit de son corps. Ce miracle finit par convertir les aristocrates hérétiques au bouddhisme.
Depuis, Shilla, à l’instar des deux autres royaumes, devint un protecteur ardant du bouddhisme. Comme le firent les rois de Goguryeo et Baekjae, les souverains de Shilla en profitèrent pour renforcer le pouvoir central du roi face aux seigneurs locaux qui exerçaient encore une grande influence dans leur contrée.
Le bouddhisme permit également à ces trois
pays d’échanger plus activement avec des pays étrangers notamment la Chine, le
Japon, voire l’Inde.
De nombreux ecclésiastiques coréens effectuèrent leur voyage en Chine et parfois en Inde, souvent avec le soutien de la Cour, pour apprendre le bouddhisme.
2. Shilla unifié (676-935) et Goryeo (918-1392)
En 676, Shilla réussit à unifier les trois royaumes dans la partie sud de la péninsule. Après l’unification, le royaume poursuit avec plus de ferveur sa politique pro-bouddhiste, en multipliant des échanges avec la Chine, l’Inde et le Japon, en construisant de magnifiques temples tels que Bulguksa que vous pouvez visiter à Shilla et en prodiguant d’importants privilèges aux ecclésiastiques.
En 935, la dynastie Goryeo, qui se revendiquait comme l’héritier de Goguryeo, devint le nouveau maître de la péninsule. Le nouveau royaume désigna lui aussi le bouddhisme comme religion de l’État et déploya autant de zèle que Shilla pour le promouvoir.
En particulier, Goryeo dut faire face à de nombreuses tentatives d’invasions des peuples nomades du nord, dont les Kithans, les Jurchens et à la fin, les Mongols. A chaque fois, le bouddhisme servit de point centralisateur qui rallia les Coréens qui y puisèrent la force pour combattre les ennemis.
Par exemple, lors de l’invasion des Khitans et des Mongols, la Cour fit fabriquer des plaques d’impression du canon bouddhiste en bois, le Tripitaka Koreana (팔만대장경) afin d’invoquer l’intervention de Bouddha pour repousser les ennemis. Elles sont classées comme patrimoine mondial de l’Unesco. Et pendant les guerres d’invasion de Mongoles (1231-1257), le moine Ilyeon écrit le livre d’histoire des trois royaumes, Samgukyusa (삼국유사), pour rappeler l’identité nationale au peuple coréen.
3. De Joseon (1392-1910) à nos jours
Mais le bouddhisme souffrit d’un coup
dur pendant la dynastie de Joseon (1392-1910), fondée sur l’idéal confucéen.
Cependant, bien que méprisé par la classe dirigeante, le bouddhisme resta proche du peuple en lui servant de rempart spirituel sur lequel il pouvait s’appuyer. Et avant l’arrivée au pouvoir du roi Seongjong (1457-1495), plusieurs souverains tels que Séjong le Grand, Séjo et leurs épouses étaient des bouddhistes fervents. La reine-mère Insoo, la mère de Seonjong, savaient même lire et écrire le sanskrit et elle traduisit en coréen plusieurs livres bouddhistes.
Par ailleurs, pendant la guerre d’invasion japonaise, les moines bouddhistes furent les premiers à prendre l’arme contre les envahisseurs et contribuèrent grandement à repousser les Japonais.
Pendant l’occupation japonaise (1910-1945) aussi, plusieurs dirigeants bouddhistes s’engagèrent dans la résistance. Ils organisèrent, par exemple, le mouvement indépendantiste du 1er mars en 1919 avec ceux du christianisme et de Cheondogyo, la religion nationaliste.
Aujourd’hui, comme pour d’autres religions, les jeunes désertent de plus en plus les temples bouddhistes mais le bouddhisme, qui accompagna les Coréens depuis si longtemps, est profondément ancré dans l’ensemble des domaines, dont la culture, les coutumes, les traditions, la langue, les pensées philosophiques, etc, au même titre que le confucianisme et le taoïsme.
Et les temples bouddhistes coréens,
souvent situés dans les montagnes, offrent un endroit parfait de repos non
seulement pour les Coréens mais aussi pour les étrangers. Si vous êtes
intéressés par « temple stay » : https://english.visitkorea.or.kr/enu/ATR/SI_ENG_2_6.jsp
Commentaires
Enregistrer un commentaire