Maman


« Venez vite, mes petits chéris. Maman a acheté des gâteaux pour vous. Maman vous attend.», lorsque le grand ourson m’appelle pour m’annoncer qu’il a attrapé Petit Ourson, je lui dis souvent ces phrases en coréen. Et quand je les ai mises, un jour, dans le traducteur coréen, cela a donné un tel résultat. La traduction exacte serait plutôt « J’ai acheté des gâteaux. Je vous attends. »

Mais pourquoi ? 



D’abord, les Coréens préfèrent utiliser des titres, que ce soient professionnels ou familiaux à la place des pronoms, notamment quand il s’agit des interlocuteurs ou des tierces personnes dont on parle. Par exemple, quand les élèves discutent avec leurs professeurs, les premiers mettront le mot professeur à la place de "vous". Idem, quand les premiers parleront de leurs profs, ils feront de même en mettant le titre à la place d’ « il, elle, le, la, lui ». 

Quand il s’agit de la première personne, on a tendance à supprimer carrément le sujet ainsi que les compléments direct et indirect. Hors contexte, on ne peut plus savoir de qui il s’agit, car en coréen, les verbes se conjuguent selon les interlocuteurs et non pas selon le sujet. C’est pour ça que je dis souvent que le coréen est une langue très relationnelle et contextuelle. Ce qui constitue l’une des plus grandes difficultés pour les Occidentaux qui apprennent notre langue. 


Or, les parents et les grands-parents mettent souvent « maman, papa, papy, mamie » à la place des pronoms de la première personne lorsqu’ils parlent avec leurs enfants et ce, non seulement quand il s’agit des enfants en bas âge, mais souvent jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte. Et même après, cette habitude revient de temps à autre, comme c’est le cas de mes parents. 

Et cette coutume me fait très chaud au cœur quand je parle avec les oursons. Le fait de prononcer plusieurs fois le mot « maman » à la place de « je » me rappelle, par ailleurs, que je suis bien mère. Car ça me paraît encore étrange qu’il y ait des êtres humains sortis de mon ventre et dont je dois bien m’occuper jusqu’à ce qu’ils ouvrent leurs ailes et quittent le nid familial. Je me sens parfois paniquée d’être chargée d’une si grande responsabilité. Pourrai-je bien assumer ce rôle ? Là, je parle avec les oursons et en m’attendant appeler « maman » et cela me redonne confiance. 

Je crois que mon mari doit sentir la même chose que moi.


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