Quel destin tragique, que celui de cette petite fille de Séjong le Grand et grande sœur du pauvre roi Danjong, assassiné par leur 2e oncle, le prince Sooyang (le roi Séjo) ! Son histoire est tout aussi poignante que celle de son royal petit-frère.
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Elle naquit en 1435 entre le roi Munjong et l’une de ses concubines, la dame Gwon, à l’époque où Munjong était encore prince héritier. Or, aux alentours de ce moment-là, Séjong souffrait d’un grand casse-tête : les comportements bizarres des dauphines successives. Il s’agissait de la 2e épouse du prince héritier : la première avait été répudiée car elle se livra à des magies noires pour obtenir l’amour de son mari indifférent à elle. Sa successeur avait l’air bien correcte dans un premier temps. Cependant, le dauphin garda de la distance avec elle aussi. Ainsi délaissée, elle prit des maîtresses chez ses servantes homosexuelles. Cette pratique était répandue chez ces dernières car elles étaient censées être mariées au monarque dès le moment où elles rejoignaient la cours.
Deux ans plus tard, après avoir obtenu des preuves et des témoignages des acteurs (plutôt des actrices) concernés, il mit à la porte sa seconde épouse. Et au lieu d’organiser de nouveau un concours (A l’époque de Joseon, on choisissait les époux des membres de la famille royale par un concours. Je reviendrai sur ce sujet avec une anecdote craquante concernant Yi Bang-won, le roi Taejong) Séjong choisis la dame Gwon. A ce moment-là, Munjong avait trois concubines imposées par ses parents pour assurer la descendance comme il n’avait pas eu d’enfants avec ses deux autres femmes. Le dauphin aurait voulu choisir une autre maîtresse mais Séjong insistait parce qu’elle était la seule à avoir donné un enfant en bonne santé à son aîné. Cet enfant, c’est notre héroïne du jour : la princesse Gyeonghae. On pourrait dire, ainsi, que c’est grâce à sa fille que la dame Gwon devint la dauphine.
Séjong et Munjong idolâtraient la petite princesse. Quatre plus tard, la nouvelle princesse accoucha enfin d’un garçon, le futur roi Danjong. Liesse totale dans le pays ! Cependant, le tribut à payer fut trop lourd : la dauphine s’éteignit quelques jours après. Je n’ose même pas imaginer le choc que la princesse aura dû subir. A six ans, on se souvient, on a besoin de la mère ! Une jeune concubine de Séjong prit en charge de Gyeonghyeo et le nouveau-né et Séjong et son fils redoublaient d’attention pour que ces deux orphelins de mère ne manquassent de rien. Grâce à leurs efforts, ils purent bien grandir.
Lorsque la princesse atteignit l’âge de 16 ans, papy et papa mobilisèrent tous les moyens pour lui donner un mari parfait. L’élu était Jeong Jong, issu de l’une des familles les plus illustres de Joseon qui avait déjà épousé deux membres de leur famille à princes et princesses de sang. Un mois plus tard, Séjong décéda et Munjong accéda au trône. Il ordonna de raser 30 maisons situées aux alentours du palais, pour y construire la nouvelle demeure pour sa fille bien aimée, et ce, malgré la protestation vive de ses officielles. Les nouveaux mariés y vécurent heureux comme prince et princesse DE contes de fées. Hélas, deux ans plus tard, Munjong suivit son père dans l’éternité et Danjong lui succéda à l’âge de 12 ans.
Si seulement Munjong s’était remarié après le décès de son épouse… cette nouvelle reine aurait pu protéger le jeune roi en tant que régente. Au lieu de quoi, le défunt roi confia la régence de facto à l’un des ministres préférés, Kim Jong-seo. Or, le 2e des huit princes légitimes de Séjong, le prince Sooyang, lorgnait sur le trône depuis longtemps. Kim Jong-seo en était pleinement conscient et il fit tout pour écarter Monsieur des affaires d’Etat. Ce que le prince ambitieux prit très très mal, bien entendu.
Danjong, se sentant terriblement isolé au palais, il se plaisait à passer des jours et des jours auprès de sa grande-sœur. Pour lui, qui n’avait PAS connu sa mère, cette fille de Joseon était comme une mère. Le problème, c’est que la demeure de la princesse royale était nettement moins bien défendue que le palais. Monsieur exploita cette faille pour tenter un coup d’Etat. Pendant que le monarque restait chez la princesse, il tua Kim Jong-seo, son rival politique mortel, et se précipita avec des soldats dans la maison de Gyeonghae. Paniqué, la première phrase que le pauvre garçon balbutia fut: « Tonton, tonton, ne me tuez pas, s’il vous plaît. Faites tout ce que vous voulez mais ne me tuez pas. » Monsieur lui répondit : « Sire, je n’ai aucune intention de vous nuire. Tout ce que je vous demande, c’est d’approuver l’exécution de ce rebelle Kim Jong-seon. » Ce que fit le roi tout de suite.
Pour la princesse, c’était une humiliation totale de voir fouler par les sales pieds des rebelles sa demeure que son père avait fait bâtir avec autant d’amour et de voir son petit-frère s’abaisser autant devant leur tonton.
Peu de temps après, Monsieur obligea son neveu de lui céder le trône. L’usurpateur devint ainsi le roi Séjo. Il fit tout de suite arrêter le mari bien aimé de sa nièce sous prétexte qu’il aurait monté un complot contre lui en complicité avec l’un de ses frères légitimes, le prince Geumsan. En guise de protestation, la princesse fit semblant d’être tombée malade en prétendant qu’elle mourrait si Séjo ne lui rendait pas son mari. Pour ménager l’opinion publique, très hostile pour son coup d’Etat, Séjo exauça son veux. Dès le retour de son mari, la princesse ne fut plus malade.
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