Dol : fête du 1er anniversaire en Corée


Chaque année, à l’approche des anniversaires de mes oursons, je les prépare avec recueillement et prière. Car il s’agit d’un moment émouvant qui nous permet de nous retourner sur ces années passées où l’on a vu grandir, tantôt avec joie, tantôt avec angoisse, nos chers petits ! 

Mais lors du premier anniversaire de mon aîné, je n’ai pas trop eu le temps de me laisser attendrir sur le fait qu’on ait passé ensemble quatre saisons ensemble dans un chaos total. Car il fallait organiser la grande fête du premier anniversaire du grand ourson, qui réunirait les deux familles de notre couple. 

En effet, en Corée, on a pour tradition de fêter en grand pompe, depuis au moins l’époque de la dynastie de Joseon (1392-1910), le premier anniversaire des enfants. On l’appelle dol (돌) pour le distinguer des autres. 

Pour les bébés, on prépare un beau hanbok et une table garnie de différents mets et d’objets symboliques destinés à souhaiter la longévité et la prospérité comme les cadeaux des fées de la Belle au bois dormant. 

Comme plat, on met de la soupe d’algue (미역국 myeokguk), met incontournable pour les anniversaires, du riz blanc et des légumes verts à feuilles, tels que le minari (persil chinois) ou les épinards, des nouilles, etc. 

Le myeokguk rappelle la souffrance que la mère a endurée pendant l’accouchement car les Coréennes en mangent pendant presque un mois après leur délibération. 

On met du riz en grande quantité pour souhaiter que l’enfant puisse trouver abondamment de quoi manger toute sa vie. Les légumes verts à feuille signifient la nouvelle génération ainsi que la bonne santé et les nouilles, la longévité. Ainsi, on ne coupe ni les légumes ni les nouilles. 

Comme gâteaux de riz, tteok (떡), on prépare du balseolki (백설기), tteok tout blanc fait seulement avec du riz et du songpyeong (송편), tteok farcie de pâte de soja sucré ou de sésames confits au miel. On ajoute parfois aussi des tteoks en forme de boule et couverts d’haricots rouges cuits (수수경단). 

Le premier symbolise l’innocence de l’enfant et le deuxième, la prospérité comme il a une forme qui rappelle un ventre rond. Le troisième est considéré comme susceptible de chasser des mauvais esprits en raison de sa couleur rouge. 

On y retrouve également des fruits de la saison de différentes couleurs et des jujubes séchés pour souhaiter que l’enfant ait beaucoup de descendants. 

Quant aux objets, on met un livre, un pinceau, un livre, un écheveau de fil en coton, de l’argent, un arc pour les garçons et une règle pour les filles. Ils représentent, respectivement, le savoir, l’intelligence, la longévité, la prospérité et la bravoure pour les garçons et l’habileté en la couture pour les filles.

La table doit être ronde, non pas rectangulaire, pour que le bébé ne se fait pas blesser. 

Au cours du banquet, on fait en choisir un au bébé pour deviner le métier qu’il exercera dans l’avenir. Cette petite cérémonie s’appelle doljabi (돌잡이). S’il prend le livre ou le pinceau, il deviendra un intellectuel,  l’argent, riche, ou l’arc, un militaire. 

Aujourd’hui, on y ajoute un petit bâton de juge, un ballon, un stéthoscope, une médaille ronde jadis portée par hauts fonctionnaires d’État. 



A la fin du repas, on distribue des tteoks aux invités. Ces derniers offrent à leur tour des cadeaux au petit. S’il s’agit de très proches parents, comme les oncles, les tantes ou les grands-parents, ils offrent souvent une bague en or (dolbanji). 

Voilà pour la tradition relative à la fête du premier anniversaire, ou donjanchi 
(돌잔치)

Maintenant je voudrais vous esquisser rapidement l’évolution de cette fête au fil du temps. 

Jusqu’au début des années 1980, on l’organisait  chez soi en invitant les membres proches des familles des deux parents et parfois des amis aussi. Les mères préparaient elles-même tous les repas pour les invités comme autrefois. 

Puis, on s’est mis d’abord à recourir aux traiteurs pour ensuite opter carrément pour un restaurant dans les années 1990. 

Dans les années 2000, le doljanchi en grande pompe est devenu très à la mode. On invitait non seulement les membres des familles des deux parents mais aussi des amis voire des collègues plus ou moins proches. 

Mais à partir des années 2010, de plus en plus de familles préfèrent de nouveau n’inviter que leurs plus proches. 

Parallèlement à cette externalisation de l’organisation du banquet, de nombreuses boîtes de location des objets de décorations ont également vu le jour. Elles louent des paravents, des tables rondes, des banderoles, des ballons et compagnie et, parfois, les installent dans la salle de fête. Beaucoup de jeunes parents d’aujourd’hui optent pour une décoration moitié moderne, moitié traditionnelle. 

Les studios de photos en profitent eux aussi pour proposer la séance de photo dans les studios ou dans les palais royaux, parfois en coopération avec les fabricants de hanbok qui louent les tenues aux parents et aux enfants. Comme pour le mariage, on prend plusieurs photos pour ensuite faire un album. 

Enfin, à partir du deuxième enfant, on se contente souvent d’une cérémonie beaucoup plus simplifiée. S’il a le même sexe que son aîné, il reprendra le hanbok que son aîné a porté. Et souvent on n’invite que les grands-parents du petit pour un repas en famille. 

Même avec des tables plus sobres et avec un nombre d'invités moins important, tout le monde est heureux que le petit ait atteint sain et sauf un an et on lui souhaite de tout coeur une longue vie pleine de bonheur !

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