« Comme je te l’ai expliqué, ma fille, il y deux courants différents dans la danse traditionnelle coréenne, royal et populaire. Or, cette danse, chorégraphiée par le grand-père de ma prof de danse, mélange ces deux genres.
Habillée d’un costume de reine, on danse, d’abord, sur un rythme lent et une mélodie élégante qui s’apparente à la danse royale. Puis, au milieu, on danse sur le jeu des instruments de percussion, donc, pas de mélodie.
Cette partie est inspirée par la danse des shamanes. La reine entre, en quelque sorte, en transe, afin de souhaiter la paix et la prospérité pour ses sujets. Mais le mouvement de la danseuse reste élégant. C’est surtout les mouvements de pieds qu’il faut regarder dans cette partie-là»
Après avoir arrêté sa carrière de danseuse traditionnelle après son mariage, ma mère a néanmoins continué de danser de temps à autre comme bénévole.
Comme elle pratiquait l’art coréen du thé, c’était souvent dans le cadre des évènements culturels organisés par son association de thé qu’elle dansait.
Elle a dansé, par exemple, la danse des moines, au grand plaisir des responsables de temples bouddhistes qui organisent régulièrement des cérémonies du thé en coopération avec l’association de ma mère.
Et ce jour-là, elle a dansé dans le palais royal de Gyeongbok. Un très beau jour de septembre en 2002. Elle avait 53 ans. Moi aussi, j’y était présente et j’ai été émerveillée par la danse de ma mère.
Elle est toute petite, elle mesure 155 cm à peine. Cependant il me semblait elle remplissait de son charme cette vaste cour du plus grand palais royal de la dynastie de Joseon (1392-1910).
Faute de disposer d’une vidéo de cette performance (hélas!), je me permets de partager avec vous quelques photos de cette performance.
Et je partage aussi ce lien de YouTube. La danseuse n’est pas ma mère, mais vous pourrez apprécier la beauté de cette danse : https://youtu.be/9Uv3XZNYyNY
Notes :
Le grand-père de la prof de danse de ma mère est Han Song-jun (1874-1942). Un grand homme qui a chorégraphié un bon nombre de danses traditionnelles populaires à partir de ses recherches menées auprès des danseurs populaires, des kisaengs, des agriculteurs ou des shamans.
Il a ainsi su préserver différentes danses populaires en fixant des chorégraphies précises et des musiques pour chaque danse.
Sa petite-fille, Han Yeong-sook (1920-1989), était la prof de ma mère. L’une des plus grandes danseuses de la Corée, elle a été désignée comme patrimoine culturel humain par le gouvernement sud-coréen.
Elle a encore développé les danses qu’elle a apprise de son grand-père. Ainsi aujourd’hui, plusieurs de ces danses réinterprétées par elle sont classées comme patrimoine immatériel.
Dans la vidéo, la danseuse danse sa version de la danse de la paix.
Han Yeong-sook était aussi l’une des fondateurs de l’Ecole d’art traditionnel, aujourd’hui devenu National Highschool of Krean Tradtionnal Art.
Pour en savoir plus sur ce lycée :
https://ours15.blogspot.com/2023/10/national-highschool-of-krean.html
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